Un droit de douane de 10% imposé par les États-Unis sur les produits européens, combiné à une appréciation similaire ou supérieure de l’euro face au dollar, aurait un impact significatif sur les exportations de la zone euro, a déclaré lundi Martins Kazaks, membre du conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne (BCE).
Alors que les négociations commerciales entre Washington et Bruxelles restent incertaines, les économistes s’interrogent sur les conditions qui pourraient inciter la BCE à intervenir à nouveau en abaissant ses taux d’intérêt pour soutenir l’économie de la zone euro.
Kazaks a expliqué que les importations de la zone euro seraient déjà affectées par une taxe américaine de 10% – un scénario auquel les responsables européens semblent s’être résignés – conjuguée à une hausse de 10% ou plus du taux de change de l’euro face au dollar, soit seulement 1% de plus que le gain enregistré depuis la Journée de la Libération.
Des droits de douane plus élevés à l’étranger et une monnaie plus forte renchérissent les exportations d’une région.
« S’il y a un droit de douane de 10% et une appréciation de l’euro de plus de 10%, cela suffit à influencer la dynamique des exportations », a-t-il déclaré à Reuters lors du forum annuel de la BCE sur la politique monétaire à Sintra, au Portugal.
Mardi, l’euro s’échangeait à 1,178 $, en hausse de 13,8% depuis le début de l’année et de 8,9% depuis début avril.
Kazaks a décrit l’économie de la zone euro comme « faible », tout en précisant qu’elle montre « quelques signes de croissance ». Il a ajouté que l’inflation était « plus ou moins » conforme à l’objectif de 2% de la BCE, ce qui implique peu de raisons de procéder à des changements majeurs de politique monétaire.
La dernière prévision de la BCE anticipe une inflation à 2,0% cette année, un repli à 1,6% l’année prochaine, puis un retour à 2,0% en 2027.
« L’essentiel de l’ajustement des taux a déjà été effectué », a répété Kazaks. « Si de nouvelles baisses de taux interviennent, elles seront modestes et auront une valeur de signal, tant que nous restons dans le scénario de base. »
Il a également averti que la Chine « commence à inonder l’Europe de ses produits », ce qui pourrait à la fois faire baisser l’inflation et nuire à la compétitivité européenne. (Avec Zonebourse)