Ecrit par Soubha Es-Siari |
La région d’Al Haouz, une des zones les plus pauvres du Royaume, une région où les indicateurs de précarité clignotent au rouge a été frappée la nuit du vendredi 08 septembre par un fort séisme. Cette tragédie nous a rappelé une triste réalité : ce Maroc à deux vitesses. C’est le cas pour les zones rurales notamment les territoires de montagnes.
Et pourtant le Roi n’a pas cessé dans ces discours et à multiples occasions de mettre le doigt sur les disparités territoriales et la nécessité de désenclaver les zones rurales. De faire émerger une classe moyenne rurale à même de subvenir à ses besoins, de favoriser l’accès à l’éducation aux jeunes générations et bien entendu d’accéder aux différents services publics.
L’état précaire des constructions qui se sont effondrées comme un château de cartes suite à cette catastrophe naturelle donne matière à réflexion à toutes les consciences éveillées. Pas à ces consciences qui ont fermé l’œil pendant toutes ces années sur ces demeures construites en pisés ou dans une anarchie totale, ces douars éparpillés sur les reliefs montagneux, qui malheureusement ne répondent à aucun Shéma Directeur d’Aménagement.
Le Shéma régional d’aménagement du territoire de Marrakech-Safi n’est toujours pas opérationnel. En attendant sa concrétisation et le passage à sa mise en œuvre, des milliers de citoyens ont rendu l’âme, des centaines d’enfants ont perdu leurs parents… sans oublier les survivants qui du jour au lendemain se sont retrouvés à mobilité réduite.
Nous sommes au sixième jour, les efforts de recherche continuent notamment dans les zones très reculées, difficilement accessibles pour les secouristes. C’est pour dire que le bilan faisant état de 2.900 décès annoncé par le ministère de l’intérieur pourrait s’alourdir davantage.
Hormis les tremblements de terre, ces communautés vivant au fin fonds du pays sont déjà très vulnérables aux effets néfastes du changement climatique (sécheresse, inondations, vagues de froid…). Elles encaissent dans le silence les coups durs de la vie tout en s’efforçant de s’adapter.
Ces communautés continuent de faire preuve d’une bonté extraordinaire et d’une extrême générosité. Comme en attestent les témoignages de ceux qui ont survécu à cette fatalité et qui n’ont de cesse de répéter Al hamdoulilah.
La visite De Sa Majesté le Roi à l’hôpital CHU de Marrakech, pour s’enquérir de leur état de santé a apporté du baume au cœur des victimes tout en ayant un écho favorable auprès de l’ensemble des Marocains.
A toute chose malheur est bon, cette tragédie a mis en exergue une vertu chez le peuple marocain à savoir la solidarité. Comme une famille soudée, main dans la main, tous les Marocains, les classes sociales toutes catégories confondues ont mis les petits plats dans les grands pour relever le défi et faire face à cette hécatombe qui nous a pris au dépourvu en entraînant dans son sillage des milliers de décès. Que le Tout Puissant les ait en Sa Sainte miséricorde.
La restructuration et le relèvement après cette catastrophe naturelle sont un processus complexe qui nécessite une planification minutieuse et une coordination efficace entre l’ensemble des parties prenantes. C’est un grand défi qui sera à relever par le Maroc et par les acteurs locaux de la province d’Al Haouz.