La Conférence Internationale des Mines du Maroc (IMC 2025) s’est ouverte à Marrakech en présence de plusieurs ministres africains, de délégations internationales et de représentants du secteur minier. Lors de la séance inaugurale, Leïla Benali, ministre de la Transition énergétique et du Développement durable, a insisté sur la portée politique et économique de cette rencontre, soulignant « un moment décisif » pour le continent africain.
Dès l’ouverture, le ministre a salué la mobilisation des délégations africaines et l’engagement de la Fédération de l’Industrie Minérale (FDIM), organisatrice de l’événement. Selon lui, cette forte participation témoigne de la prise de conscience continentale face aux enjeux liés aux ressources stratégiques.
La ministre a rappelé le contraste entre le rythme lent de la formation géologique des minerais – sur des millions d’années – et la vitesse fulgurante de l’évolution industrielle mondiale. Cette « tension historique » place l’Afrique au cœur des nouvelles dynamiques économiques, notamment en raison de ses importantes réserves en cobalt, manganèse, cuivre, lithium, phosphates ou encore terres rares.
Avec une demande mondiale en minéraux critiques qui explose, le ministre estime que « personne ne peut avancer sans l’Afrique ». Toutefois, il a rappelé les défis persistants : accès inégal à l’énergie, vulnérabilité aux chocs climatiques et disparités réglementaires.
Malgré sa richesse géologique, l’Afrique ne tire pas encore pleinement parti de son potentiel. La ministre a plaidé pour une approche commune qui protège les ressources, valorise le capital humain et transforme la richesse minière en prospérité durable. « La centralité géologique ne garantit rien », a-t-il affirmé, appelant à une vision ambitieuse et cohérente à l’échelle continentale.
L’expérience marocaine mise en avant
Le Maroc a présenté plusieurs avancées structurelles réalisées ces dernières années : digitalisation complète du cadastre minier, révision de la loi minière, et déploiement d’outils numériques pour encadrer l’exploitation minière artisanale, notamment à travers la plateforme fa7m.ma, testée à Jerada.
Selon la ministre, ces initiatives illustrent une montée en gamme du secteur marocain, mais ne constituent pas une finalité. Elles démontrent surtout la nécessité d’une coopération renforcée face à des chaînes de valeur mondialisées et à la complexité croissante de la transition énergétique.
Une année de coopération africaine intense
La ministre est également revenu sur les étapes majeures franchies depuis un an dans la construction d’un cadre continental autour des minéraux stratégiques. Tout a débuté à Marrakech en décembre 2024, avec le lancement de l’initiative OTC (Origination – Transit – Certification), destinée à assurer la traçabilité et la valorisation des ressources africaines.
Les mois suivants ont été marqués par des rencontres clés :
Nairobi, pour la définition de standards ESG africains ;
Nouakchott, pour consolider une vision commune de souveraineté minérale ;
Marrakech, en octobre, pour établir un modèle de gouvernance, une plateforme digitale et un mécanisme de certification continental.
Entre octobre et novembre 2025, le projet de Cadre ESG africain a circulé dans les capitales du continent afin d’être enrichi par les contributions nationales.
La Déclaration de Marrakech : un pas historique
Le point culminant de la conférence est la présentation de la Déclaration de Marrakech, document fondateur d’une vision africaine commune sur la gestion des ressources stratégiques. Le ministre a insisté sur sa portée collective : « Cette déclaration n’est pas marocaine. Elle est africaine. »
Cette adoption marque l’entrée du continent dans une nouvelle phase, où l’Afrique ambitionne de définir elle-même ses règles, ses standards et la valeur de ses ressources.
Un chantier à long terme
Le responsable marocain a toutefois rappelé que cette déclaration n’est qu’un point de départ. Les priorités désormais sont claires : développer des chaînes de valeur locales, assurer la transformation des ressources sur le continent, renforcer la protection environnementale et parler d’une seule voix sur la scène internationale.
En conclusion, il a souligné la portée historique de ce moment en recourant à une métaphore géologique : « Les failles ne détruisent pas. Elles construisent des montagnes. » Un message qui résume l’ambition du continent : transformer les pressions géopolitiques et économiques en opportunité collective.






