La situation des charges et ressources du Trésor à fin octobre 2025 fait ressortir un déficit budgétaire de 60,3 Mds de DH, contre 47,4 Mds de DH un an auparavant. Cette évolution reflète une progression des dépenses (+56,3 Mds de DH) plus marquée que celle des recettes (+43,4 Mds de DH).
L’exécution de la loi de finances au cours des dix premiers mois de l’année 2025 s’est déroulée dans un contexte national globalement favorable, soutenu par l’accélération de la croissance économique, qui a atteint 5,5% au deuxième trimestre, après 4,8% au premier trimestre, informe le ministère de l’Économie et des finances dans la SCRT à fin octobre 2025.
Selon la même source, cette dynamique reflète principalement par la vigueur de la demande intérieure, l’investissement en particulier, ainsi que les bonnes performances des secteurs de l’agriculture, de l’industrie, du tourisme et du BTP.
De son côté, le taux d’inflation a connu une décélération, à 0,8% en moyenne sur les dix premiers de l’année 2025, contre 1,1% un an auparavant. Cette évolution recouvre un ralentissement des prix des produits non alimentaires (+0,5% contre +1,3%) et une hausse modérée des prix des produits alimentaires (+1,3% contre +0,7%).
Dans ce contexte, la situation des charges et ressources du Trésor à fin octobre 2025 fait ressortir un déficit budgétaire de 60,3 Mds de DH, contre 47,4 Mds de DH un an auparavant. Cette évolution reflète une progression des dépenses (+56,3 Mds de DH) plus marquée que celle des recettes (+43,4 Mds de DH).
Recettes
Les recettes, sur une base nette des remboursements, dégrèvements et restitutions fiscaux, ont atteint un taux de réalisation de 84,5% par rapport aux prévisions de la loi de finances (LF) et ont progressé de près de 43,4 Mds de DH (+14,9%) comparativement à fin octobre 2024.
Les recettes fiscales ont enregistré un taux de réalisation de 87,7% et une hausse de 37 Mds de DH (+15,2%) par rapport à fin octobre 2024. Les remboursements, dégrèvements et restitutions fiscaux, y compris la part supportée par les collectivités territoriales (CT), ont augmenté de 4 Mds de DH, pour atteindre 23,3 Mds de DH, reflétant ainsi l’effort soutenu de l’État en matière d’apurement du crédit de TVA.
Par nature d’impôt et de taxe, les principales évolutions ayant marqué le comportement des recettes fiscales, tant par rapport aux prévisions de la LF que par rapport à fin octobre 2024, se présentent comme suit :
– IS : Un taux de réalisation de 101,5% et une forte progression de 17 Mds de DH (+29,7%). Cette dynamique est tirée principalement par l’augmentation significative du complément de régularisation de 6,9 Mds de DH (+53,7%), pour atteindre un niveau record de 19,9 Mds de DH, ainsi que par l’amélioration des trois premiers acomptes, qui ont totalisé une hausse de 10,6 Mds de DH.
Par ailleurs, les restitutions au titre de cet impôt sont passées de 2,1 Mds de DH un an auparavant à 3,3 Mds de DH à fin octobre 2025 ;
– IR : Un taux de réalisation de 91,9% et une hausse de 7,6 Mds de DH (+15,8%). Cette performance est attribuable principalement à la régularisation fiscale volontaire, qui a généré 3,8 Mds de DH en janvier 2025, ainsi qu’aux augmentations des recettes issues de l’action de l’administration fiscale de 2 Mds de DH et de l’IR retenu à la source sur les profits de cession de valeurs mobilières de 893 MDH ;
– TVA : Un taux de réalisation de 79% et une augmentation de 6,7 Mds de DH (+9,1%), attribuable à la hausse des recettes au titre de la TVA à l’importation de 3,7 Mds de DH (+7,6%) et de la TVA à l’intérieur de près de 3 Mds de DH (+12,2%). Il est à souligner que les remboursements et restitutions en matière de TVA (non compris la part des CT) ont atteint 12,8 Mds de DH, contre 11,4 Mds de DH à fin octobre 2024 ;
– Taxes intérieures de consommation : Un taux de réalisation de 91,2% et une hausse de 4,5 Mds de DH (+15,4%), tirée principalement par l’augmentation des recettes des TIC sur les produits énergétiques de 2,8 Mds de DH (+18,7%) et sur les tabacs de 1,3 Md de DH (+11,7%). L’évolution des TIC sur les produits énergétiques est attribuable notamment à la suppression, dans le cadre de la LF 2025, de l’exonération des TIC sur les houilles et le fioul lourd utilisés pour la production de l’énergie électrique, ainsi qu’à l’augmentation des quotités appliquées à ces produits, aux huiles lubrifiantes et aux bitumes ;
– Droits de douane : Un taux de réalisation de 66% et une baisse de 1,1 Md de DH (-7,3%), conséquence de la suppression, en 2025, du droit d’importation applicable notamment aux bovins et aux ovins ;
– Droits d’enregistrement et de timbre : Un taux de réalisation de 89,4% et une progression de 1,9 Md de DH (+10,9%), suite notamment à l’augmentation des droits d’enregistrement (+1,3 Md de DH, +12,1%) et des droits de timbre (+476 MDH, +17,2%).
Les recettes non fiscales ont atteint 49,4 MM.DH à fin octobre 2025, en hausse de 6,4 Mds de DH (+14,7%). Ces recettes comprennent notamment :
• 16,1 Mds de DH en provenance des établissements et entreprises publics (EEP), dont 4,1 MM.DH versés par Bank Al-Maghrib, 6,2 Mds de DH par l’Office chérifien des phosphates et 4 Mds de DH par l’Agence nationale de la conservation foncière, du cadastre et de la cartographie ;
• 18,8 Mds de DH au titre des mécanismes de financements innovants ;
• 11,7 Mds de DH au titre des produits divers des ministères.
Dépenses
Les dépenses ordinaires se sont élevés à 298 Mds de DH à fin octobre 2025, affichant un taux d’exécution de 84,2% et une hausse de 41,3 Mds de DH en comparaison avec la même période de l’année précédente. Cette évolution est attribuable à l’augmentation des dépenses au titre des biens et services de près de 39,5 Mds de DH (+19,3%) et des intérêts de la dette de 7,3 Mds de DH (+23,6%).
Les charges de la compensation ont, pour leur part, marqué une baisse de 5,4 Mds de DH (-25,4%).
– L’exécution des dépenses au titre des biens et services a été marquée par un taux de réalisation de 83,4% pour les dépenses de personnel et de 82,2% pour les autres biens et services, avec des hausses respectives de 15,1 Mds de DH et de 24,4 Mds de DH par rapport à fin octobre 2024. Cette évolution est attribuable au transfert d’un montant de 16,7 Mds de DH au fonds d’appui à la protection sociale et à la cohésion sociale, et à l’augmentation de 7 Mds de DH des transferts aux établissements et entreprises publics, notamment en faveur des académies régionales d’éducation et de formation.
– Les intérêts de la dette ont, pour leur part, affiché un taux de réalisation de 89,3%. Leur évolution recouvre une hausse des intérêts de la dette intérieure (+8,1 Mds de DH) et une baisse de ceux de la dette extérieure (-868 MDH).
– Les charges de la compensation ont atteint près de 16 Mds de DH, enregistrant un taux de réalisation de 93,1% et un recul de 5,4 Mds de DH par rapport à fin octobre 2024. Cette évolution s’explique, d’une part, par la diminution des dépenses liées au gaz butane (-2,1 Mds de DH), au sucre (-1,2 Mds de DH) et à la farine nationale de blé tendre (-441 MDH) et, d’autre part, par la non reconduction de la subvention en faveur des professionnels du secteur du transport routier, dont le montant accordé à la même période de 2024 avait atteint 1,7 Md de DH.
Comptes spéciaux du Trésor
Les comptes spéciaux du Trésor ont dégagé un déficit de 10,2 Mds de DH, contre -1,8 Mds de DH à fin octobre 2024.
Financement
Compte tenu de ces évolutions et d’une réduction des opérations en instance de 12,7 Mds de DH, la situation des charges et ressources du Trésor dégage un besoin de financement de 73 Mds de DH contre 52,4 Mds de DH un an auparavant.
Les mobilisations nettes se sont élevées à 33,1 Mds de DH sur le marché domestique, tandis que les emprunts extérieurs nets se sont établis à 33,7 Mds de DH.
Le flux de l’endettement intérieur recouvre des souscriptions pour un montant de 143,7 Mds de DH et des remboursements en principal pour 110,6 Mds de DH. Celui de l’endettement extérieur comprend des tirages de 43,2 Mds de DH, y compris 20,9 Mds de DH mobilisés sur le marché financier international, ainsi que des amortissements de 9,5 Mds de DH.







