La centrale de Tahhadart, objet de la cession, présente des chiffres financiers globalement positifs. Toutefois, l’opération de privatisation ne serait pas exempte d’incidences.
La société marocaine Energie Electrique de Tahaddart (EET) serait le deuxième bijou de famille que va céder l’Etat pour subvenir à ses besoins dans un contexte marqué par la raréfaction des ressources. A rappeler que EET a été créée pour financer, construire et exploiter la Centrale à cycle combiné de Tahaddart, mise en service en 2005. A ce titre, elle bénéficie d’un droit de jouissance d’une durée de 20 ans durant laquelle toute la puissance et toute l’énergie produite par la Centrale sont enlevées par l’ONEE (à l’horizon 2025).
Elle produit 10% de l’électricité du pays et est considérée comme étant la première entreprise du nord du Maroc. Dans son tour de table, on y trouve l’ONEE à hauteur de 48%, suivi par ENDESA de 32% et de Siemens de 20%. L’opération de cession porterait ainsi sur les 48 % détenus par l’ONEE. Si la privatisation se confirme, elle va s’opérer conformément à l’article 1 de la loi 39-89 autorisant le transfert des entreprises publiques au secteur privé qui stipule : «… sera transféré du secteur public au secteur privé :
- La propriété des participations détenues dans les sociétés, figurant au tableau 1 annexé à la présente loi, par L’État, les établissements publics, les sociétés dont le capital est détenu en totalité par L’État ou les sociétés concessionnaires des services publics ; … ».
Contrairement à l’hôtel La Mamounia autre bijou de l’Etat sur la sellette qui étale une situation financière très délicate, la centrale de Tahhadart présente des chiffres financiers globalement positifs. En effet, le résultat net s’est établi à 204.483.896,68 DH en 2016 contre 191.136.597,95 DH à fin 2015. Les capitaux propres se sont chiffrés à 1.042.863.889,93 DH en 2016 contre 1.016.576.597,85 DH en 2015. Aussi, le chiffre d’affaires a-t-il progressé à 605.579.727,29 DH en 2016 contre 598.168.730,31DH en 2015. Mieux encore au titre de l’exercice 2016, la société a distribué des dividendes, soit un montant de 178.136.597,95 DH.
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Des chiffres qui attestent de la solidité financière de l’entreprise, objet de la cession. L’Etat a choisi le bon moment pour se désengager de la société qui pourrait trouver un preneur facilement et certainement au prix le plus fort. Un prix qui pourrait éventuellement compenser la perte escomptée de l’hôtel La Mamounia.
Là où le bât blesse
L’analyse de la situation ne peut faire fi d’un point crucial pour la concrétisation de la cession. Il s’agit du droit de jouissance de 20 ans dont bénéficie la Centrale via lequel toute la puissance et toute l’énergie produite par la Centrale sont enlevées par l’ONEE. Autrement dit, comment convaincre l’acquéreur potentiel si l’on prend en considération que ce droit de jouissance prendrait fin en 2025. Quelles seraient les garanties à lui accorder pour s’assurer de l’écoulement de l’énergie produite ?
Autre point important à signaler est la sortie de cette participation du portefeuille de l’ONEE. Le produit de la cession va atterrir partiellement dans les caisses du Trésor et L’ONEE n’en verra pas un Dirham. La sortie de la participation du patrimoine de l’ONEE se traduirait par une charge de 360 millions de DH. Cela risque d’aggraver la situation financière de l’ONEE. L’équipe de Omar Faraj veillerait certainement à ce qu’il y ait une contrepartie fiscale de la sortie de EET du patrimoine de l’ONEE. Une casserole que risque de trainer l’Office dans ses prochains exercices.
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