Un secteur mature évoluant au rythme de l’économie. En 2020E, et malgré l’impact de la crise du COVID-19, le secteur devrait connaître une hausse des encours de crédits et une légère amélioration des dépôts grâce aux différentes mesures annoncées par les autorités et les institutions nationales. Telles sont les principales conclusions de CFG Bank.
Les analystes de CFG Bank ont passé sous la loupe le secteur bancaire. D’emblée, ils rappellent que le secteur a affiché en 2019 une croissance des dépôts de 2.1% à 953 Mds de DH. Cette hausse est tirée essentiellement par la bonne tenue des dépôts non rémunérés (4,6%) conjuguée à une légère baisse des dépôts rémunérés (-0,4%). A titre indicatif, les dépôts rémunérés représentaient 38,5% des dépôts à fin 2019 contre 39,8% en 2018. Sur la période 2009-2019, les dépôts bancaires ont affiché une croissance annuelle moyenne de 4,9%, avec un TCAM de 5,9% des dépôts non rémunérés et un TCAM de 3,4% des dépôts rémunérés.
Aussi, au cours de la même année, les encours de crédits ont-ils affiché une hausse de 5,3% s’établissant à 916 Mds de DH. Cette hausse résulte de la reprise de la croissance des crédits accordés aux entreprises (7,1%) et une poursuite de la croissance des crédits accordés aux ménages (4%).
Sur la période 2009-2019, les encours de crédits ont marqué une hausse moyenne de 4,7%, un rythme quasiment en ligne avec la croissance nominale du PIB marocain (+4,3%). Selon CFG Bank, cette hausse est tirée par :
- Un TCAM 09-19 de 4,8% des crédits immobiliers, avec un TCAM de 5,2% des crédits accordés aux ménages et de 3,1% pour les entreprises ;
- Un TCAM de 3,5% des comptes débiteurs et crédits de trésorerie, avec 5,7% pour les ménages et une croissance moyenne limitée à 2,3% pour les entreprises privées ;
- Une progression annuelle moyenne de 4,8% des crédits à l’équipement, sous l’effet de l’accroissement des encours accordés aux entreprises publiques (+22,6% contre +1,3% pour les entreprises privées) ;
- Une progression annuelle moyenne de 6,5% des crédits à la consommation.
Dans un pareil contexte, les créances en souffrance ont crû de 8,5% en moyenne sur la période 2009-2019 tirées par le segment des entreprises privées (11,5%) et dans une moindre mesure par le segment des ménages (5,7%). Le taux des créances en souffrance s’est établi à 7,55% contre 7,49% en 2018 contre une moyenne de 6,2% sur les dix dernières années.
Sous l’effet Covid…
D’après les analystes de CFG Bank, en 2020 et malgré l’impact de la crise sanitaire, le secteur devrait connaitre une hausse des encours de crédits et une légère amélioration des dépôts. Cette situation serait due aux différentes mesures annoncées par les autorités et les institutions nationales.
Il sied de rappeler que face à la pandémie du Covid-19, les pouvoirs publics et les autorités monétaires ont mis en place d’importantes mesures. Durant les deux derniers conseils, la Banque Centrale a annoncé une baisse de 75 Pbs de son taux directeur à 1,50% (-25 pbs en mars et – 50 Pbs en juin). Sans omettre la décision de Bank Al Maghrib de tirer sur l’intégralité des 3 Mds de dollars de la Ligne de Précaution et de Liquidité du FMI pour compenser la baisse des recettes touristiques, la contraction des IDE, et le ralentissement des transferts des marocains résidents à l’étranger en 2020E et contribuer à préserver la valeur du dirham. Mais encore, la possibilité de report des échéances bancaires pour les ménages et les entreprises.
Des lignes de financement spécifiques garanties par la CCG ont été également lancées (à hauteur de 80% à 95% avec un taux d’intérêts plafonné à 200 Pbs en prime du taux directeur) à savoir :
- Damane Oxygène : destiné principalement aux TPME (CA<200 MDH), ce crédit à court terme (remboursable in fine au plus tard le 31 décembre 2020 ou amortissable sur une période maximum cinq ans) a pour objectif de couvrir jusqu’à 3 mois de charges courantes liées à l’exploitation avec un plafond à 20 MDH ;
- Damane Relance TPE : destiné à toutes les entreprises avec un CA de moins de 10 MDH. Avec un montant maximum de 10% du CA et une durée de 7 ans (et un différé jusqu’à 2 ans), ce mécanisme a pour objectif de financer le BFR et la relance de l’activité.
- Damane Relance : destiné à toutes les sociétés dont le CA est supérieur à 10 MDH hormis le secteur financier et les Holding. Avec un plafond de 100 MDH (même conditions de remboursement pour Relance TPE) cette ligne de financement a pour objectif de financement de BFR avec au moins 50% du montant alloué au règlement des fournisseurs.
Une dégradation du coût du risque
Les deux derniers mécanismes engendreraient selon les estimations du Comité de veille économique une production de près de 68 Mds de DH en 2020. « Ainsi, malgré les répercussions sévères de la crise sanitaire sur la performance économique du Maroc et de ses principaux partenaires commerciaux, le secteur bancaire devrait selon nous faire preuve de résilience et afficher des performances commerciales en progression grâce notamment aux mesures déployées par l’Etat pour financer et soutenir les entreprises et les ménages », expliquent les analystes.
Selon les prévisions des analystes, les dépôts les dépôts devraient connaitre une légère progression en 2020E (+1,1% à 963 Mds de DH), une évolution portée par une progression de 2,1% des dépôts non rémunérés combinée à une quasi-stabilité des dépôts rémunérés. Il est à souligner que selon ces prévisions cette tendance intègre l’hypothèse d’un impact limité de la crise actuelle sur nos réserves de changes et
d’un retour du niveau de la monnaie scripturale à un niveau normatif après le mouvement de panique observé en mars avec pour conséquence des retraits massifs de liquidités.
En ce qui concerne les créances en souffrance, En effet, CFG Bank table sur une montée des CES pour le segment entreprise à partir du T3-2020, le T2-2020 ayant été épargné de cette hausse en raison des reports des échéances.
Le segment des ménages compterait également une hausse des CES compte tenu d’une conjoncture économique difficile qui devrait induire une dégradation des revenus des ménages et aussi une hausse du taux de chômage (12% en 2020E selon le FMI vs. 9% à fin 2019). Tenant compte de ces hypothèses, le taux de CES s’établirait à 8,5% à fin 2020 contre 7,5% en 2019.
En 2020E, le coût du risque devrait marquer une hausse largement supérieure à celle des créances en souffrance suite à l’impact du COVID-19. Cette année serait également marquée par une forte dégradation du coût du risque. En effet, depuis l’implémentation de la norme IFRS 9 les banques sont tenues, en plus de constater des provisions sur des risques avérés, de reconnaitre des dépréciations des actifs financiers basées sur les pertes de crédit attendues (Expected Credit Losses).
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