Une pensée pour cette insoutenable peine dispersée sur la route de Taza. Une pensée pour cette insondable douleur des familles coupées de la ligne d’un destin qui brutalement se brisa. Et à la peine de cette absence, une nécessaire présence : et maintenant, qu’allons-nous faire ?
17 âmes perdues dans un accident de la route, et des centaines d’accidents de la route évitables par des politiques qui n’ont besoin que de tenir la route.
L’enquête est ouverte et devra déterminer les causes derrière le malheur de cette affaire. Mais une enquête qui devra produire publiquement l’effet miroir d’une gouvernance en jachère, et surtout qui ne devra pas aussi rapidement être expédiée que celle du dernier déraillement de train dont le Maroc a, il y’ a quelque temps, souffert.
Car il est aussi temps d’entrevoir dans la route de Taza, l’autoroute de tous les manquements à des politiques auxquelles on se refusa.
Le temps du dérèglement du temps qui nous a rattrapé, sans nous avoir préparé, et qui convoque de réviser l’ensemble du réseau routier. Le réviser, non seulement, comment, vers qui et à quoi il dessert, mais également et surtout démontrer par ces temps là, à quoi la qualité du bitumineux sert. Nos infrastructures doivent tenir compte des nouvelles réalités pour nous apprendre une nouvelle culture de la transparence et de la qualité.
Le temps d’imposer le réinvestissement des communes dans la gestion de leurs affaires de proximité, cette affaire dont on parle depuis une éternité.
Le temps pour les autorités institutionnelles de justifier de la légitimité de leur tutelle, à gérer et serrer les diverses diversions et divagations de lois non respectées, transformées en passe droit à ceux qui ne devraient pas en profiter de surcroît.
Le temps de clarifier les responsabilités, pour les étendre à ceux qui cherchent à les cafouiller, car allez savoir toutes les conditions endurées par ces chauffeurs de fortune, qui peuvent laisser échapper les exigences de confort et de sécurité.
Le temps de réinstitutionnaliser la formation et l’éducation, de qualité, et c’est là une précision à dicter.
Le temps de fermer les hôpitaux, s’ils ne sont pas ouverts pour sauver des vies prises en étau.
Le temps…..il est temps.
Qu’est-ce qui distingue ce fléau des libertés individuelles derrière lesquelles le Maroc s’est tenu dernièrement en rangs serrés, contre des lois jugées comme des « attelles »? : Rien, si ce n’est la volonté, non celle de l’état- démontrée- mais celle des individus, à exiger le temps de tout réformer.
Délibérer du sujet de toutes les routes de notre pays n’est pas moins important que de délibérer autour des libertés individuelles, car c’est en plus un sujet qui tue, et qu’il est plus facile d’y aller avec moins de dentelle.
Par Soraya Kettani, présidente FOMAGOV, chercheur, analyste en com politique et publique