Karim Tazi, président de l’AMITH et PDG de Marwa nous livre son ordonnance pour gagner les prochaines élections de l’Association qui se tiendront le 18 juin. Parmi les objectifs chiffrés de son programme, porter la taille du secteur local et à l’export à 60 Mds de DH en 2025.
EcoActu.ma: Les élections de la présidence de l’AMITH 2022 s’annoncent chaudes. Un mot sur ces élections qui s’avèrent différentes des précédentes ?
Karim Tazi : Le fait qu’il y ait deux candidats en binôme qui se présentent aux présidentielles est une très bonne chose en soi puisqu’en fin de compte ce sont les membres qui gagnent. Il faut dire toutefois que c’est nouveau dans des élections de l’AMITH mais ça ne peut être que bénéfique.
Vous êtes à la tête de l’AMITH depuis 3 ans, êtes-vous satisfait du bilan de votre mandat ?
Oui dans la mesure où nous avons pu réaliser un bon nombre d’engagements de notre programme. Je dois dire aussi que même nos concurrents ne contestent pas ce bilan. En chiffres, c’est la première fois que le secteur frôle la barre des 38 Mds de DH à l’export. Nous avons augmenté de manière massive les investissements qui ont quasiment triplé durant ce mandat. Aussi, après plusieurs années de pertes d’emploi, la balance de l’emploi du secteur du textile est-elle redevenue positive. Notons qu’en 2018, nous étions le premier contributeur à l’emploi industriel avec plus de 11.000 emplois selon les chiffres du HCP. Il faut reconnaitre aussi que l’Etat, qui commence à croire de nouveau dans le secteur, a soutenu plusieurs entreprises textiles dans toutes les régions du Maroc via des aides et des dispositifs.
Ces réalisations sont-elles le fruit des efforts déployés par l’AMITH durant ces 3 ans ou sont-elles liées à la conjoncture ?
Je ne crois pas au hasard. D’autant plus que la conjoncture n’a pas été très favorable. Comme vous le savez nos concurrents dans la région ont beaucoup évolué et dévalué. Parallèlement, la consommation textile mondiale est en phase de changer marquée par une réfraction de la consommation. Donc on ne peut pas parler de conjoncture favorable. Nonobstant, les performances du secteur sont dues à une conjugaison des efforts fournis par l’association, les acteurs et les pouvoirs publics.
Comme signalé, ces élections sont différentes des précédentes où vous étiez le seul candidat. Comment êtes-vous préparés pour convaincre vos pairs ?
La victoire sera celle d’un programme et de l’authenticité. Elle sera le fruit de la proximité et l’inclusion à la fois des acteurs et des régions. Nous nous sommes rapprochés durant notre campagne des acteurs régionaux pour recueillir leurs doléances. Il faut dire que nous avons rencontré, même dans un contexte favorable, des acteurs qui souffrent parce que l’industrie textile est difficile et qui nous demandent de les aider à combattre certaines hostilités de l’environnement.
C’est pourquoi je pense que le binôme qui remportera ces élections et celui qui aura la crédibilité pour faire matcher les attentes des marchés internationaux et nationaux avec le savoir-faire des acteurs nationaux. Le défi à relever est celui d’avoir la capacité à avoir une vision extrêmement claire à savoir définir les atouts. Je dois dire que nous sommes confiants étant donné que le Maroc est un pays de tradition textile avec un savoir-faire historique et des avantages compétitifs uniques notamment avec la fast fashion sur lesquels il faudra capitaliser et renforcer nos atouts.
Qu’est-ce qui différencie votre programme de celui de l’autre binôme ? Et quels sont vos objectifs chiffrés ?
Je dois dire que le programme de nos concurrents est essentiellement basé sur des réalisations accomplies dans notre précédent programme.
Ce qui nous différencie c’est d’abord l’expérience, ensuite la crédibilité auprès des pouvoirs publics ainsi qu’auprès des partenaires institutionnels, internationaux et sociaux. Ce qui nous permettra de mener à bien notre programme. Quant aux objectifs, nous en avons un seul celui de porter la taille du secteur local et à l’export à 60 Mds de DH en 2025. Notre ambition est de mettre en place les bases solides pour la pérennité du secteur. Toutefois, pour atteindre cet objectif, il faudra améliorer certains éléments de base du climat des affaires. C’est donc entre les mains des pouvoirs publics.
Dans votre programme avez-vous prévu des mesures pour améliorer les conditions de travail des employés dans le secteur du textile ?
C’est une évolution indispensable imposée par les marchés mondiaux. L’amélioration des normes environnementales et sociales est une condition sine qua non dans le secteur du textile. Le fait que le textile marocain soit ancré à l’export de manière massive permettra naturellement d’améliorer les conditions de travail des employés. Aujourd’hui, nos clients ce ne sont pas les distributeurs mais plutôt les consommateurs qui exercent une énorme pression sur les marques pour qu’elles respectent les normes sociales.
Et dans notre programme nous voulons inciter nos industriels à dépasser et à anticiper les attentes des consommateurs en allant plus loin dans les normes sociales et environnementales. En contrepartie, il faut les aider à améliorer leur productivité. On ne peut pas augmenter les coûts et les charges sans améliorer en parallèle la productivité. Concernant cette dernière, il y a un programme extrêmement complet pour améliorer la compétitivité, diversifier et consolider le marché actuel et enfin soulager les industriels d’un ensemble de contraintes inutiles.
Pour revenir à la concurrence, comment l’AMITH défend-t-elle les intérêts du marché national ?
Sous notre mandat, l’AMITH est devenue la référence auprès des pouvoirs publics sur la protection de la valeur ajoutée socio-économique du pays dans ce secteur.
L’AMITH porte une ordonnance complète dont l’esprit est agréée par les pouvoirs publics. Il reste à la mettre en œuvre en tenant compte des grands équilibres du pays.