Ecrit par Lamiae Boumahrou |
C’est la fin des vacances. Les employés sont de retour aux bureaux, les ouvriers dans les chantiers, les élèves sur les bancs de l’école et bien sûr l’équipe gouvernementale reprend timidement ses fonctions. Mais c’est bien un retour au goût amer notamment en raison de la hausse des prix des hydrocarbures.
En effet, alors que les membres du gouvernement profitaient pleinement de leurs vacances, le citoyen Marocain subissait de plein fouet la hausse des prix de tous les produits. La raison, la hausse successive des prix des hydrocarbures.
En seulement 1 mois, le prix du carburant a augmenté 3 fois soit le 1er août, le 15 août et le 1er septembre avec respectivement des hausses de 0,27 DH/L, 0,76 DH/L et 0,27 DH/L pour le gasoil et de 0,49 DH/L, 0,52 DH/L et 0,49 DH/L pour l’essence. Au total durant le mois de Août, le gasoil a augmenté de 1,3 DH/L passant d’environ 12,46 DH/L à 13,76 DH/L. Quant à l’essence il a enregistré une hausse de 1,5 DH/L.
A noter que bien que les sociétés des hydrocarbures nient toutes accusations relatives à une entente sur les prix, force est de constater que les hausses sont générales et pratiquement identiques.
Les propriétaires des stations-services ne cessent de proclamer que seules les sociétés de distribution des hydrocarbures sont responsables de ces hausses. Des sociétés qui, en l’absence d’un Conseil de la concurrence répressif et ferme dans l’application des lois en vigueur, se permettent d’appliquer leurs propres lois.
Quant au gouvernement, c’est une peine perdue. Sinon, comment le Chef du gouvernement qui est le propriétaire de la société pétrolière qui a la plus grande part de marché pourrait prendre des mesures contre ses propres intérêts ?
C’est bon nous l’avons bien compris, il ne faut plus attendre une intervention de l’Etat ni pour mettre fin à cette avidité des pétroliers ni pour garantir les droits des citoyens. En effet, cette triple hausse qui a coïncidé en pleine période de vacances et à la veille de la rentrée scolaire va mettre à rude épreuve le budget des ménages.
Ces hausses sont-elles justifiées ?
L’analyse des courbes du prix du baril moyen de pétrole fait ressortir une baisse sur le marché international de 1,75% entre la première quinzaine du mois d’août et la deuxième atteignant environ 83,77 dollars américains (614 dollars la tonne). Tandis que la tonne moyenne du gasoil a augmenté d’environ 1,88% pour atteindre 915 dollars américains. L’écart entre le prix du pétrole brut et celui du gasoil raffiné montre bel et bien l’enjeu du raffinage et son impact sur le prix à la pompe.
Compte tenu de cette donne, le gouvernement continuera-t-il à défendre sa position sur la non réouverture de la Samir ? Continuera-t-il à faire imposer aux citoyens des hausses exagérées parfois non justifiées ? Continuera-t-il à fermer l’œil sur les abus des pétroliers ? Continuera-t-il à opter pour le mécanisme le plus facile, le moins contraignant pour le gouvernement mais aussi le moins efficace à savoir la subvention des transporteurs ?
Car selon les derniers chiffres communiqués par le gouvernement, la subvention des professionnels du transport a atteint 5 Mds de DH en 10 mois au profil de 180.000 véhicules soit environ 2.800 DH par véhicule et par mois.
Et ce n’est pas fini. Le gouvernement s’apprête à lancer une nouvelle tranche de subvention à compter du 8 septembre. La subvention devient ainsi quasiment automatique après chaque hausse des prix des hydrocarbures.
L’Etat met bien la main à la poche non pas pour soulager les ménages mais plutôt pour calmer les professionnels du transport. La question est de savoir comment est financée cette subvention ? Selon El Houssine El Yamani, secrétaire général du SNIPG, cette subvention est financée grâce à l’augmentation des recettes de la taxe sur la valeur ajoutée de 10% appliquée sur les carburants ainsi que la taxe sur la consommation intérieure (tic).
« Après l’augmentation du prix du gasoil d’environ 8 DH en moyenne à 14,5 DH en moyenne en 2022, soit une augmentation de 6,5 DH par litre de gasoil, et compte tenu de la consommation annuelle des carburants (gasoil et essence) qui dépasse les 8 milliards de litres, on conclut que les 5 Mds de DH apportés au titre du soutien aux professionnels, proviennent de l’augmentation du produit de la taxe sur la valeur ajoutée », a précisé El Houssine El Yamani.
Dans ce cas pourquoi, dans une optique de toucher directement le citoyen, le gouvernement ne réduirait pas la TVA sur les hydrocarbures ? La balle est toujours dans le camp du gouvernement qui est, rappelons-le, le garant du respect des lois mais aussi et surtout de la paix sociale.