Comme d’habitude, nous donnons ici un rappel historique de l’évolution des chiffres ainsi qu’une tentative de prévision sur les quatre prochaines semaines.
Toutes les données sont quotidiennement mises à jour auprès de sites du Ministère de la Santé[i]. Même si des voix autorisées les ont accusées de ne pas refléter la réalité, ce sont les seules données dont nous disposons.
La Figure 1 permet d’apprécier l’évolution globale de la situation :
- le tableau figurant en haut de la Figure 1 résume les chiffres atteints à la fin de la semaine finissant le 30/05/2021,
- les deux graphiques figurant en bas de la même Figure 1 montrent l’évolution historique segmentée des confirmés dont les décédés, les rétablis et les actifs : quantités et pourcentages.
Figure 1 Tableau récapitulatif de la situation en fin de semaine et évolution segmentée des porteurs confirmés
Même si le taux de progression était passé au dessous de l’unité depuis le 17/04, il est remonté en flèche vendredi 21/05 au point de repasser au-dessus de l’unité et, concomitamment, le taux de positivité hebdomadaire des tests était monté de 2.53 à 3.20% puis à 3.59%. Mais avant même que l’effet des mesures d’assouplissement post-Ramadan ne se fasse sentir, l’épidémie semblait vouloir recommencer à progresser. Toutefois il semble de plus en plus que c’est la décroissance à 2.53% qui était circonstancielle car, après avoir fortement fléchi durant les 5 semaines qui ont encadré le mois de Ramadan, le nombre de tests a substantiellement et brutalement augmenté, ce qui entache d’une forte suspicion toute finesse du commentaire des chiffres de cette période.
DÉPISTAGES ET CONTAMINATIONS HEBDOMADAIRES
- Le taux de positivité hebdomadaire a augmenté très lentement, mais de façon continue depuis la semaine finissant le 07/03 (de 3.62% le 07/03 à 6.47% le 25/04) puis il a subi une chute rapide à 2.53% durant les 3 semaines qui ont suivi. Tendanciellement, il n’est pas impossible que cette chute à 2.53% durant la semaine dernière finissant le 16/05 (Figure 2 à gauche) ne soit qu’une fluctuation circonstancielle. En tous cas, nos simulations l’ont considérée comme telle et indiquent que la descente du taux de positivité hebdomadaire devrait continuer vers 1.15% dans quatre semaines.
Figure 2 Evolution du taux de positivité (gauche), des tests (droite) et des contaminations (bas) hebdomadaires
- Si les tests de dépistage continuent à évoluer au rythme actuel, comme indiqué sur Figure 2 à droite, et si, malgré nos réserves, l’on accepte les prévisions de taux de positivité (Figure 2 à gauche), le nombre de contaminations détectées devrait descendre vers 708 hebdomadaires dans 4 semaines, comme montré dans le graphique du bas de la Figure 2.
DÉCÈS ET GUÉRISONS HEBDOMADAIRES
- Après une fluctuation des décès hebdomadaires entre 52 et 45, leur nombre est en baisse et nos simulations prédisent qu’ils devraient pouvoir décroître à 6 dans quatre semaines, comme indiqué dans le graphique de gauche de la Figure 4.
- Le nombre de guérisons a baissé tendanciellement depuis mi-avril et nos simulations actuelles montrent qu’il devrait continuer sa baisse vers 858 guérisons hebdomadaires dans quatre semaines, comme indiqué dans le graphique de droite de la Figure 4.
Figure 3 Evolution des décès (gauche) et des guérisons (droite) hebdomadaires
NOMBRE DE CAS ACTIFS ET SA VARIATION HEBDOMADAIRE
- Des simulations montrées ci-dessus (de contaminés, de guéris et de décès), se déduisent nos prévisions du nombre de cas actifs qui montrent une baisse vers 2’174 hebdomadaires dans quatre semaines (Figure 4 à gauche).
Figure 4 Evolution des cas actifs en fin de semaine (droite) ainsi que de leur variation hebdomadaire (gauche)
TAUX DE PROGRESSION
- Après que la limite basse de l’intervalle de confiance à 98% du taux de progression de l’épidémie calculé sur 7 jours (Figure 5) soit restée au dessus de l’unité pendant 45 jours du mercredi 04 mars au vendredi 16 avril, et après que la limite basse de son intervalle de confiance à 98% soit repassée en dessous de l’unité depuis samedi 17 avril, l’épidémie a de nouveau progressé pendant 9 jours et semble maintenant vouloir de nouveau régresser depuis ce dimanche le 30 mai. La montée très brutale et la descente non moins brutale qui s’en est suivie semble plus relever de fluctuations passagères.
Figure 5 Evolution du taux de progression national de l’épidémie (gauche) et du nombre de Provinces où il est <1 (droite)
- Depuis la fin de la première décade d’avril, le nombre de Provinces où l’épidémie régresse (taux de progression provincial en dessous de l’unité) a montré une nette tendance à s’approcher de 75 (nombre total de Provinces). Bien que ceci semblait un sérieux indicateur de ralentissement de la circulation du virus, le nombre de Provinces où l’indicateur de progression du virus est tombé brutalement en cette fin de semaine mais la vitesse de la descente est trop violente pour être anormale et est sans doute due à la substantielle reprise des tests après le mois de Ramadan.
INCIDENCE ET SA RÉPARTITION TERRITORIALE
- Avec une moyenne nationale encore montée à 14’381 cas détectés par million d’habitants au 23/05 (soit 1.4439% de la population), on trouve au Maroc tous les impacts intermédiaires entre celui des Provinces de Casablanca, la plus impactée avec 4.5585% de la population préfectorale (qui a pris la place de Oued-Ed-Dahab depuis le 26/11), et celui de Moulay Yaacoub, la moins impactée à 0.1425% de la population provinciale (Figure 6). L’insert de la Figure 6 montre que les deux Régions les plus impactées sont celles de Dakhla-Oued Ed-Dahab (avec 3.0336% de la population infectée) et de Casablanca-Settat (avec 2.8826% de la population infectée) alors que la moins impactée est celle de Fès-Meknès (avec 0.47% de la population infectée).
Figure 6 Répartition géographique de l’incidence provinciale
- Au niveau provincial, la Figure 7 montre les cartes de la répartition géographique des contaminations par million d’habitants : incidence totale dans le graphique de gauche et sa variation durant la dernière semaine dans le graphique de droite. La localisation de l’incidence des 7 derniers jours est beaucoup plus marquée que celle de l’incidence totale. D’ailleurs la carte de droite montre clairement qu’il y deux zones rouges où l’incidence change encore rapidement : il s’agit d’une zone Sud Atlantique entre les Provinces de Oued-Eddahab et de Tarfaya ainsi qu’une zone Centre Atlantique entre les Provinces de Mohammedia et de Nouaceur, forcément plus dangereuse car plus peuplée.
Figure 7 Carte de répartition géographique de l’incidence provinciale et sa variation durant la dernière semaine
VACCINATION
- La Figure 8 montre l’évolution du nombre de vaccinations hebdomadaires (échelle en rouge de gauche) et cumulées (échelle bleue de droite). Après avoir atteint le nouveau record de près 1,5 millions la semaine finissant le 23/05, l’organisation existante confirme sa capacité à dépasser le million de nouveaux vaccinés hebdomadaires mais il nous semble impossible d’y ajouter aucune quelconque prévision car elle n’est, pour l’instant, limitée que par l’approvisionnement en doses pour lequel il n’y a encore aucune visibilité claire, comme pour presque tous les pays du monde.
Par Amin BENNOUNA, sindibad@uca.ac.ma
[1] Ministère de la Santé, Portail Officiel du Coronavirus au Maroc, Bulletins COVID quotidiens http://www.covidmaroc.ma/Pages/AccueilAR.aspx,
Conférences de Presse Quotidiennes, https://web.facebook.com/ministere.sante.ma/videos/589852328286641 et Rapports quotidiens depuis l’arrêt de celles-ci http://www.covidmaroc.ma/Pages/LESINFOAR.aspx