- En moins de vingt ans, le Maroc a enclenché sous la houlette du Roi Mohammed VI une véritable dynamique continentale qui s’est soldée par le retour du Royaume au sein de l’UA.
- En quelques années, le Maroc s’est hissé au rang de premier investisseur de l’Afrique de l’Ouest et du Centre avec un leadership confirmé dans plusieurs secteurs comme la banque et les assurances.
- Aujourd’hui, un monitoring est réalisé pour suivre la mise en application de toutes les conventions signées par le Maroc avec les pays du continent.
- Retour sur une épopée avec Abdou Diop, Managing partner de Mazars et ayant veillé aux présides de la Commission Afrique et Sud-Sud de la CGEM.
EcoActu: En tant que Managing Partner de Mazars mais aussi en tant que président de la Commission Afrique Sud-Sud, quelle appréciation faites-vous de la place du Maroc dans le continent, à la lumière de sa réintégration de l’Union africaine mais aussi suite à sa demande d’adhésion à la CEDEAO ?
Abdou Diop : J’ai eu le privilège et la chance depuis plus de 15 ans d’être présent dans cette dynamique des relations Maroc-Afrique, et il est intéressant de voir comment ces relations qui ont évolué en moins de 20 ans ont connu une dynamique très forte, depuis l’accession de SM le Roi Mohammed VI au Trône grâce aux différentes tournées royales. Et également cette dynamique des entreprises marocaines qui a commencé dès les années 2000 à s’exporter vers le continent.
C’est vrai que cette dynamique nous a mené sur différentes étapes jusqu’à la situation qui prévaut aujourd’hui : le Maroc est le deuxième investisseur ou premier, c’est selon, en Afrique et premier investisseur en Afrique de l’Ouest. Nous avons eu une phase que je qualifierai d’empirique où nous avons eu des entreprises marocaines de services qui ont ouvert la voie. Ensuite, après l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale, nous avons commencé à explorer l’Afrique de l’Est. Et depuis 2014, on peut dire qu’il y a eu une véritable vision qui est s’est établie qui part du discours fondateur d’Abidjan qui trace très clairement la Vision panafricaine du Maroc complétée par toutes les nouvelles ouvertures, notamment le rapprochement du Nigéria et toutes les ouvertures vers l’Afrique de l’Est. Et surtout le retour en janvier 2017 vers l’Union Africaine quittée il y a pratiquement 30 ans et dans la foulée la demande d’adhésion à la CEDEAO.
Il y a eu une dynamique qui a permis de réellement se positionner en grand investisseur dans le continent et de construire une réputation économique forte du Maroc auprès des autres pays du continent. Nous sommes revenus au sein de l’Union africaine pour avoir aussi cette couverture politique tout aussi importante. Puis, l’accord de principe pour adhérer à la CEDEAO est un prolongement de cette dynamique tout aussi naturelle.
Pour faire l’état des relations avec l’Afrique, le Maroc est redevenu un acteur clé du continent, d’ailleurs le Royaume est présent dans toutes les discussions importantes, dans toutes les résolutions de conflits et dans les actions sociales.
Nous sommes impliqués sur des sujets importants, d’ailleurs je rappelle à juste titre que SM le Roi est en charge de la l’agenda sur la migration au sein de l’Union africaine et c’est un sujet extrêmement important pour le continent. Nous nous positionnons sur des sujets où le Maroc dispose d’un leadership avéré notamment la politique énergétique, dans ce sens la centrale Noor est une référence mondiale en la matière.
Et par-dessus tout, nous avons un Souverain qui est extrêmement apprécié par ses pairs mais également par toute la population africaine. C’est un facteur très important !
S’il fallait dresser un topo de la présence économique du Maroc dans le continent, quels sont les secteurs les plus dynamiques de la coopération Maroc-Afrique ?
Les positionnements sont très clairs. Nous avons constaté une position extrêmement forte du secteur financier, qui est le premier secteur à la fois en termes de conventions mais également en termes d’investissements. Je citerai d’ailleurs les secteurs marocains bancaire et des assurances qui sont présents dans plus de 34 pays, ce qui est très important. Mais au-delà de cette position, nos banques financent fortement les projets africains de développement contribuant ainsi à l’essor économique de ces pays. Elles participent également à l’inclusion financière sur le continent. Pareil pour le secteur des assurances puisque les opérateurs marocains ont pu dynamiser le marché africain des assurances et il y a lieu de signaler que des acteurs comme ceux de l’Afrique du Sud s’appuient sur les opérateurs marocains pour se développer en Afrique.
Nous avons eu également parmi les premiers leviers de cette dynamique économique marocaine en Afrique, l’économie numérique et des nouvelles technologies puisque nous avons une forte présence d’opérateurs, comme Maroc Telecom sur un nombre de pays africains ou encore comme HPS qui sont leaders en Afrique.
Après les sociétés de services, nous avons eu progressivement une vague des constructeurs et des bâtisseurs avec à la clé d’importants projets d’aménagement dans des pays africains.
Puis les immobilières, qui font du Royaume le premier constructeur en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale.
Et depuis trois ans, nous constatons une montée en puissance du secteur industriel, que ce soit pharmaceutique ou les cimenteries, mais également l’agroalimentaire ou électrique.
La coopération est régulièrement étoffée par une série de conventions signées. Comment se fait le suivi sur le terrain de leur état d’avancement ?
La dynamique africaine est le fruit de la signature de conventions, que ce soit dans le cadre de la tournée royale ou dans le cadre privé-privé. Ces conventions donnent lieu aujourd’hui à un monitoring régulier à la fois, du côté de la CGEM mais aussi du côté des acteurs publics puisque le ministère en charge des Affaires africaines a pris en charge ce volet, ce qui permet de suivre régulièrement dans les pays africains, ce qui se fait par les opérateurs économiques marocains. Et je dois le dire, étant le premier investisseur en Afrique de l’Ouest et du Centre, il y a eu un chemin parcouru à saluer étant donné que l’investissement sur le continent n’est pas quelque chose d’aisé. Nous sommes en compétition avec beaucoup d’acteurs étrangers, quelques fois sans avoir les mêmes moyens. Malgré cela nos opérateurs tirent leur épingle du jeu et lèvent au plus haut le drapeau marocain.