Ecrit par S.E. |
La crise actuelle a montré la vulnérabilité des actifs du secteur des assurances. Ce qui implique de s’inscrire rapidement dans une politique durable de renforcement des fonds propres par les différents instruments et leviers offerts (augmentation des fonds propres, politique de distribution des dividendes, moins d’exposition au risque marché, ….).
La crise profonde que traverse le monde aujourd’hui a bouleversé les dogmes et les paradigmes à telle enseigne qu’il est devenu impératif de réfléchir en urgence à de nouvelles solutions et alternatives pour assurer une relance économique avec pour toile de fond l’équité sociale et la réduction des disparités sociales et spatiales. De telles disparités ont été bien mises en évidence suite à la pandémie liée à la Covid-19.
Le choix de la thématique du 7e RDV de l’assurance sous le thème « l’inclusion en assurance & résilience aux pandémies » n’est donc pas fortuit. Il se veut un moment propice pour échanger et trouver des pistes de réflexion à même d’aider une frange importante de la population à accéder aux offres financières dont l’assurance inclusive.
Selon l’Association Internationale des Contrôleurs d’Assurances (AICA), dont le Maroc est un membre actif, l’assurance inclusive se présente comme : « tous les produits d’assurance destinés aux segments de marché exclus ou mal servis en général – plutôt que ciblant exclusivement les pauvres ou le marché à faibles revenus dans une acception étroite », rappelle à juste titre Othman Khalil El Alamy, Secrétaire Général de l’ACAPS.
Dans son intervention lors du 7e RDV de l’assurance, il rappelle l’étude lancée en 2019 et ce en collaboration avec la FMSAR et le MFE. Cette étude a révélé l’importance et la diversité de la protection et les couvertures que l’assurance peut apporter aux populations (les jeunes de 18 à 25 ans, les personnes âgées de 65 ans et plus, des femmes au foyer, des ménages à revenu modeste, la population rurale, les très petites entreprises). «Elles laissent entrevoir un potentiel de développement prometteur pour ce marché, quand on sait, qu’à fin 2020, 1,6 million de contrats de micro-assurance seulement ont été commercialisés au Maroc », annonce O. El Alamy.
En ce qui concerne la stratégie nationale d’inclusion financière SNIF menée de concert avec BAM et le MEFRA, il rappelle qu’un travail collectif est mené pour faire évoluer le cadre réglementaire. A ce titre des amendements réglementaires favorisant la simplification des contrats de micro-assurance (à travers une limitation des exclusions, un délai d’indemnisation réduit et une simplification des procédures de gestion des contrats et des déclarations en cas de sinistres) et l’élargissement des canaux de distribution notamment via les établissements de paiement sont de plus en plus introduits. « D’ailleurs, un projet de circulaire de l’Autorité, vient d’être transmis au Ministère des finances pour homologation (après avoir reçu un avis favorable de la Commission de régulation…) », rappelle le SG de l’ACAPS.
L’Autorité se prépare également à lancer dès cette année une enquête de pénétration annuelle de la micro-assurance au Maroc. Le leitmotiv est d’établir un baromètre pour disposer d’un état des lieux précis et de suivre l’impact réel, auprès des populations cibles, des diverses mesures et initiatives entreprises en vue de leur éventuel ajustement.
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Les enseignements à tirer…
Aussi, comme annoncé par El Alamy, la crise pandémique redessine les frontières de l’intervention de l’assurance. Autrement dit, cette crise a rendu le débat sur les limites de l’assurabilité, essentiel, amenant ainsi les pouvoirs publics, les opérateurs économiques et la société dans son ensemble à réfléchir aux solutions qui doivent être apportées.
L’assurance des pertes d’exploitation liée à la cessation d’activité est le parfait exemple. Selon une récente publication de la Geneva Association (traitant de la question de l’assurabilité du risque pandémique), moins d’1% des pertes économiques mondiales, estimées à plus de 4500 milliards de dollars américains pour la seule année 2020, est pris en charge par les assurances de la perte d’exploitation. Avec des primes de l’ordre de 30 milliards de dollars américains au niveau mondial, l’assurance de la perte d’exploitation est une niche au sein des assurances de dommages qui génèrent, elles, pour près de 1600 milliards de dollars américains de primes ».
Il est ainsi communément admis que les réponses doivent émaner d’une logique partenariale engageant pouvoirs publics et opérateurs à l’image du dispositif marocain de la couverture des évènements catastrophiques.
Dans un souci de résilience et pour accompagner l’économie, il est judicieux pour le secteur des assurances de concevoir de nouvelles couvertures d’assurances liées par exemple à la perte d’emploi, aux cyber attaques, au télétravail et éventuellement aux pertes d’exploitation. Mais avant toute chose, il est important de rappeler que la crise actuelle a montré la vulnérabilité des actifs du secteur. Ce qui implique de s’inscrire rapidement dans une politique durable de renforcement des fonds propres par les différents instruments et leviers offerts (augmentation des fonds propres, politique de distribution des dividendes, moins d’exposition au risque marché, ….). D’où l’intérêt de s’engager résolument dans des projets de Solvabilité Basée sur les Risques (SBR).
Et pour conclure, le SG de l’ACAPS annonce : « A moyen terme toujours, nous pourrions réfléchir à un mécanisme de couverture contre le risque pandémique qui pourrait engager une dynamique partenariale entre pouvoirs publics et opérateurs pour permettre à nos sociétés d’être plus fortes et résilientes face à ces risques ».