Le déficit du Trésor a emprunté un trend haussier qui devient de plus en plus alarmant. En se limitant aux trois derniers mois de l’année 2019, l’on constate que le déficit du Trésor s’est établit à 3,6 Mds de DH à fin mars, à 14,1 Md de DH à fin avril et à 21,6 Mds de DH à fin mai.
Peut-on enfin parler d’une détente du déficit budgétaire qui au cours des derniers mois n’a pas cessé de se creuser. Les dernières statistiques publiées par la Trésorerie Générale du Royaume à fin mai font ressortir un déficit du Trésor de 21,6 Mds de DH contre un déficit de 23,4 Mds de DH à fin mai 2018. Soit une amélioration de 8,33%.
En cause, il faut reconnaître qu’au courant de 2019, le déficit du Trésor a emprunté un trend haussier qui devient de plus en plus alarmant. En se limitant aux trois derniers mois, l’on constate que le déficit du Trésor s’est établit à 3,6 Mds de DH à fin mars, à 14,1 Md de DH à fin avril et à 21,6 Mds de DH à fin mai. L’analyse des recettes dégagées au cours des trois derniers mois montre que l’augmentation desdites recettes a accusé une baisse passant de 11,8% à fin mars 2019 à 8,2% à fin mai 2019.
A ce titre, il est à signaler que les recettes de la fiscalité domestique a augmenté de 5,3% à fin mai 2019 contre une hausse de 7,9% à fin mars 2019. C’est dire que la hausse a affiché une atténuation au cours des derniers mois.
Cette atténuation provient essentiellement des recettes de l’IR sur profits immobiliers ayant connu une diminution de 18,9% par rapport à leur niveau de fin mai 2018. Ce qui atteste d’une crise dans le secteur immobilier qui perdure pour différentes raisons.
Ajoutons à cela que la TVA à l’intérieur a accusé une baisse de (- 9,5%). Une baisse qui tient compte des remboursements supportés par le budget général qui ont été de 3.587 MDH à fin mai 2019 contre 1.844 MDH un an auparavant. Mais il faut reconnaitre que cette baisse est liée également à un rétrécissement de la demande de consommation à cause d’une morosité économique qui affiche bien la couleur.
L’Etat passe à l’acte
Pour remédier un tant soit peu au déficit budgétaire et lever le pied sur l’endettement qui, malgré les propos rassurants des pouvoirs publics quant à sa soutenabilité, suscite de plus en plus des appréhensions dans les milieux d’affaires, le Maroc commence le processus de privatisation de Maroc Telecom en cédant 8% de parts.
Depuis l’annonce, les remarques fusent de partout. La dernière est celle émanant du député FGD Balafrej qui a interpellé le ministre des Finances Mohamed Benchaâboun sur les questions liées au choix d’un tarif bas pour la cession des parts. Celui-ci a été fixé à 127 DH alors que le coût moyen de cette action de l’année précédente était de 143 DH. Cette baisse du tarif est-elle due à un problème d’urgence ?
L’étau se resserre et l’Etat se trouve contraint à passer à l’acte le plus rapidement possible pour faire aux besoins sans cesse croissants. Ajoutons à cela que la conjoncture internationale s’avère difficile et pourrait se traduire davantage par un ralentissement des échanges extérieurs, une hausse du prix des matières premières. Aujourd’hui tous les Etats font leurs prévisions en composant avec la variable guerre Chine-USA qui reste déterminante. Le Maroc ne déroge pas. C’est dire que le temps urge et qu’il faut se procurer les moyens pour réaliser une croissance inclusive sur laquelle insiste le Souverain dans ses différents discours.
Le processus va se poursuivre avec la cession des participations dans La Mamounia et Tahaddart.
Vendre ses bijoux pour faire face à ses besoins ne peut être que conjoncturel. On ne cessera jamais de le dire, l’Etat ne peut assurer la soutenabilité des finances publiques qu’à travers la rationalisation de la dépense publique qui ne fait qu’augmenter d’année en année.

Source :TGR
Les dépenses émises au titre du budget général ont été de 153,1 Mds de DH à fin mai 2019, en hausse de 14,2% par rapport à leur niveau à fin mai 2018, en raison de l’augmentation de 5,6% des dépenses de fonctionnement, de 8,4% des dépenses d’investissement et de 48,2% des charges de la dette budgétisée.

Source: TGR
La hausse des charges de la dette budgétisée de 48,2% s’explique par l’augmentation de 86,8% des remboursements du principal (25,3 Mds de DH contre 13,5 Mds deDH) et par la hausse de 3,5% des intérêts de la dette (12,1 Mds de DH contre 11,7 Mds de DH).
La privatisation ne saurait être la solution idoine à ce rythme crescendo de la dépense publique.
Voir également : WebTv / COUR DES COMPTES : LE PLAIDOYER DE MOHAMMED BASTAOUI POUR LA SINCÉRITÉ DES COMPTES PUBLICS