Ecrit par L.Boumahrou I
La 15e édition du Forum international MEDays, qui se tient du 15 au 18 novembre, a été l’occasion de relever le rôle des caisses de dépôt et de gestion dans le développement économique des pays africains et dans le financement des projets d’infrastructures ô combien nécessaires pour le continent.
Quand l’Afrique volera-t-elle de ses propres ailes ? C’est la question qui s’invite à chaque débat et rencontre. Et pour cause, le continent noir dispose de tous les ingrédients pour assurer son propre envol. Et pourtant le continent est encore à la traîne en matière de développement socioéconomique. Des prérequis sont donc impératifs pour que l’Afrique puisse occuper la place qui lui convient dans l’échiquier international.
En effet, aujourd’hui malgré les richesses du continent, le niveau de développement reste en deçà du potentiel.
Les pays africains ont un énorme besoin de développer leurs économies et leurs infrastructures. Un développement qui requiert des financements importants comme l’a souligné Martin Ziguélé, ancien premier ministre de la Centrafrique lors d’une conférence sous le thème « Fonds de richesse et de retraite africains : renforcer le développement durable et la croissance sur le continent » en marge du forum MEDays qui se tient à Tanger du 15 au 18 novembre.
« Les économies africaines ont besoin de grands moyens financiers pour le développement des infrastructures. Il y a 3 ans, la Banque mondiale avait estimé les besoins en infrastructures de développement en Afrique à 93 milliards de dollars par an. Des estimations qui certainement ont augmenté en raison des événements survenus ces dernières années », a-t-il précisé.
Le constat est là. Aujourd’hui, ce qu’il faut changer c’est la manière de faire les choses. « Les pays africains doivent mettre davantage l’accent sur les efforts endogènes pour maitriser les sources de financement du développement », a tenu à préciser l’ancien premier ministre.
Parmi les mécanismes et les outils qui peuvent aider les Etats africains à financer lesdits projets les caisses de dépôts et de gestion.
« Les caisses de dépôts et de gestion sont le chemin vers lequel les pays africains doivent tendre. Car les besoins sont énormes mais les ressources restent à construire et à chercher », a précisé Martin Ziguélé.
Le Maroc figure parmi les 9 pays africains disposant d’une caisse de dépôt et de gestion la CDG. Intervenant à ce panel, Khalid Safir a affirmé que le choix de créer une caisse de dépôt et de gestion par un pays repose sur 2 principaux impératifs.
« Le premier impératif consiste à mettre en place un cadre qui assure pour certains pays des fonds et des ressources particulières, des exigences d’exigibilité et de liquidité ainsi qu’une bonne gestion et une bonne rémunération », a-t-il souligné.
Quant au 2ème impératif, K. Safir a précisé que ces caisses collectent et mettent à la disposition des économies nationales des ressources de long terme pour le financement de projets d’infrastructures ou de politiques économiques avec 3 caractéristiques : des ressources locales (pas de risque de change), des ressources de long terme (rares et difficiles à trouver) et enfin des ressources dont le coût et le prix ne sont pas spéculatifs.
Son homologue de la Côte d’Ivoire, Lassina Fofana, Directeur général de la Caisse des Dépôts et Consignations de Côte d’Ivoire (créée en 2018), a affirmé de son côté les caisses les plus anciennes ont montré leur résilience et leur contribution au financement de l’économie.
« Après un benchmark, nous avons estimé qu’il était important de se doter d’une caisse de dépôt pour mobiliser des ressources additionnelles (généralement très longues maturités) mais surtout domestiques pour éviter l’endettement extérieur », a-t-il souligné.
La création de cette caisse a également était motivée par les orientations de l’Agenda 2063 de l’Union européenne qui a invité les états africains à mobiliser davantage de ressources, surtout internes, pour financer les besoins d’infrastructure.
Les Caisses permettent d’une part de mobiliser, de sécuriser et de transformer ces ressources et d’autre part de contribuer au financement de l’économie à travers des investissements structurants d’intérêt général et alignés sur les politiques publiques.