Ecrit par L. Boumahrou I
Aujourd’hui, la neutralité concurrentielle au niveau national est au centre des préoccupations des pouvoirs publics pour relever les défis de développement économique. Mais il ne faut pas perdre de vu la neutralité concurrentielle à l’échelle internationale. Abdelhamid Abbou, PDG de la RAM, a soulevé un déséquilibre criant dans le cas de l’Accord de l’Open Sky qui pénalise la RAM et les compagnies du Sud.
La question de la neutralité concurrentielle a été débattue en long et en large lors de la 3e édition du séminaire organisé par le Conseil de la Concurrence qui s’est tenue ce 13 novembre sous le thème : Neutralité concurrentielle et accès au marché« .
Cette rencontre qui a réuni les experts nationaux et internationaux en la matière, secteur privé et public, régulateurs, instances de la concurrence…, a permis d’une part de dresser un état des lieux de la neutralité concurrentielle dans notre pays particulièrement dans le secteur public mais aussi de débattre des barrières à lever pour faire également du secteur privé un vrai catalyseur de développement économique.
Parmi les interventions qui ont marqué les esprits celle du PDG de la RAM, Abdelhamid Addou qui a plutôt mis l’accent sur la neutralité concurrentielle à l’échelle internationale.
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Addou a dévoilé une injustice que subissent les compagnies aériennes du Sud, en l’occurrence la RAM, notamment dans le cadre de l’accord de l’Open Sky.
« Avec cet accord, la RAM est concurrencée sur le marché marocain par environ 40 compagnies. Nous sommes la seule entreprise publique à avoir autant de concurrents. Aussi cette concurrence a-t-elle été stimulée par différentes aides, qui font qu’aujourd’hui, cela commence à porter préjudice à tout développement de la RAM », a-t-il souligné.
Cette ouverture témoigne certes de l’exemplarité de l’Etat en matière de neutralité concurrentielle avec l’ouverture du ciel marocain. Une exemplarité qui malheureusement pénalise la compagnie marocaine.
En effet, le revers de la médaille est que l’Open Sky n’est pas dans les deux sens particulièrement avec l’Union Européenne. Addou a affirmé qu’il est plus compliqué d’ouvrir de nouvelles lignes en Europe contrairement aux compagnies européennes. « Les compagnies du Sud, nous avons tendance à dire ‘Open Skies closed Airports’. C’est malheureux de la part de l’Union Européenne de signer des accords d’Open Sky qui s’appliquent dans un seul sens », déplore Addou.
Ce blocage est souvent justifié par des raisons qui ne sont pas souvent fondées à savoir les nuisances sonores, la pollution atmosphérique que les appareils des pays du Sud puissent causer alors qu’ils proviennent du même constructeur…(sic).
« Cette situation commence à peser lourd. Aujourd’hui, nous sommes dans un exercice à géométrie variable. Il serait temps que nous respections un peu plus les entreprises du Sud », a lancé Abdelhamid Addou comme appel à Inge Bernaerts, directrice générale de la compétition de l’UE également présente à cette rencontre.
Le PDG de la RAM n’a pas nié les retombées de l’Open Sky sur le secteur touristique marocain et, par ricochet, sur l’économie marocaine mais cela ne devrait pas être au détriment de la compagnie nationale qui joue un rôle majeur.
« Non seulement la compagnie nationale (RAM) est un acteur principal de désenclavement territorial mais aussi un acteur économique de taille notamment sur le continent africain », a-il rappelé.
Ceci dit, l’intervention du PDG de la RAM nous rappelle une fois de plus le déséquilibre dans les relations de force entre les pays du Nord et du Sud. Avant de donner des leçons, l’UE devrait veiller à l’application équitable et juste des accords entre les pays des 2 rives. C’est tout le malheur que nous lui souhaitons.