L’endettement public libanais représente près de 170 % du produit intérieur brut du pays.
L’abcès a été crevé. Le Liban n’a pas honoré, lundi 9 mars, l’échéance de dette qui lui incombait. C’est le premier défaut de paiement de son histoire. Il s’explique par un constat lucide et préoccupant : l’état des finances publiques ne permet plus de couvrir le service de la dette publique faramineuse, qui représente désormais près de 170 % du produit intérieur brut (PIB). C’est la fin d’une « illusion ».
Un constat que le premier ministre, Hassan Diab, avait dressé samedi 7 mars, quand il a annoncé la « suspension » du paiement de 1,2 milliard de dollars (1,1 milliard d’euros) en eurobonds, des bons du Trésor émis par l’Etat. Le chef du gouvernement a justifié ce choix par le niveau « critique et dangereux » des réserves en devises de la banque centrale – « nous devons stopper l’hémorragie » – et par la crise économique violente que subissent les Libanais.
Depuis l’automne 2019, le chômage augmente, l’inflation aussi. Dans un pays à l’économie dollarisée, une dévaluation de la livre libanaise a lieu dans les bureaux de change, où le dollar a récemment atteint 2 600 livres libanaises (contre 1 500, selon le taux officiel). « Nous ne pouvons pas payer les créanciers étrangers, alors que les Libanais n’ont pas accès à leurs dépôts, que les hôpitaux font face à un manque d’approvisionnement en matériel et équipements médicaux, (…) et que certains [Libanais] sont dans l’incapacité de subsister et de répondre à leurs besoins les plus élémentaires », a justifié M. Diab.
La note du pays sans cesse dégradée depuis début 2019
Divers économistes s’étaient prononcés en faveur de ce défaut de paiement. L’un des arguments est que, si le Liban avait honoré l’échéance de mars, il aurait ponctionné ses réserves, mais aurait difficilement pu tenir les deux rendez-vous suivants, en avril et en juin (la totalité des trois remboursements attendus s’élevant à 4,6 milliards de dollars). Le règlement de la dette risquait d’aggraver la crise des liquidités. (Avec LeMonde)