L’inclusion socio-économique de cette catégorie ne relève pas seulement d’un impératif de justice sociale et d’effectivité des droits, mais constitue également une véritable opportunité stratégique pour renforcer le processus de développement durable dans notre pays, prône le CESE.
Le Conseil Economique, Social et Environnemental (CESE) a organisé, le mercredi 1er octobre 2025, à son siège à Rabat, un atelier de restitution consacré à la présentation des principales conclusions et recommandations du focus de son rapport annuel au titre de l’année 2024, intitulé : « Intégration socio-économique des personnes âgées (PA) au Maroc : pour mieux se préparer à s’adapter au vieillissement démographique rapide ».
À cette occasion, le Président du CESE, Abdelkader Amara, a rappelé la portée symbolique de cette rencontre, qui coïncide avec la Journée internationale des personnes âgées, célébrée chaque 1er octobre depuis son institution par l’Assemblée générale des Nations unies à travers la résolution 45/106 du 14 décembre 1990. Pour l’édition 2025, l’ONU a retenu le thème : « les personnes âgées au cœur de l’action locale et mondiale : nos aspirations, notre bien-être, nos droits ».
Dans son allocution d’ouverture, le Président du CESE, Abdelkader Amara, a souligné l’importance stratégique de cette thématique au regard des profondes transformations démographiques que connaît le Maroc ces dernières années. Il a particulièrement insisté sur le contexte marqué par l’accélération du vieillissement de la population et par l’allongement de l’espérance de vie, tels que mis en évidence par les résultats du Recensement général de la population et de l’habitat de 2024.
Il a souligné, à cet égard, que ces évolutions posent de nouveaux défis aux politiques publiques destinées à cette catégorie et requièrent une approche renouvelée, qui considère les personnes âgées comme un capital humain productif, et non uniquement comme des individus nécessitant soins et prise en charge. Il a insisté sur la valorisation de leurs expériences et compétences afin de renforcer leur contribution au développement socio-économique, favoriser le transfert intergénérationnel des savoirs et consolider la cohésion sociale.
Dans le même sens, Abdelmaksoud Rachdi, membre du CESE et rapporteur de la thématique, a mis l’accent sur la nécessité d’accélérer la mise en œuvre du Plan d’action national pour la promotion du vieillissement actif 2023-2030, en veillant à une meilleure cohérence entre ses axes, ses mesures et ses programmes. Il a rappelé, à ce propos, que le Conseil préconise l’adoption d’une loi-cadre qui définit les objectifs, les orientations et les engagements fondamentaux de l’action publique en matière d’intégration socio-économique des personnes âgées.
- Rachdi a également précisé que l’inclusion socio-économique de cette catégorie ne relève pas seulement d’un impératif de justice sociale et d’effectivité des droits, mais constitue également une véritable opportunité stratégique pour renforcer le processus de développement durable dans notre pays.
Le focus du Rapport annuel du CESE
Le focus s’est penché sur les défis auxquels sont confrontées les personnes âgées et a formulé plusieurs recommandations visant à adopter une vision renouvelée du vieillissement qui dépasse l’approche centrée uniquement sur les vulnérabilités, en reconnaissant également le potentiel des personnes âgées à contribuer au développement humain, économique et territorial du pays.
A cet égard, le CESE recommande de :
- Accélérer la mise en œuvre du Plan d’action national pour la promotion du vieillissement actif 2023-2030, en veillant à assurer une meilleure cohérence entre ses axes, ses mesures et ses programmes. Il préconise également l’adoption d’une loi-cadre définissant les objectifs fondamentaux de l’action publique en matière d’intégration socio-économique des personnes âgées.
- Mettre en œuvre des mesures immédiates de soutien et d’accompagnement pour renforcer l’inclusion sociale et économique des personnes âgées. Cela comprend notamment la revalorisation des pensions de retraite, afin de permettre aux personnes âgées de faire face dignement à l’augmentation du coût de la vie, ainsi que l’adaptation de l’AMO à leurs besoins spécifiques, incluant notamment les soins à domicile et l’accompagnement par des aides-soignants qualifiés pour les gestes essentiels du quotidien.
- Consolider la gouvernance de l’écosystème institutionnel dédié à la prise en charge des personnes âgées, afin d’améliorer l’effectivité de leurs droits fondamentaux et d’assurer une meilleure coordination entre les acteurs concernés. Il s’agit notamment de faciliter l’accès des personnes âgées au marché du travail, en adaptant, à leurs besoins spécifiques, les dispositifs d’embauche, de formation et de maintien dans l’emploi. Cela implique également d’accélérer la réforme du Code du travail et du statut général de la fonction publique, d’introduire des modalités de travail flexibles, et d’autoriser le cumul (total ou partiel) d’un revenu d’activité avec la pension de retraite. Le CESE recommande également de mettre en place des incitations fiscales en faveur des entreprises qui recrutent ou maintiennent en poste des personnes âgées, de promouvoir l’entrepreneuriat à travers un accompagnement individualisé et un accès facilité au financement et de valoriser les compétences, en particulier celles des Marocains du monde, à travers une plateforme nationale de réseautage professionnel.
- Développer, sur le long terme, une silver economy structurée, capable de faire du vieillissement démographique un levier de création de valeur économique et sociale. Inspirée des expériences internationales les plus abouties, cette économie devrait s’appuyer sur un modèle innovant de prise en charge, de bien-être et de participation des personnes âgées. Il s’agirait, en l’espèce, d’articuler de manière cohérente leurs besoins en matière de consommation avec une offre territorialisée de services adaptés, tout en favorisant l’émergence d’activités économiques durables et génératrices d’emplois.