Réfléchir à de nouvelles formules de financement plus adaptées aux PME dans le marché alternatif serait d’un grand intérêt pour l’économie en général. C’est tout l’enjeu de la rencontre initiée par la CGEM en collaboration avec l’AMMC.
Dans le cadre de l’initiative mondiale World Investor Week, la CGEM à travers ses commissions « Financement et délais de paiement » et« Start-up et entreprenariat » a organisé en partenariat avec l’Autorité Marocaine du Marché des Capitaux (AMMC), mercredi 24 octobre 2018 une conférence sous le thème « Financement des start-up et des PME par le marché des capitaux ».
Cet événement a pour objectif de sensibiliser les entreprises à l’éducation financière, à faire connaitre davantage les possibilités de financement par les marchés et également à recueillir les retours d’expérience et les propositions des entreprises. Il s’adresse, particulièrement aux start-ups et aux PME susceptibles de recourir au financement par les marchés dans le court-moyen terme. Comme rappelé à juste titre par le vice-président de la CGEM, Mehdi Tazi, les PME et les start-ups sont aujourd’hui au cœur des préoccupations de l’économie marocaine. Et d’ajouter : « 99% des entreprises qui font faillite sont des TPME. Pour qu’elles grandissent, les TPME sont appelées à investir, à innover, à instaurer la bonne gouvernance… C’est trop demandé à des entreprises ayant une problématique de survie ».
De plus en plus conscient des difficultés dont souffrent les PME, l’Etat a déployé un certain nombre de mesures telles que la loi sur les délais de paiement, l’apurement des arriérés liés à la TVA, le projet de loi permettant de consacrer 20% de la commande publique à la PME… mais cela n’empêche pas de dire que pour leur permettre une croissance externe et passer à un cran supérieur, les PME ont besoin d’une palette de financement plus large.
Les intervenants sont tous unanimes que le marché de capitaux est appelé à remplir plus efficacement son rôle dans un contexte marqué par le ralentissement du système bancaire. Il faut réfléchir à des sources de financement adaptées aux différentes phases de vie de la petite et moyenne entreprise. Il est aussi judicieux de clarifier et sensibiliser sur les moyens de financement aussi bien les émetteurs que les souscripteurs. Le marché des capitaux est appelé à répondre à un double objectif : d’une part allouer des ressources et d’autre part permettre à l’entreprise d’ y accéder à des coûts accessibles. « Il faut être constamment à l’écoute des acteurs du marché de capitaux et ce en améliorant les textes ou en aménageant ceux existant », explique Badr Benyoussef, Directeur du Développement à la Bourse de Casablanca. Il rappelle la réforme des années 2000 qui permet aux entreprises quelle que soit leur taille d’accéder au marché. Toutefois, du chemin reste à parcourir. La bourse de Casablanca est aujourd’hui à sa quatrième réforme, mais le nombre d’introductions est très timide (30 introductions depuis 2000). En dehors de la valorisation, les contraintes qui limitent l’accès au marché peuvent se résumer dans la lourdeur des démarches pour s’introduire en bourse, le manque de sensibilisation et la protection vis-à-vis de l’effet de la bonne gouvernance et la transparence, notamment lorsqu’il s’agit d’entreprises familiales.
«Avec un taux de rotation du capital de 6%, le marché marocain souffre d’un problème de liquidité. Or, les investisseurs sont très regardants sur cet indicateur. Les taux sont respectivement de 30% et 10% en Egypte et en Tunisie pour se comparer uniquement à des pays du même bassin », commente Yasser Mounsif, Chef du Département opérations et informations financières à l’AMMC.
Aujourd’hui, l’objectif recherché est de pouvoir adapter la structure du marché aux besoins réels de l’économie.
Pour développer le marché alternatif, il faut réfléchir à d’autres formules pour attirer les investisseurs et générer de la liquidité. Il est ainsi important d’ alléger la communication financière et d’introduire des indicateurs liés à la responsabilité sociale et environnementale en ligne avec les standards internationaux. Des incitations fiscales seraient également souhaitables.
La culture boursière est peu développée chez les épargnants marocains. Le commun des mortels n’investit pas en bourse mais dans les IPO parce qu’il sait qu’il va sortir dans deux ou trois semaines au plus tard. D’où le gros challenge.