Les foyers du Coronavirus se multiplient partout dans le monde, le Maroc n’étant pas exclu. Depuis le déclenchement du premier cas, on constate une annulation d’aussi importants évènements, un ralentissement de l’activité et une chute du Masi, principal baromètre de la bourse de Casablanca. Les opérateurs économiques sont-ils assez couverts face à ce type de risques ?
La mondialisation de l’épidémie du Coronavirus a fait bouger tous les curseurs à telle enseigne que l’on se demande si 2020 n’est pas une année de crise internationale. Au moment où tous les espoirs ont été permis avec la fin du Brexit et l’ébauche d’une réconciliation entre les Etats-Unis et la Chine, le Covid-19 vient bouleverser les pronostics même les plus pessimistes.
L’onde de choc
Après la chute spectaculaire des bourses internationales du fait de l’anticipation des investisseurs (baisse de 10% en deux semaines de la bourse de Shangai), le cours du Baril a chuté en 15 jours de 17%. En cause, la Chine 2éme consommateur au monde a réduit drastiquement sa consommation. Elle est aussi le premier importateur. Dans ce cas de figure, les marchés anticipent une baisse de la demande de pétrole et, du coup, les cours du Brent empruntent un trend baissier. Les cours vont-ils continuer à chuter ? Cela dépend du degré de propagation de l’épidémie et de la période que risque de prendre le ralentissement économique dans l’atelier du monde. Un ralentissement qui, par effet domino, touche des secteurs stratégiques où la demande externe joue un rôle déterminant. D’où l’importance de l’assurance pour limiter les dégâts dans un contexte empreint de morosité.
Avant de s’interroger sur les couvertures existantes, il est important de définir les types de dommages économiques résultant de Covid-19 : un choc de commerce et de production notamment à l’exportation, un choc financier, avec la chute brutale des bourses internationales, un choc de consommation, avec les mesures drastiques de confinement qui mettent l’activité économique quasiment à l’arrêt. Bien que les pouvoirs publics ne cessent de rassurer, lesdits chocs concernent également notre économie.
Quid des assurances ?
Pour ce type de risques, il existe trois types de couvertures : l’assurance-annulation, l’assurance-pertes d’exploitation et l’assurance-crédit, mais à condition que le contrat ait été souscrit avant la reconnaissance de la pandémie.
Au Maroc, il est utile de rappeler que depuis le déclenchement du premier cas de Corona, des évènements importants ont été annulés. Interrogé sur la souscription à l’assurance-annulation, un assureur nous explique que ce type de contrat se distingue par ses spécificités. Il est spécial et cher, ce qui dissuade les opérateurs économiques à y souscrire. Ils préfèrent courir le risque plutôt que de se couvrir contre un risque qui pourrait ne pas survenir. Et d’ajouter : « Ils peuvent le faire aujourd’hui mais la prime est encore plus salée à cause de la constatation du risque ».
L’assurance-crédit et l’assurance-pertes d’exploitation, de par leur caractère non obligatoire, ne sont pas non plus souscrites automatiquement par les opérateurs économiques, notamment les PME et TPE qui souffrent cruellement d’un problème de trésorerie. Ce sont les Grandes Entreprises qui y souscrivent le plus souvent. Or, si on part du fait que le tissu économique est composé à hauteur de 95% de PME-TPE, il ne faut pas être clerc pour imaginer les retombées.
Aussi, l’on retrouve également dans la police assurance Santé contractée par l’entreprise, un volet afférent à l’épidémie. Mais encore faut-il rappeler que les entreprises n’y souscrivent pas automatiquement pour des raisons de coût. Elles se limitent aux polices d’assurance traditionnelles en matière de santé. Cela n’augure rien de bon si la pandémie résiste avec tous ses effets dévastateurs.
Notre source rassure qu’actuellement l’impact direct de la pandémie n’est pas important notamment en ce qui concerne les coûts hospitaliers (Deux cas valeur aujourd’hui). Mais l’impact indirect pourrait s’avérer plus important à cause justement des annulations, du ralentissement économique et de la chute de la bourse qui s’est traduite par une baisse du Masi. L’indice vedette du marché a dévissé de 3,05% à 11.474,03 points vendredi. Le baromètre des valeurs les plus liquides a de son côté cédé 3,12% à 9.345,96 points. Et même ce lundi la dégringolade continue avec une baisse vertigineuse de plus de 5%. Un vent de panique fait vaciller la bourse au moment où nous mettions en ligne.
S’il y a enseignement à tirer en la matière, c’est que de prime abord, il faut sensibiliser essentiellement les PME-TPE à souscrire à ces polices d’assurance faute de quoi elles pourraient y laisser des plumes. Aussi, est-il important d’élargir l’éventail des couvertures d’assurance pour se prémunir contre ce genre de risques. Avec la mondialisation, nous ne pouvons que nous attendre à la résurgence de risques de pandémie, de cybercriminalité…
Si en 2020, le cyber incident s’érige en premier rang du Baromètre des risques, comme annoncé par l’économiste Ludovic Subran, la pandémie pourrait le détrôner en 2021.
Encadré : Les trois types d’assurance
La garantie d’annulation d’évènements couvre les organisateurs, mais à condition que le contrat ait été souscrit avant la reconnaissance du coronavirus comme épidémie par l’OMS, le 30 janvier, et si l’épidémie est associée à une décision administrative d’annuler l’événement. En revanche si un organisateur décide l’annulation de son propre chef par peur du coronavirus, il ne pourra faire appel à son assureur.
L’assurance-perte d’exploitation couvre pour sa part les entreprises qui doivent faire face à une baisse d’activité, avec des conséquences financières importantes. Elle permet d’absorber la diminution du chiffre d’affaires et de couvrir les frais généraux.
L’assurance-crédit assure quant à elle, l’entreprise contre le risque de défaut de paiement de ses clients. Elle peut être souscrite à tout moment, mais elle est basée sur le principe de prévention, c’est-à-dire que les garanties évoluent avec la solvabilité des clients.