En dépit de la situation négative relevée par les Co-commissaires aux comptes, le top management de Stroc industrie a décidé de continuer l’exploitation.
Dans une situation pareille, le CAC est tenu de mettre en application les dispositions de l’article 547 de la loi 15-95.
Depuis son introduction en Bourse, la société n’est pas en bonne posture financière.
Après la SAMIR, une autre société cotée en bourse est aujourd’hui dans la tourmente financière. Il s’agit de la Société de Travaux de Réalisations d’Ouvrage et de Construction Industrielle (Stroc Industrie). Cette société faisant appel public à l’épargne est sous la loupe de deux commissaires aux comptes. La situation de défaillance doit être détectée par le commissaire aux comptes à travers les diligences reconnues en la matière et à titre préventif. En effet, le commissaire aux comptes jouit d’une responsabilité majeure envers le marché financier.
Les co-commissaires aux comptes ont alerté dans leur rapport le top management de la société et les actionnaires sur la situation financière de la société. Le rapport de l’exercice 2016 en atteste la réalité. Les indicateurs renseignant sur la défaillance sont multiples. On en cite, la situation nette qui se chiffre à -119,366 millions de dirhams, le chiffre d’affaires qui ne cesse de régresser (297,68 MDH en 2016 vs 373,56 MDH en 2015), le recouvrement des créances qui peine à trouver un rythme normal, les dettes qui évoluent de manière exponentielle.
Les créances se chiffrent à 231, 105 MDH pour un chiffre d’affaires de 297,6 MDH, soit un délai de crédit client de 280 jours. Autre élément important à signaler est le montant des dettes se rapportant à l’Etat et aux organismes sociaux qui sont respectivement de 84,42 MDH et de 44,87 MDH.
La consultation du registre de commerce de la société nous permet de dégager l’existence plusieurs événements qui consacrent les difficultés ô combien onéreuses dans lesquelles évoluent la société.
A la lecture du rapport du commissaire aux comptes de 2016, on note que celui-ci a alerté le top management de l’obligation de tenir les assemblées générales et de prendre les décisions qui s’imposent. Celui-ci a répondu aux exigences du commissaire aux comptes et a décidé de continuer l’exploitation en dépit de la situation nette négative de la societé.
Le marché financier a déclenché des signaux en réaction à cette situation ; ainsi le cours de l’action n’a cessé de baisser et a clôturé la séance du 31/05/2018 avec une baisse de 9.99. Aussi, les actionnaires n’ont pas été gâtés depuis 2011. Le commissaire aux comptes chargé d’une mission permanente est tenu de suivre de plus prés la société aux fins de déclencher les alertes qui permettent de préserver les intérêts des différents intervenants.
Le commissaire aux comptes aprés plusieurs mois de l’émission de son rapport et suite à l’absence de conditions favorables à la continuité d’exploitation et remplissant son rôle de protecteur de l’intérêt général est tenu de mettre en application les dispositions de l’article 547 de la loi 15-95.
Ce dernier stipule que : « s’il a été constaté que malgré les décisions prises par cette assemblée, la continuité de l’exploitation demeure compromise, le président du tribunal en est informé par le CAC ou par le chef d’entreprise ». Plus d’un an après, il est légitime de se demander si cette action a été entreprise et à quel moment pour déclencher les procédures afférentes aux entreprises en difficultés et protéger le marché de l’effet contagion. Et surtout n’est-il pas judicieux de durcir davantage l’introduction en Bourse des sociétés ?