Ecrit Lamiae Boumahrou I
En avril dernier, la ministre de tutelle annonçait un investissement de 3 Mds de DH en 2023 pour renforcer le stock de sécurité des produits pétroliers et du gaz. Depuis on n’en sait rien sur la réalisation de ces investissements encore moins sur le stock de sécurité du Maroc qui atteignait à peine 30 jours soit à peu près 50% du stock réglementaire.
Les fluctuations des prix énergétiques à l’international, épée de Damoclès sur l’économie marocaine, continuent de peser sur notre facture énergétique et menacent une remise en question des prévisions économiques de l’année en cours.
Avec les crises qui se succèdent et les tensions géopolitiques qui s’intensifient, la question de la souveraineté énergétique s’impose avec acuité notamment pour un pays qui dépend exclusivement de l’étranger.
C’est le cas du Maroc dont la part des énergies fossiles (produits pétroliers, gaz naturel et charbon) s’accapare la part léonine du mix énergétique. Bien qu’en 2023 (à fin novembre), la facture énergétique ait baissé de 21,4% selon l’Office des changes, elle continue de peser lourdement sur la balance commerciale.
Rappelons que depuis l’arrêt de la raffinerie la Samir, le Maroc est plus exposé aux fluctuations des prix à l’international d’où l’importance du stock de sécurité des produits pétroliers et du gaz.
Un stock qui, faut-il rappeler, devrait se situer à 60 jours de consommation pour les produits raffinés chez les distributeurs et ce conformément à la loi en vigueur.
Les derniers chiffres dont nous disposons remontent à janvier 2023 où le stock de sécurité du gasoil et du gaz butane était d’un peu plus de 30 jours. Plus précisément 1,9 million de mètres cubes pour les produits pétroliers liquides et environ un demi-million de mètres cubes pour le gaz de pétrole liquéfiés. Le Maroc étant très loin du stock réglementaire.
Nous avons contacté le Ministère de l’Energie, des Mines, de l’Eau et de l’Environnement pour savoir si cette tendance a été rectifiée mais aussi si les investissements annoncés par la ministre de tutelle ont bel et bien été réalisés, mais en vain. La question semble même déranger. Et pourtant, l’information devrait être accessible et publique. Mais bon il faut dire qu’en matière d’accès à l’information, le gouvernement d’Akhannouch n’est pas un bon exemple.
Nous avons posé la question à d’autres acteurs dont certains nous ont confié que les capacités de stockage sont, semble-t-il, inchangées depuis les derniers chiffres annoncés par la ministre, Leila Benali, devant le parlement en avril 2023.
La ministre avait promis en avril 2022 que pour remédier à cette situation qui menace notre souveraineté énergétique, le gouvernement veillerait à la mise en œuvre des projets programmés par le secteur privé pour atteindre une capacité totale supplémentaire de stockage des produits pétroliers liquides s’élevant à plus de 550.000 tonnes.
Il était question de débloquer une enveloppe de 3 Mds de DH à l’horizon 2023 dont 2 Mds de DH pour les produits pétroliers liquides et 1 Md de DH pour le gaz butane pour les infrastructures de stockage. L’objectif était d’atteindre des capacités de stockage de plus d’un demi-million de mètres cubes, soit environ 13 jours supplémentaires.
Une enveloppe supplémentaire étant donné que l’Etat finance déjà les investissements du stock stratégique que les distributeurs sont tenus de garantir.
Des engagements que les pétroliers n’ont jamais respectés. Pis encore, l’Etat contribue, d’une manière indirecte, à ce constat étant donné que les sanctions prévues par le dahir portant loi n°1-72-255 du 22 février 1973 par dérogation aux dispositions de la loi n°9-71 spécifique aux stocks de sécurité n’ont jamais été appliquées, du moins pas à la connaissance du grand public.
L’application de ces sanctions, qui se chiffreraient en milliards de dirhams, non seulement aurait contraint les distributeurs à respecter la loi en vigueur mais aurait également permis de renflouer les caisses de l’Etat et ainsi financer les projets sociaux.
Si le gouvernement a réellement investi les 3 Mds de DH pour renforcer le stock stratégique du Maroc il devrait parallèlement veiller à l’application de la loi en vigueur à l’encontre de tous ceux qui, intentionnellement, font fi des lois. Nous devrons être tous égaux devant la loi comme le stipule la Constitution.