Sans les produits des monopoles d’exploitations et des participations de l’Etat et les recettes que pourraient procurer les cessions de certaines participations de l’Etat (5 Mds de DH), les recettes du budget général n’afficheraient pas l’importante hausse de 6,7% par rapport à 2018.
La rigueur de la politique monétaire continuerait à prévaloir malgré l’amélioration des réserves de change et la relative accalmie qui caractérise l’évolution des prix. La banque centrale maintiendrait son taux directeur à 2,25%. S’agissant de la politique budgétaire, le projet de Loi de Finances 2019 présente une configuration foncièrement prudente, elle serait tout sauf dispendieuse. Autrement dit, la maîtrise des agrégats macroéconomqies est maintenue. « Les priorités et objectifs retenus accordent une place privilégiée au développement des secteurs sociaux et à la promotion de l’investissement et de l’infrastructure de base. Mais le projet de Loi de Finances rappelle en même temps et prend soin de préciser que l’exécution de ces orientations va s’opérer dans le cadre et les conditions du respect de l’assainissement des finances publiques, de la réduction du déficit budgétaire et de la consolidation des équilibres macroéconomiques », tiennent à préciser les conjoncturistes. En effet, face à l’importance des attentes et besoins dans les domaines de la santé, de l’enseignement et de l’emploi, les ressources financières allouées à ces secteurs s’avèrent insuffisantes. Les budgets du Ministère de l’éducation nationale et de celui de la santé ne connaîtraient que des relèvements respectifs de 4,6% et de 10,4%. Au niveau global, le projet prévoit pour les dépenses de fonctionnement, considérées comme peu compressibles, un taux d’évolution entre 2018 et 2019 de l’ordre de 8,7%%. Dans le cadre de cette grande rubrique budgétaire et pour renforcer les ressources humaines des départements ministériels, un peu plus de 25.000 postes seront ouverts pour l’exercice 2019. Pour le volet investissement, les crédits alloués au budget d’équipement devraient atteindre 73,4 milliards de dirhams affichant une augmentation de 7,5 % par rapport au budget de l’année en cours. Ces dépenses seront dédiées aux grands chantiers d’infrastructures et aux projets destinés au désenclavement des zones isolées. Toutefois, il y a lieu de signaler que l’investissement public dans sa globalité (incluant aussi les comptes spéciaux, les SEGMA, les entreprises et les établissements publics, ainsi que les collectivités territoriales), qui est considéré comme le levier principal susceptible d’engendrer une dynamique économique et sociale, ne serait que d’environ 195 milliards de dirhams ce qui équivaut au volume d’investissement programmé pour l’année 2018. Du côté des ressources et face à ces dépenses budgétaires, les recettes ordinaires au sens propre du mot ne seront pas au rendez-vous.
Les recettes fiscales s’avèrent limitées
Les dispositions fiscales inscrites dans le projet de loi de finances qui cherchent à accompagner et protéger les activités productives et à améliorer leur productivité, ne permettraient pas de dégager suffisamment de ressources pour augmenter d’une manière substantielle la capacité de financement de l’Etat. « Basés sur un taux de croissance d’uniquement 3,2 % prévus dans le cadrage macroéconomique du budget, les impôts projetés pour 2019 ne connaîtraient que des évolutions similaires à la croissance qui se situeraient aux alentours de 3% », informent les analystes du Centre marocaine de conjoncture (CMC). Et si ce n’étaient les produits des monopoles d’exploitations et des participations de l’Etat et les recettes que pourraient procurer les cessions de certaines participations de l’Etat programmées pour 2019 (5 milliards de dirhams), les recettes du budget général n’arriveraient pas au montant prévu de 243 milliards de dirhams et n’afficheraient pas l’importante évolution de 6,7% en rapport avec l’exercice de 2018. Dans le cadre de ces perspectives budgétaires qui traduisent un soutien prudent des pouvoirs publics aux activités économiques, l’objectif recherché de réduction du déficit budgétaire à un niveau « soutenable » devrait se réaliser au terme de l’exercice 2019. En croisant les informations budgétaires contenues dans le projet de Loi de Finances et les dernières prévisions de croissance établies par le CMC, le déficit budgétaire ne représenterait que 2,8% du PIB.