Le compte Tweeter du MTEDD a annoncé : « Le vendredi 11 août 2023 à 21h30, le réseau électrique national a enregistré une pointe de consommation à un rythme sans précédent de 7’310 Mégawatts, soit une hausse de 0,8% par rapport au maximum enregistré en 2022, suite aux canicules successives dans différentes régions du Royaume, ce qui a incité l’utilisation de intensive des climatiseurs.
» Bien entendu, les médias nationaux ont immédiatement rapporté l’information en qualifiant la désignation de « sans précédent » par toutes sortes de superlatifs sans compter la liaison de cette augmentation au réchauffement climatique, etc… Or, pour l’instant, en termes de consommation d’énergie, tout montre que le Maroc n’a pas encore atteint sa taille adulte et, à l’instar d’un enfant qui grandit, il faut savoir raison garder en évitant de désigner toutes nouvelles mensurations par des « records de taille ». Certes, lorsque l’enfant grandit plus vite que d’habitude, cela se traduit par une singularité dans le budget de la famille mais qu’en est-il, historiquement, si cette puissance appelée le 11 août à 21h30 s’avérait finalement être la maximale de l’année 2023 ?
L’électricité nette appelée (ENA) au niveau mensuel
Les ronds bleus de la Figure 1 représentent l’évolution de l’électricité nette appelée (ENA en GWh/mois) mensuellement par le réseau électrique marocain durant les quinze dernières années. Quant à la ligne continue autour de laquelle elle oscille, elle représente son comportement théorique s’il n’y avait pas de variations saisonnières. La Figure 1 ne montre pas encore les données du mois achevé de juillet car il faut sans doute attendre que les données soient validées par la hiérarchie avant d’être communiquées, alors que dans les pays qui respectent l’information de leurs citoyens les données de la demande électrique des derniers jours, même horaires, sont en déjà en ligne gratuitement à la disposition du public.
Figure 1 Evolution de l’électricité nette mensuellement appelée par le réseau électrique marocain
Si durant 85% des mois, l’ENA reste dans un intervalle de ±12% autour de l’évolution moyenne, ce sont surtout les mois d’été qui sont objet d’une demande d’électricité accrue tant en énergie, comme montré par la Figure 1, qu’en puissance instantanément appelée, que nous allons voir plus bas dans la Figure 2.
Contrairement aux pays européens, pour lesquels les difficultés de la satisfaction de la demande électrique se manifestent durant les journées les plus froides de l’hiver, au Maroc elles se manifestent durant les plus chaudes de l’été, probablement celles que nous venons de passer pour l’été 2023. En effet, les différences météorologiques font que les maximums de la demande électrique coïncident avec ceux des besoins en chauffage hivernal en Europe du nord alors qu’au Maroc, ils coïncident avec ceux du refroidissement estival.
Ainsi donc, que la demande marocaine d’électricité soit maximale en été est dû au climat, proprement dit, du pays et ne coïncide en rien avec un subit changement climatique. Maintenant, à supposer que cette puissance appelée de 7’310 MW soit la maximale annuelle de 2023, voyons si elle représente une quelconque singularité dans l’évolution habituelle.
La puissance maximale appelée de chaque année
Pour chaque année, il est un instant où la puissance appelée par le réseau électrique marocain est maximale. Pour les mêmes raisons décrites plus haut, si cet instant se produit en hiver pour les pays d’Europe du nord, c’est en été qu’il se produit au Maroc.
Les ronds bleus de la Figure 2 représentent les puissances maximales appelées par le réseau électrique marocain pour toutes les années de 1980 à 2023 alors que la courbe bleue en ligne continue représente son évolution moyenne structurelle considérée sur l’ensemble de la période (PMA en MW se rapportant à l’échelle de gauche). La courbe continue rouge se rapporte à l’échelle de droite et représente l’évolution de sa croissance annuelle (dérivée logarithmique de la PMA pour les puristes).
Figure 2 Evolution de la puissance maximale annuelle appelée durant chacune des années entre 1980 et 2023
Remarquons qu’après que l’évolution moyenne de la puissance maximale appelée ait subi une croissance annuelle moyenne qui a atteint 6,4% en 2002, elle augmente de plus en plus lentement depuis. La variation de la courbe ajustant la PMA semble même maintenant se diriger vers 1,5%/an. Or, si la puissance maximale appelée de 2022 a subi une croissance conjoncturellement élevée (+8%/an), celle de 2023 a été plutôt faible (+0.8%/an) au regard d’une population qui augmente encore de 0.9%/an et d’un nombre d’abonnés à l’électricité qui croît de plus de 3%/an. Donc, à part la PMA de 2020, rien n’indique que ni celle de 2023, ni même celle 2022, ne s’écartent du comportement moyen, encore moins qu’elles puissent être expliquées par un quelconque changement climatique. Finalement : « Circulez, il n’y a rien d’autre à voir qu’une croissance ‘normale’ de l’enfant dont nous parlions en introduction