La gestion des risques climatiques n’est plus une option mais une nécessité stratégique, portée par des initiatives qui placent le Maroc parmi les pionniers régionaux en matière de durabilité.
Dans un contexte marqué par l’urgence climatique, la montée des inégalités sociales et la demande croissante de transparence, les critères Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance (ESG) se sont imposés comme des leviers incontournables de transformation économique. « Longtemps perçues comme des démarches volontaires et périphériques, ces pratiques occupent désormais une place centrale dans la stratégie des entreprises, influençant autant leur performance financière que leur légitimité auprès des parties prenantes », tient à rappeler BKGR dans une récente étude.
À l’échelle internationale, les cadres de référence, tels que la norme ISO 26000, les Objectifs de Développement Durable (ODD) de l’ONU ou encore les lignes directrices de la Global Reporting Initiative (GRI) fixent des standards ambitieux et convergents, tout en laissant place à des adaptations nationales. Les marchés financiers intègrent de plus en plus ces critères dans leurs analyses au moment où les autorités renforcent leurs obligations de reporting extra-financier, traduisant ainsi un passage progressif du volontariat à la régulation.
Ainsi, dans un contexte où la dimension ESG s’impose comme un levier stratégique de performance et de résilience, la question de l’atténuation des risques climatiques se positionne désormais au cœur des priorités, tant à l’échelle internationale qu’au niveau national.
En effet, la montée du niveau des mers, les vagues de chaleur prolongées et les perturbations des écosystèmes soulignent l’urgence d’une réponse coordonnée et ambitieuse. Ces risques, à la fois physiques et de transition, affectent non seulement la stabilité environnementale, mais également les dynamiques économiques, sociales et géopolitiques.
Le Maroc, bien qu’ayant une empreinte carbone relativement faible, n’est pas épargné par les conséquences du dérèglement climatique. Le pays fait face à des défis croissants tels que la raréfaction des ressources hydriques, la désertification, la vulnérabilité des zones côtières et l’impact sur les secteurs agricoles et énergétiques. Dans ce cadre, l’analyse des risques climatiques revêt une importance stratégique, tant pour anticiper les impacts que pour orienter les politiques d’adaptation et de résilience.
Dans ce sillage, une transition vers une économie plus durable et responsable s’accélère, portée par des initiatives publiques et privées visant à aligner les pratiques locales sur les standards internationaux. Toutefois, des défis subsistent, à savoir la disponibilité des données ESG, la maturité des mécanismes de gouvernance et la capacité à mesurer l’impact réel des engagements pris. L’analyse des risques climatiques, couplée à une lecture fine des indicateurs ESG, offre ainsi une grille de lecture pertinente pour évaluer la vulnérabilité des secteurs économiques et orienter les politiques d’adaptation.
« Le changement climatique ne se limite pas à un enjeu environnemental. Il constitue un facteur de risque systémique susceptible d’affecter les chaînes de valeur, la stabilité financière et la sécurité socio-économique mondiale », annonce BKGR. Et d’ajouter : « Pour un décideur, un investisseur ou un acteur institutionnel, comprendre la nature et l’ampleur de ces risques n’est pas une démarche académique, mais un impératif de gestion et d’anticipation. Trois grandes catégories se distinguent : Les risques physiques, les risques de transition et les risques systémiques et socio-économiques ».
Ainsi, la gestion des risques climatiques requiert une approche intégrée combinant adaptation aux effets physiques, anticipation des contraintes de transition et prévention des effets systémiques. L’analyse de ces risques n’est pas un exercice théorique : elle conditionne la résilience des entreprises, la stabilité des marchés et la sécurité des populations dans les décennies à venir.
« La gestion des risques climatiques n’est plus une option mais une nécessité stratégique, portée par des initiatives qui placent le Maroc parmi les pionniers régionaux en matière de durabilité », annonce BKGR
En effet, le Royaume a inscrit depuis longtemps le développement durable au cœur de sa stratégie nationale. Signataire de nombreuses conventions internationales et doté d’un arsenal institutionnel renforcé par la Constitution de 2011, le pays s’est engagé dans une Stratégie Nationale de Développement Durable structurée autour de sept enjeux prioritaires et de 132 objectifs.
L’action marocaine se traduit par des programmes sectoriels d’envergure, visant à conjuguer atténuation des émissions et adaptation aux impacts climatiques.
En matière énergétique, le Royaume maintient l’objectif ambitieux d’au moins 52% de capacité électrique installée issue de sources renouvelables d’ici 2030, avec 15 GW supplémentaires attendus entre 2025 et 2030, principalement en solaire, éolien et hydraulique.
L’initiative « Morocco Offer », lancée en 2024, soutient également le développement de l’hydrogène et de l’ammoniac verts, favorisant la décarbonation industrielle et renforçant le positionnement du Maroc sur les marchés régionaux et européens.
L’atténuation des risques climatiques s’impose désormais comme un impératif stratégique et non plus comme une option. À l’échelle internationale, les efforts de décarbonation s’accélèrent sous l’impulsion des cadres réglementaires, des marchés financiers et des engagements nets zéro des entreprises. Le Maroc, pour sa part, s’inscrit résolument dans cette dynamique à travers l’actualisation de sa NDC et la mise en œuvre de la Stratégie Bas Carbone 2050, affirmant son ambition de neutralité carbone.
L’intégration des principes RSE et climatiques ouvre de nouvelles perspectives pour le Maroc. Elle améliore l’attractivité des entreprises auprès des investisseurs étrangers et des talents, facilite l’accès à des financements verts et stimule la création d’emplois dans les énergies renouvelables et les services liés à la transition climatique.
À terme, ces dynamiques peuvent renforcer la compétitivité du pays et soutenir l’émergence d’un modèle de développement durable et résilient. Toutefois, la réussite de cette trajectoire exige une approche intégrée combinant innovation technologique, mobilisation des financements verts et implication active des acteurs privés.
Dans ce contexte, la question n’est plus de savoir si la transition climatique devrait avoir lieu, mais à quelle vitesse et sous quel modèle économique. L’émergence de nouveaux instruments financiers, l’intégration accrue des critères ESG dans la valorisation des actifs et la convergence entre digitalisation et durabilité ouvrent la voie à des opportunités inédites. La prochaine étape devrait consister à transformer ces engagements en leviers tangibles de compétitivité et de résilience, en plaçant la finance durable et l’innovation au cœur de la stratégie nationale.
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