Interviewé par Lamiae Boumahrou I
Le Crédit Agricole du Maroc (CAM) est, comme à chaque année, fortement présent au Salon International de l’agriculture du Maroc (SIAM). L’occasion de présenter tout le dispositif mis en place pour accompagner financièrement le secteur agricole mais aussi pour faire une rétrospective d’un siècle d’histoire d’une banque universelle à l’écoute. Le point avec Mohamed Fikrat, Président du Directoire du Crédit Agricole du Maroc (CAM).
EcoActu.ma : Les derniers chiffres témoignent de l’engagement du groupe d’accompagner le secteur agricole et rural. D’abord un mot sur la participation du Groupe à la 17ème édition du Salon International de l’agriculture au Maroc ?
Mohamed Fikrat : Le groupe Crédit Agricole du Maroc participe à cette 17é édition du SIAM avec un stand où nous avons essayé de mettre à profit 2 grands éléments.
Le premier élément concerne la profondeur de l’histoire de CAM qu’il a cumulée depuis plus d’un siècle pour le financement de l’agriculture avant l’indépendance avec un modèle réservé aux colons (Français et espagnols) et au lendemain de l’indépendance sous Feu Mohammed V avec la création de CAM qui a réservé plus d’attention aux agriculteurs marocains. Depuis le voyage a continué avec cinq époques que nous avons illustrées dans notre stand au SIAM 2025.
Nous avons mis en évidence un ensemble d’éléments que nous avons gardés dans le patrimoine du Crédit Agricole du Maroc à commencer par la première voiture qui a été utilisée pour aller auprès des agriculteurs dans les points les plus éloignés. Il s’agit d’une particularité de CAM qui a toujours œuvré pour l’inclusion sociale. Donc depuis longtemps nous allons là où il n’y a pas d’autres institutions financières et nous continuons à servir nos partenaires agricoles partout et quelle que soit leur taille. Le deuxième élément important que nous mettons en valeur sur ce stand c’est l’élément humain, l’homme avec « F » que nous avons représenté par 3 populations.
D’abord nos partenaires clients appartenant à des univers différents. Je profite pour rappeler que le CAM n’est pas uniquement agricole. Nous avons 50 % de notre activité dans le monde agricole, avec 80 et 85 % de l’enveloppe qui finance le monde agri national, et 50 % dans tous les autres secteurs.
La deuxième catégorie ce sont nos partenaires institutionnels notamment nationaux (ministère de l’Agriculture, COMADER…) ainsi qu’internationaux en l’occurrence, l’AFD, les banques des pays africains…
La troisième catégorie aussi importante est le capital humain. Plusieurs collaborateurs de différents âges même des retraités ont témoigné leur appartenance à cette institution dont nous sommes tous fiers et qui a toujours été un instrument de l’Etat pour la mise en œuvre et l’implémentation des politiques et stratégies agricoles.
Je cite à titre d’exemple la programme génération Green qui est en cours d’implémentation, le plan Maroc vert et d’autres politiques agricoles publiques où le Crédit Agricole du Maroc a joué un rôle clé.
Je rappelle que pour le PMV, le CAM a financé plus de 70 Mds de DH en 10 ans et continue avec un cumul de presque 40 à 45 Mds de DH.
Faut-il aussi rappeler que l’une des particularités de cette belle maison, c’est qu’elle finance tous les agriculteurs, quelle que soit la taille des exploitations notamment les microcrédits avec la Fondation Ardi, les crédits intermédiaires qui ne sont pas bancables avec la Méso-finance et les autres projets bancables avec la banque traditionnelle sans oublier les autres filiales à savoir la banque participative, le leasing, le factoring, Al Felahi cash…
Le 2ème élément que nous avons mis en évidence sur le stand c’est la partie technologie. Le groupe Crédit Agricole du Maroc est fortement connecté à l’avenir en adoptant les nouvelles technologies et l’Intelligence artificielle. C’est le cas de CAMIA, qui est l’avatar du CAM et qui donne la possibilité d’interagir avec les partenaires et de répondre à toutes les questions liées aux différents services proposés par la banque. Je tiens à rappeler que nous avons plus de 120 produits financiers qui sont adaptés pour répondre à tous les besoins.
C’est dire que nous sommes une banque universelle certes mais aussi universelle pour le monde agricole.
Il y a une volonté de se développer davantage pour mieux servir l’agriculture marocaine et pour mieux servir la souveraineté et la sécurité alimentaire dans le cadre des grandes orientations de SM le Roi.
Le financement est le nerf de la guerre du secteur. La BAD alerte sur le déficit du financement destiné aux petites et moyennes entreprises agricoles (environ 75 Milliards de dollars/an). Quelle place occupe aujourd’hui cette catégorie d’agriculteurs dans la politique du groupe ?
Il n’y a pas de petits agriculteurs mais de petites exploitations. Le CAM a des produits adaptés aux 3 catégories d’exploitation petite, moyenne et grande.
S’agissant des petites exploitations, nous avons la fondation Ardi. Nous avons par ailleurs Tamwil al Fellah pour financer les projets agricoles moyens et CAM pour financer les projets éligibles au financement.
Souvent pour les financements, il y a la problématique des garanties. A ce propos, nous devons saluer les initiatives du Maroc qui a mis en place un Fonds qui garantit les services intermédiaires (les méso-finances).
La particularité du Crédit Agricole du Maroc, c’est que nous ne sommes pas que des financiers mais des experts et des conseillers. Nous accompagnons les porteurs de projets en amont pour bien dimensionner les projets et les faire profiter du projet de l’expérience que nous avons à travers notre vue panoramique sur les activités similaires.
Le mot d’ordre de cette édition du SIAM est la résilience et la durabilité du secteur agricole. Comment le financement peut-il contribuer à relever ces défis et à rendre notre agriculture plus durable ?
J’ai l’honneur d’être le président de l’association qui organise le salon international de l’agriculture du Maroc. Cette 17e édition du SIAM a choisi comme thématique principale la résilience et l’importance de l’eau. J’espère qu’après 7 années consécutives de sécheresse, la situation hydrique du Maroc s’améliore essentiellement avec les dernières pluies.
Pour cette 17e édition, nous avons introduit plusieurs améliorations à travers 2 pôles domaines : un domaine professionnel dédié aux institutionnels, aux entreprises et l’international et un domaine public dédié aux coopératives, au pôle animal, aux pôles engins agricoles…
Pour revenir à la question, à noter que pour réussir un projet agricole, il n’y a pas que le sol, le type d’activité agricole, le capital humain, il y a également le financement qui, lui, s’érige en un levier de développement.
Le financement est impératif tout au long de la chaîne de l’amont à l’aval soit de l’implantation à la commercialisation voire à l’export.
Et c’est là ou intervient le CAM grâce aux 120 produits financiers développés pour apporter des réponses à tous les dossiers de financement.