Personne ne peut se substituer à l’Etat en matière de justice sociale. Cette dernière est un élément clé d’équilibre des sociétés que Michel Bouvier, le président de Fondafip, estime qu’acteurs publics et privés doivent financer sa réalisation.
EcoActu.ma : Ce 21 septembre s’ouvre à Rabat la 12ème édition du colloque international des Finances publiques. Qu’est ce qui a présidé au choix du thème « Finances publiques et justice sociale » de cette rencontre ?
Michel Bouvier : Nous avons décidé de ce thème il y a environ un an et demi. Nous sommes partis du constat que, dans le monde, quels que soient les pays, développés ou en développement, la fracture sociale allait en s’accroissant. Autrement dit, l’écart entre les plus riches et les plus pauvres constitue un phénomène inquiétant à divers titre. Pour des raisons humanitaires bien sûr mais aussi pour la démocratie, pour la paix sociale, pour le développement économique, etc. L’injustice sociale est une menace pour l’équilibre de nos sociétés voire même de la planète. C’est ainsi qu’il nous est apparu nécessaire de s’interroger sur la capacité des finances publiques à s’inscrire dans la recherche d’une certaine justice sociale ainsi que sur les institutions publiques ou privées concernées.
En matière de justice sociale et de développement humain, le Maroc dispose d’une initiative, l’INDH, qui a plus de 13 ans à son actif. Mais une telle initiative est-elle de nature de supplanter le rôle de l’Etat en matière de Justice sociale ?
Il s’agit là en effet d’une institution qui tient une place particulièrement importante au Maroc dans la lutte contre la précarité et la pauvreté. Elle joue un rôle de premier plan. Elle ne peut toutefois pas se substituer à l’Etat en matière de justice sociale, elle participe à ses côtés comme aux côtés d’autres institutions publiques ou privées à soulager les plus démunis.
En évoquant le chantier de la régionalisation avancée, quel rôle des collectivités locales dans la lutte contre les inégalités et instaurer une véritable justice sociale ?
Les collectivités locales parce qu’elles ont en charge de nombreux services publics, parce qu’elles jouent un rôle essentiel dans le développement économique, notamment par les investissements qu’elles réalisent, mais aussi parce qu’elles sont en contact direct avec les populations, sont des acteurs de premier plan pour la réalisation de la justice sociale. Avec la régionalisation avancée les finances locales devraient constituer un facteur de plus en plus important à cet égard.
La justice sociale est-ce un projet « banquable », peut-on financer ses objectifs ? Si oui comment et par quels acteurs ?
Si l’on considère que la justice sociale est un facteur clef de l’équilibre d’une société il parait non seulement raisonnable mais indispensable, crucial, d’en financer la réalisation aussi bien par les acteurs publics que privés. Toutefois, nous sommes dans une période de transition et les risques majeurs qui menacent notre avenir ne sont pas hélas toujours perçus à leur juste mesure et traduisent même parfois un certain désarroi.