Le Covid-19 de par son ampleur, ses secrets, son incertitude… remet sur la table l’épineuse problématique de l’exactitude de l’information.
La crise sanitaire que traverse notre pays a mis à nu plusieurs fragilités qui, au fil de l’eau, ont été reléguées au second rang pour différentes raisons. A ce titre, nous souhaitons rappeler que hormis notre système de santé, celui de l’éducation, la digitalisation qui cristallisent aujourd’hui le débat à cause d’un laisser-aller, le Maroc souffre d’autres défaillances pour ne citer que celle de notre système d’informations. Or, dans un contexte volatil et incertain, notre économie a besoin d’un système d’informations fiable et précis.
L’obsolescence des textes
Le Maroc brille par l’absence d’un système d’informations fiables. Comme en témoigne la cacophonie des taux de croissance publiés par les différentes institutions chargées du suivi de la conjoncture économique avec des différences de plus de 0,5 point. Ces biais montrent que le Maroc est appelé à prendre les mesures qui s’imposent en la matière. En effet, malgré le nombre important de ces institutions, des insuffisances en matière d’analyse de la conjoncture subsistent. Ces insuffisances concernent notamment l’état de l’information et son utilisation par ses différents détenteurs ce qui limite considérablement toute tentative de développement des méthodes d’évaluation de l’activité économique. L’exemple le plus édifiant est le contraste constaté en 2019 entre un taux d’inflation trop bas oscillant autour de 0% et une détérioration du pouvoir d’achat à cause de la hausse du coût de la vie.
A l’occasion d’un séminaire dédié au système national d’information et à la modélisation économique, le wali de BAM, Abdellatif Jouahri n’a pas manqué de rappeler que dans une perspective plus large, il y a urgence de revoir le cadre légal du système statistique national. Celui-ci reste en effet régi par des textes qui remontent à 1968, soit plus d’un demi-siècle. Cette obsolescence des textes n’est sans doute pas sans impact sur les chiffres et, du coup, sur des prises de décisions stratégiques.
Ajoutons à cela que la définition des indicateurs varie parfois entre les institutions nationale et internationale, ce qui nuit à l’audit de ces indicateurs et bien entendu à leur performance.
L’information, ce premier ingrédient
En effet, nous savons très bien que les systèmes d’informations et d’informations statistiques en particulier, par leur degré de pertinence et de performance et par l’étendue de leur couverture sectorielle et spatiale, constituent un indice révélateur du niveau de développement du pays. En cause, ils attestent du niveau d’avancement réalisé par une économie en matière de transparence et de bonne gouvernance économique. Les progrès enregistrés en la matière témoignent aussi de l’intérêt qu’accordent les décideurs politiques et les opérateurs économiques aux données chiffrées pour apprécier les évènements conjoncturels à leur juste valeur et établir les tendances à terme avec moins d’incertitudes pour argumenter leurs orientations stratégiques. Ce qui permet d’éviter de prendre des décisions sur des anticipations ou sur une perception approximative ou différente de la réalité.
Une chose est sûre : avec l’importance de la quantification des phénomènes économiques et sociaux chez les analystes et les économistes pour mesurer les performances des politiques publiques et pour procéder à leur évaluation, les statistiques ont pris une place de choix dans l’élaboration des actions stratégiques. Elles se sont imposées comme clé de voûte des prises de décision en matière de politiques économiques, sociales et environnementales.
L’information en continu
Vaille que vaille le but recherché aujourd’hui pour le Maroc, à l’instar d’autres pays, serait de fournir un diagnostic sur l’évolution récente et future de l’activité économique et anticiper ses tendances. Un système fiable apporte de ce fait une aide précieuse aux différents responsables tant publics que privés dans leur prise de décision.
Mieux encore, il faut qu’il y ait une permanence en matière de fiabilité des informations attestée par une instance indépendante qui veille à la sincérité des informations injectées dans le système, l’exactitude des traitements voire de la production. Des réalités qui seront appelées par l’opinion publique suite au droit d’accès à l’information.