En attendant la privatisation de Mamounia et Tahaddard, c’est finalement l’opération Maroc Telecom qui est venue à la rescousse du déficit budgétaire qui aurait pu se creuser davantage.
La rencontre organisée le 9 juillet par le Haut Commissaire au Plan Ahmed Lahlimi pour passer en revue les prévisions de l’exercice en cours et celles de 2020 a mis en exergue la pression subie par les finances publiques dans un contexte économique très difficile. Une pression qui se traduit par l’alourdissement du déficit budgétaire à cause de la hausse des dépenses de fonctionnement suite notamment à la hausse des salaires, approuvée dans le cadre du dialogue social, au milieu de l’année 2019.
A noter que les charges salariales seraient marquées par une hausse de près de 4,5% au lieu de 1% en 2018. Lesdites charges devraient ainsi représenter 9,7% du PIB et plus que la moitié des recettes fiscales.
Ajoutons à cela les autres dépenses des biens et services, en forte augmentation pour représenter 6,3% du PIB en 2019, ainsi que les dépenses de compensation qui, selon les pronostics du HCP, resteraient rigides à la baisse. Dans ce contexte et avec un service de la dette publique qui serait de 2,4% du PIB, les dépenses ordinaires devraient s’inscrire dans une tendance haussière pour passer à près de 19,9 du PIB au lieu de 19,3% en 2018.
Les finances publiques devraient connaître en 2019 un renforcement des recettes ordinaires, suite notamment à l’amélioration prévue du recouvrement des recettes fiscales et à la mobilisation des recettes additionnelles par le biais de l’ouverture du capital de certaines entreprises publiques pour ne citer que la privatisation de Maroc Telecom.
Une opération qui a pris tout le monde de court à un moment où l’on s’attendait à la privatisation de Thaddart et la Mamounia. Les recettes non fiscales devraient bénéficier de l’opération de la privatisation, générant près de 10 Mds de DH en 2019 contre 2,5 Mds en 2016.
Représentant plus de 86,4% des recettes ordinaires, les recettes fiscales seraient portées à la fois par les impôts directs et indirects. Et ce grâce aux dispositions fiscales contenues dans la Loi de Finances 2019, notamment celles prises au niveau de la taxe intérieure sur la consommation et au niveau des impôts sur les sociétés. Il en ressort que les recettes fiscales se maintiendraient à près de 18,9% du PIB en 2019 au lieu d’une moyenne de 19,3% du PIB entre 2010-2017.
Tout cela augure d’une détérioration du déficit des finances publiques se traduisant par le recours de l’Etat au marché des adjudications et aux emprunts extérieurs. La dette intérieure du Trésor devrait connaître une hausse de 4% par rapport à son niveau enregistré en 2018 pour atteindre 51,6% du PIB en 2019. La dette extérieure du Trésor, de son côté devrait s’accroître de 7,4% au lieu d’une baisse de 3,4% en 2018. Elle devrait ainsi représenter 21% de l’encours global de la dette du Trésor au lieu de 20,5% en 2018 et 13,7% du PIB au lieu de 13,3%. Le taux d’endettement global du Trésor devrait grimper à 65,3% du PIB au lieu de 64,9% en 2018.
Le taux de la dette publique globale s’accroitrait pour atteindre près de 81,3% du PIB en 2019, au lieu 73,4% durant la période 2010-2017 et 60,2% durant 2005-2009.
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