Rappelons que le G20 créé en 1999 est un forum intergouvernemental composé de 19 pays aux économies les plus développées du monde, avec en plus l’Union européenne et l’Union africaine admise en 2023. Le G20 représente 85% du PIB mondial et 2/3 de la population mondiale. Les membres du G20 sont Amérique (Argentine, Etats-Unis, Brésil, Mexique, Canada) Asie (Chine, Inde, Russie, Indonésie, Japon, Corée du Sud, Arabie saoudite, Turquie) Europe (Allemagne, France, Italie, Royaume Uni) et Australie. L’Afrique du Sud est le seul pays africain faisant partie de ce forum, qui a accueilli le Sommet du G20 à Johannesburg les 22 et 23 Novembre 2025.
Le Forum s’est tenu en l’absence des Etats-Unis, et a donné lieu à une déclaration commune qui a abordé plusieurs points. Elle a tout d’abord rappelé les trois piliers : solidarité, égalité, et durabilité qui sont les fondements d’une croissance inclusive. Les dirigeants réaffirment leur engagement envers la Charte des Nations Unies, le droit international, et le droit humanitaire. Ils condamnent les attaques contre les civils et les infrastructures, et insistent sur le fait que nul Etat ne doit utiliser la force pour acquérir des territoires. Concernant la résilience face aux catastrophes, le Sommet appelle à renforcer les systèmes de prévision et à étendre les mécanismes de financement.
Le Sommet demande la révision du cadre de la soutenabilité de la dette du FMI et de la Banque mondiale pour les pays à faible revenu, et le renforcement de la représentation des pays en voie de développement dans les instances financières mondiales. Concernant la transition énergétique, le Sommet propose de tripler la capacité des énergies renouvelables et à doubler le taux d’amélioration de l’efficacité énergétique, et renforcer le soutien financier pour les pays en développement. Il insiste sur la reconnaissance du rôle des minerais stratégiques dans la transformation économique, et pour que l’exploitation des ressources profite aux populations locales. Le Sommet appelle à la lutte contre les inégalités sociales et économiques, et à la garantie de la sécurité alimentaire. Le Sommet indique la nécessité d’inclure les pays en développement dans la gouvernance des nouvelles technologies, en reconnaissant le potentiel des technologies émergents : intelligence artificielle et économie numérique.
Concernant la gouvernance mondiale, il demande la réforme des institutions pour un multilatéralisme renforcé avec un rôle central pour l’ONU, et un appel à une réforme profonde du Conseil de sécurité de l’ONU, ainsi que le renforcement de l’architecture globale de la finance et de la gouvernance économique internationale. Concernant la santé mondiale, le Sommet demande le renforcement de la prévention, la préparation et la réponse aux pandémies, et le soutien à l’Accord pandémique de l’OMS et au Fonds mondial par le VIH/sida, la tuberculose et le paludisme. Le Sommet aborde également la lutte contre la corruption par le renforcement de l’action internationale contre le blanchissement d’argent et le financement du terrorisme. Le Sommet préconise la promotion du tourisme comme levier de développement durable, et appelle à des investissements transparents, prévisibles et respectueux du développement durable dans le secteur touristique. Enfin, le Sommet adopte une position forte sur l’inclusion de l’Union africaine reconnue comme membre permanent du G20.
Contrairement aux G20 précédents, le Sommet du G20 en Afrique du Sud met fortement l’action sur le Sud global au niveau de la dette, des inégalités, du développement durable, de l’énergie, et des nouvelles technologies. Il y a un engagement clair pour le climat et une forte demande pour la réforme des institutions mondiales (ONU, FMI, Banque mondiale) pour les rendre plus inclusives. Sur le plan de la santé, l’accent est mis sur la prévention des futures pandémies. L’intégration de l’Union africaine comme acteur permanent du G20 renforce l’idée d’une plus grande voix de l’Afrique dans les décisions globales. En résumé, le Sommet du G20 en Afrique du Sud remet en selle le multilatéralisme très affaibli actuellement, et accorde une place privilégiée au Sud global : Afrique et pays en développement.
Par Jawad KERDOUDI
Président de l’IMRI
(Institut Marocain des Relations Internationales)






