Dans son rapport sur les perspectives économique 2025, l’OCDE estime que l’adoption d’une législation réglementant les activités de lobbying aurait pour effet de renforcer la transparence, tandis que des mesures destinées à favoriser la poursuite de la transformation numérique permettraient de réduire la nécessité d’interactions en face à face et de garder la trace de toutes les opérations.
Selon les Perspectives économiques de l’OCDE, dans le Volume 2025 Numéro 2 publié ce 2 décembre, la croissance du PIB réel au Maroc devrait s’établir à 4,5 % en 2025, 4,2 % en 2026 puis 4,0 % en 2027. Une demande intérieure robuste en sera le principal moteur, la consommation bénéficiant de la hausse des revenus réels et les investissements dans les infrastructures étant stimulés par l’accueil de grandes manifestations sportives internationales. L’activité dans le secteur agricole a fortement rebondi après les épisodes de sécheresse de 2023-2024, et le tourisme continue de croître à un rythme solide.
Selon l’OCDE, les risques vont légèrement dans le sens d’une dégradation par rapport aux projections. Le secteur industriel pourrait connaître une croissance plus rapide que prévu, mais l’agriculture reste vulnérable à des chocs climatiques. Les incertitudes, les droits de douane et les tensions géopolitiques pourraient réduire encore la demande extérieure et creuser le déficit commercial.
La réforme fiscale récente a contribué à réduire le déficit budgétaire, qui devrait s’établir autour de 3 % du PIB en 2027. L’assainissement budgétaire progressif contribuera à renforcer la stabilité macroéconomique. Les anticipations d’inflation justifient le maintien des taux d’intérêt directeurs à leur niveau actuel. Les pouvoirs publics doivent agir avec détermination pour lutter contre l’économie informelle et la corruption et renforcer la concurrence.
La demande intérieure soutient la croissance
La consommation a fortement progressé au cours des deux premiers trimestres de 2025, tirée par la hausse du pouvoir d’achat et l’amélioration de la confiance des consommateurs dans un contexte de repli de l’inflation. Les investissements dans les infrastructures continuent d’alimenter la croissance de l’investissement global, grâce à l’accueil par le Maroc d’événements de premier plan.
Le secteur du tourisme continue d’afficher une dynamique de croissance robuste, avec plus de 16 millions de touristes sur les dix premiers mois de 2025.
Dans le secteur agricole, l’activité a rebondi en 2025 après les épisodes de sécheresse de 2023 et 2024, mais la vulnérabilité à des chocs climatiques reste élevée. La baisse des prix du pétrole et des produits alimentaires a fait reculer l’inflation, l’inflation globale s’établissant en moyenne à 0.9 % et l’inflation sous-jacente à 1.2 % sur les dix premiers mois de l’année.
En raison d’une demande intérieure vigoureuse doublée d’une demande extérieure en demi-teinte qui pâtit des incertitudes et des tensions géopolitiques, les importations ont été supérieures aux exportations, creusant le déficit de la balance courante. La croissance des importations comme celle des exportations devraient rester fortes.
Le dynamisme de la consommation des ménages a stimulé les importations de biens de consommation, et l’expansion du secteur manufacturier a favorisé une hausse des importations d’énergie et d’intrants intermédiaires. Le rebond de la production agricole a relancé les exportations de produits agroalimentaires, tandis que la diversification des marchés à l’export a amélioré la résilience des exportations.
Le déficit budgétaire devrait diminuer progressivement, tandis que les taux d’intérêt directeurs restent inchangés
Après avoir ramené le taux directeur à 2.25 % en mars 2025, la banque centrale a suspendu le cycle d’assouplissement monétaire, et ce, bien que l’inflation ait fortement reculé en 2025.
Sachant que l’inflation globale comme l’inflation sous-jacente pourraient toutes les deux repartir à la hausse en 2026 et 2027 en raison de la disparition progressive de certains facteurs désinflationnistes, la banque centrale devrait maintenir les taux à leur niveau actuel et continuer de fonder ses décisions sur les données.
Le déficit budgétaire devrait s’établir autour de 3.7 % du PIB en 2025 puis se réduire progressivement, malgré la forte hausse des dépenses entraînée par les investissements dans les infrastructures publiques et l’extension de la couverture santé.
Placé sur cette trajectoire descendante, le déficit pourrait être ramené à 3.2 % du PIB d’ici 2027, grâce à la poursuite de la croissance économique et à la réforme fiscale récemment mise en œuvre par le gouvernement, qui a permis d’accroître les recettes. Ces facteurs devraient également contribuer à la réduction progressive de la dette publique, qui s’établit à environ 67 % du PIB en 2025.
La croissance devrait rester vigoureuse en 2026 et 2027
L’activité économique devrait croître au rythme de 4.2 % en 2026 puis de 4.0 % en 2027. La hausse de la consommation devrait rester robuste, mais se modérer légèrement sous l’effet des tensions inflationnistes, principalement dues à des facteurs externes, qui contribueront à éroder la croissance du revenu disponible. Les investissements dans les infrastructures continueront de soutenir la demande intérieure et d’alimenter la croissance dans le secteur manufacturier et celui de la construction. La forte progression des arrivées de touristes et des recettes du tourisme devrait se poursuivre. L’emploi augmente peu à peu dans le secteur formel, et le taux de chômage devrait diminuer à 12.6 % d’ici 2027. Cependant, la persistance d’un niveau de chômage élevé chez les jeunes et chez les femmes reste problématique. Les risques vont légèrement dans le sens d’une dégradation par rapport aux projections. Du côté positif, le secteur manufacturier pourrait connaître une croissance plus rapide que prévu. En revanche, les incertitudes, les droits de douane et les tensions géopolitiques pourraient peser sur la demande extérieure projetée et aggraver le déficit commercial. Par ailleurs, le secteur agricole pourrait être fortement touché en cas de nouvelles sécheresses.
Une harmonisation des règles du jeu favoriserait un renforcement de la croissance
Il est essentiel pour le Maroc de renforcer la concurrence sur le marché en poursuivant la réforme des entreprises publiques et en luttant contre la corruption et l’économie informelle.
La rationalisation des transferts budgétaires aux entreprises publiques et l’amélioration de leurs performances permettront également d’accroître les dividendes versés au budget de l’État et d’harmoniser les règles du jeu.
L’adoption d’une législation réglementant les activités de lobbying aurait pour effet de renforcer la transparence, tandis que des mesures destinées à favoriser la poursuite de la transformation numérique permettraient de réduire la nécessité d’interactions en face à face et de garder la trace de toutes les opérations.
Exiger que les grands contrats publics soient divisés en lots de plus petite taille aiderait à lutter contre la corruption et à favoriser la concurrence dans un pays où les marchés publics sont importants, selon l’OCDE. Aussi, introduire davantage de flexibilité dans les contrats de travail et réduire les taux des cotisations patronales sur les bas salaires permettraient-ils de lutter contre l’économie informelle, et une mise en œuvre renforcée de la politique en matière de concurrence en favoriserait aussi le jeu, aboutissant à des gains d’efficience.








