Ecrit par L. Boumahrou I
Le procès devant le CIDRI était l’une des raisons pour laquelle le gouvernement refusait de réouvrir le dossier de la Samir. Après que le tribunal international ait prononcé son verdict, le gouvernement reconsidéra-t-il la possibilité de la réouverture de la raffinerie ?
La sentence du CIDRI dans l’affaire de la Samir est tombée comme un couperet. Et pour cause, en plus des pertes financières colossales que Al-Amoudi a causées pour le Maroc, le CIRDI lui a donné en partie raison en condamnant le Maroc à verser une indemnisation de 150 millions de dollars.
Une double peine pour l’Etat marocain qui, rappelons-le, est le premier créancier soit plus de 40% des 30 Mds de DH dus par cette entreprise.
Bien que cette condamnation ne représente que 6% du montant demandé par le groupe Corral Morocco Holding à savoir 2,7 milliards de dollars, force est de constater que cette peine va faire mal au budget de l’Etat.
Le Maroc ne s’est-il pas bien défendu ? N’a-t-il pas bien exploité les éléments de preuve dont il possédait contre Al-Amoudi ? Autant de questions qui restent en suspens.
Mais la question lancinante est celle de la reprise des activités de la Samir, plus que jamais à l’ordre du jour.
Une question légitime tenant compte du fait que depuis des années partis politiques, syndicats et surtout Front national pour la sauvegarde de la raffinerie marocaine de pétrole, n’ont cessé de sommer le gouvernement à franchir le pas de la réouverture pour, entre autres, garantir la sécurité énergétique du pays.
Des voix qui n’ont jamais trouvé échos auprès du gouvernement. Sans le dire haut et fort, l’Exécutif a souvent laissé entendre que sa position était liée au procès devant le Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements.
La réouverture de la Samir aurait engendré à l’Etat marocain une peine encore plus lourde.
Le 19 avril 2022, le Chef du gouvernement avait pourtant déclaré devant le Parlement « Le gouvernement aurait aimé qu’un investisseur puisse reprendre et rouvrir la Samir. Le gouvernement n’a pas arrêté la Samir mais il a un problème juridique avec le propriétaire de la raffinerie devant le tribunal international ». A en croire Akhannouch, désormais rien ne bloque la reprise de la Samir après le verdict du CIDRI ou du moins la réouverture du dossier.
Certes comme l’avait déclaré la ministre de la Transition énergétique et du développement durable, Leila Benali, le dossier de la “Samir” se caractérise par “une complexité sans précédent”, eu égard à l’accumulation de problèmes durant plus de 20 ans, ce qui a engendré un arrêt de la raffinerie la “Samir”, la transmission du dossier à la justice et la mise en liquidation judiciaire, avec la poursuite de son activité sous la supervision du syndic et un juge-commissaire. Mais faut-il pour autant rester les bras croisés et attendre qu’il n’y ait plus d’espoir de sauver la raffinerie.
Jusqu’à quand cette situation va-t-elle perdurer ?
Faut-il rappeler que la raffinerie est la seule issue possible et la seule garantie permettant d’augmenter les réserves nationales en énergie pétrolière et de faire face au risque d’interruption ou de perturbation des approvisionnements.
Faut-il aussi rappeler que les fluctuations des prix énergétiques à l’international continuent de peser sur notre facture énergétique et menacent une remise en question des prévisions économiques de l’année en cours. En effet, depuis l’arrêt de la raffinerie la Samir, le Maroc est plus exposé aux fluctuations des prix à l’international d’où l’importance du stock de sécurité des produits pétroliers et du gaz.
Et bien que le stock de sécurité est un impératif pour garantir la sécurité énergétique du pays, les exigences réglementaires ne sont pas respectées.
Alors que le stock devrait se situer à 60 jours de consommation pour les produits raffinés chez les distributeurs et ce conformément à la loi en vigueur, les derniers chiffres dont nous disposons remontent à janvier 2023 où le stock de sécurité du gasoil et du gaz butane était d’un peu plus de 30 jours. Plus précisément 1,9 million de mètres cubes pour les produits pétroliers liquides et environ un demi-million de mètres cubes pour le gaz de pétrole liquéfiés. Nous sommes très loin du compte soit du stock réglementaire.
Ceci dit, si le gouvernement a maintenu le silence à ce jour pour des raisons de confidentialité et pour ne pas influencer le procès, il est aujourd’hui dans l’obligation de dévoiler les tenants et aboutissants de cette saga judiciaire, de remettre le dossier de la Samir sur la table des négociations et de statuer, une bonne fois pour toute, sur l’avenir de la raffinerie.




