Après avoir gagné 7 places dans le classement Doing business 2020, le Maroc estime qu’il peut, haut la main, faire partie du Top 50 en 2021. La Covid-19 en a décidé autrement.
Les indicateurs mensuels tels que publiés par l’Office des changes font ressortir un dégradation des Investissements directs étrangers. A fin août 2020, le flux net des Investissements Directs Etrangers (IDE) a atteint 9.607 MDH contre 13.425 MDH un an auparavant, soit -3.818 MDH ou -28,4%. Cette dégradation aussi importante ne peut être mise uniquement sur le dos de la crise sanitaire. D’autres indicateurs entrent en jeu.
Avant de pointer du doigt les défaillances qui persistent et qui entravent l’amélioration du flux des IDE au Maroc, force est de reconnaître que des efforts importants ont été déployés au cours des dernières années en matière de facilitation des affaires. Dans le dernier rapport du Doing business 2020, le Maroc a amélioré son rang de 7 places. Il est classé 1er en Afrique du Nord et 3ème dans la région MENA. Il occupe le 1er rang en Afrique de l’Ouest et le 3ème dans le Continent. Des avancées très louables que nous ne pouvons qu’applaudir et qui attestent des avancées réalisées pour améliorer le climat des affaires. D’ailleurs le Maroc aspire faire partie du Top 50 en 2021.
Ces avancées ne doivent toutefois pas faire fi des obstacles qui empêchent le tissu économique de se développer à la fois sur le marché national et international. Il y a un an, faire partie du Top 50 paraissait à portée de main pour un Maroc classé au 53e rang, mais actuellement, il s’agit d’un objectif difficile à atteindre à cause de la crise sanitaire qui a retardé plusieurs réformes. D’autres priorités ont pris le devant de la scène.
« Ce but peut être atteint si la dynamique actuelle des réformes ne faiblit pas et si, par ailleurs, la levée des contraintes liées aux questions juridiques, celles de l’accès au financement surtout des petites et moyennes entreprises, et à la réduction de l’informalité sont résolues au cours des deux prochaines années », tiennent à rappeler les conjoncturistes.
Gagner 3 places passe également par d’autres réformes à parachever pour ne citer que l’adaptation du code du travail, la réforme des centres régionaux d’investissement et de la mise en place d’un système d’encouragement des innovations. Nous ne cesserons jamais de le dire, le Maroc pâtit de l’absence d’une stratégie adéquate en matière de recherche & Développement. Les dépenses en R&D qui représentaient seulement 0,8% du PIB en disent long sur le chemin restant à parcourir. La crise sanitaire liée à la pandémie Covid-19 a mis en exergue les fragilités inhérentes.
Dans le même ordre d’idées, tous les efforts fournis en matière d’attraction d’investissements étrangers ont pour toile de fond d’assurer la confiance des investisseurs. Dans une conjoncture difficile où l’ensemble des indicateurs sombrent, l’atteinte d’un tel objectif frôle l’irréel. Il se double d’un tourment additionnel qui consiste à trouver les moyens de sauver le soldat « entreprise », fortement anéanti par la crise.
« L’objectif, établi par le Royaume, d’accéder, en 2021, au top 50 du classement Doing business peut-être compromis, tant les incertitudes brouillent toute visibilité des perspectives de relance et de repositionnement des différents pays dans ce challenge », appréhendent les conjoncturistes. Devant l’attentisme prescrit par le Coronavirus aux investisseurs, la Commission nationale du climat des affaires s’évertue à identifier les recettes qui permettraient de surmonter l’engourdissement qui a affecté, à la fois, le pays et ses principaux partenaires.
L’aspiration à vouloir assurer une reprise économique vertueuse repose, dans sa légitimité, sur la capitalisation des acquis, s’agissant particulièrement de la simplification et de la dématérialisation des procédures administratives et dans une généralisation des échanges de données informatiques (EDI). Elle repose par ailleurs sur la lutte contre ce fléau endémique qu’est la corruption, qui gangrène notre économie, cet indicateur clé que scrutent attentivement les investisseurs étrangers avant même de prendre une décision afférente à l’acte d’investir.
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