Le Conseil de gouvernement a approuvé, ce jeudi 10 avril 2025, le décret n° 2.35.342 relatif au soutien des Très Petites entreprises & Petites et Moyennes entreprises (TPE-PME), pour un montant de 12 Mds de DH (1,2 milliard de dollars), inscrit dans le cadre de la nouvelle charte d’investissement.
Alors que ce soutien aurait dû constituer une véritable opportunité pour appuyer cette catégorie d’entreprises, considérée comme la colonne vertébrale de l’économie nationale, nous, à la Confédération Marocaine des TPE-PME, exprimons notre profonde inquiétude face aux détournements récurrents de
tels programmes de soutien au profit du patronat (les grandes entreprises).
Des conditions contraignantes et une exclusion systématique
Des conditions extrêmement restrictives ont été imposées aux TPE, laissant ainsi un large champ aux PME affiliées aux grands groupes (holdings) sous l’égide du patronat pour bénéficier de ce soutien. En effet, les entreprises éligibles à ce programme ont été classées sur la base d’un chiffre d’affaires compris entre 1 MDH (100 000 dollars) et 200 MDH (12 millions de dollars), des critères qui excluent clairement les Très Petites Entreprises (TPE), qui continuent de faire face à des défis majeurs sur le marché depuis la pandémie de Covid-19 en 2020, les sept dernières années de sécheresse, l’inflation, la hausse du taux directeur, ainsi que l’arrêt des programmes de financement tels que « Intilaka » et « Forsa », sans oublier le quota de 20% des commandes publiques qui devrait être attribué aux TPE-PME, mais qui n’a toujours pas été appliqué depuis 2023 faute des décrétas d’applications.
Des scénarios récurrents de détournement
Ce qui se passe avec ce soutien n’est pas un cas isolé. Seulement en 2025, cela rappelle :
• Les 13 Mds de DH (1,3 milliard de dollars) destinés au soutien à l’importation de bétail, qui ont été détournés de leur objectif initial.
• Les 340 Mds de DH (34 milliards de dollars) alloués aux investissements publics pour l’année 2025 (marchés publics), dont seuls les grands groupes et grandes entreprises affiliés au patronat vont en bénéficier, en raison du non-respect de la loi réservant un quota de 20% d’investissement aux TPME. Ce manquement persiste depuis 2013 en l’absence de décrets d’application que le gouvernement refuse de publier, ouvrant ainsi la voie au patronat pour s’accaparer les 340 Mds de DH (34 milliards de dollars) des marchés publics.
• Et maintenant, les 12 Mds de DH (1,2 milliard de dollars) destinés au soutien des TPE- PME dans le cadre de la nouvelle charte d’investissement, mais qui, pour nous, semblent déjà monopolisés par les grandes entreprises, qui en bénéficient depuis l’entrée en vigueur de cette charte en 2023.
Appel à une intervention urgente
Face à ces développements, la Confédération Marocaine TPE-PME appelle à :
1. Une révision immédiate des critères adoptés pour la distribution de ce soutien, afin de garantir une véritable inclusion des TPE-PME.
2. L’intégration de la Confédération Marocaine des TPE-PME dans les comités régionaux d’investissement, pour éviter son exclusion, comme cela a été le cas lors des consultations et des préparatifs pour la classification des entreprises éligibles à ce soutien.
3. À la mise en place de mécanismes de contrôle transparents et efficaces, afin d’éviter de tels détournements qui vident ces initiatives de leur substance.
4. À l’ouverture d’un débat national sur les mécanismes de soutien aux TPME, considérées comme la base du développement économique et social au Maroc et un réservoir d’emplois pour les jeunes.
Nous, à la Confédération Marocaine des TPE-PME, réaffirmons que cette catégorie souffre d’une marginalisation et d’une exclusion continues, malgré son rôle essentiel dans la création d’emplois et le renforcement de l’économie nationale. Nous insistons sur l’importance de respecter les principes de transparence et d’équité dans la mise en œuvre de ces programmes, afin de garantir l’atteinte des objectifs escomptés et d’éviter les erreurs du passé, qui ont conduit à la monopolisation des avantages et des soutiens par certaines parties. Nous appelons également à l’adoption d’une bonne gouvernance et d’une approche démocratique et transparente dans le traitement de toutes les entreprises marocaines, sans exception.
Par Abdellah El Fergui,
Président de la Confédération Marocaine des TPE-PME
Get real time update about this post category directly on your device, subscribe now.