Ecrit par Soubha Es-Siari I
Les projets inscrits dans le PLF 2026 resteront des voeux pieux si la mauvaise gouvernance continue à régner et si la mauvaise graine squatte les hautes instances de l’Etat. Les scandales qui éclatent chaque jour sont un signal fort que tant que le climat n’est pas sain, les mêmes causes produiront les mêmes effets. Des marionnettes qui brillent par leur incompétence continueront de tirer les ficelles du pays à leur guise.
Le PLF 2026 intervient dans un contexte en ébullition sur tous les plans économique, politique et social. 2026 est une année charnière voire décisive, une année où le Maroc devra mettre les petits plats dans les grands pour bien tracer la voie vers le cercle des pays émergents auquel il aspire fermement.
Avant de parler chiffres et agrégats reluisants, il est impératif d’assainir le climat des affaires. Les scandales qui ont éclaté récemment sur la scène publique pour ne citer que celui des médicaments ou le séisme qui a secoué le Conseil National de la Presse attestent fort que notre pays est prisonnier d’une mauvaise gouvernance qui réduit à néant les efforts déployés de part et d’autre. Cette mauvaise gouvernance volatilise combien même les budgets mobilisés pour construire un Maroc moderne comme le souligne dans ses discours SM le Roi Mohammed VI que Dieu l’assiste. Le pays ne peut aller de l’avant s’il ne balaie pas d’un revers de main, le copinage, la corruption, l’impunité…
Autrement, les mêmes maux produiront les mêmes effets et des marionnettes qui brillent par leur incompétence continueront de tirer les ficelles du pays à leur guise.
Les objectifs écrits noir sur blanc dans le Nouveau Modèle de Développement (NMD) resteront lettres mortes si le mal n’est pas coupé à la racine et si la mauvaise graine n’est pas combattue. Pour y parvenir, il n’y a pas une foultitude de solutions. Le recours au droit, au jugement et à la punition est le meilleur remède pour garantir un environnement sain où toutes les forces vives de la Nation pourront s’épanouir, donner le meilleur d’elles-mêmes… et, par ricochet, atteindre les objectifs ambitieux tracés dans les projets de Loi de Finances, notre lanterne pour l’exercice 2026.
Parce qu’autrement, ces projets resteront au stade de projets. Les budgets que clame haut et fort Nadia Fettah, ministre de l’Economie et des Finances seront applaudis et appréciés le temps de leur adoption et approbation au Parlement mais au fil de l’eau, ces budgets ne parviendront à réaliser qu’une partie infime des projets programmés par tel ou tel département ministériel.
En l’absence d’indicateurs de performance et de reddition des comptes, nous continuerons à naviguer à vue, à prier le ciel pour qu’il pleuve, à croiser les doigts pour que les bailleurs de fonds financent notre économie et que les agences de notation mettent de l’eau dans leur vin.
La ministre de l’Économie et des Finances, Nadia Fettah, a affirmé, lundi à la Chambre des conseillers, que le PLF 2026 traduit la continuité de l’action gouvernementale portant sur les grandes réformes qui touchent les secteurs vitaux, ajoutant que les avancées significatives réalisées ces dernières années constituent une base solide pour poursuivre cette dynamique.
De quelle continuité parle-t-on s’il y a quelques mois la génération Z est montée au créneau pour dénoncer ce qui passe dans la Santé, l’Education et la Justice. Trois secteurs névralgiques pour tout pays qui se respecte.
De quelle continuité parle le gouvernement alors que chaque jour qui passe, il y a un scandale qui nous éclabousse en plein visage.
La ministre vante le mécanisme des aides directes sans une étude d’évaluation pour s’assurer que toutes les personnes vulnérables ont bien pu profiter de l’aide. Les critères arrêtés pour profiter de l’aide, bien qu’elle soit dérisoire, sont trop sélectifs à telle enseigne qu’elle reste loin de son objectif initial.
La ministre a également signalé que les institutions financières internationales saluent régulièrement la solidité de la situation financière du Royaume, ajoutant que cette évolution permettra d’aborder la prochaine étape avec des marges plus larges.
Or, les chiffres parlent d’eux-mêmes : une dette qui caracole autour de 69% du PIB (ne prenant pas en compte la dette des EEP), un déficit budgétaire de l’ordre de 3,5% du PIB, un déficit de la balance commerciale chronique en hausse continue.
Et au-delà, l’environnement lui-même est ponctué de scandales qui constituent un frein aux souhaits exprimés non seulement par la ministre mais va à l’encontre de la volonté et des besoins des Marocains à l’équité, l’égalité des chances et d’un effet de ruissèlement de ces ambitions sur la vie au quotidien des citoyens de ces pays.
Le Maroc ne peut aller de l’avant, réaliser les ODD, les objectifs du NMD et intégrer le cercle des pays émergents sans qu’il revoie de fond en comble ses procédés, sa gouvernance, ses institutions… Sinon ce PLF 2026 à l’instar des précédents ne se traduirait pas suffisamment sur les travailleurs et les citoyens dans leur quotidien, l’essence même de tout PLF. Ce ne serait qu’un coup d’épée dans l’eau.
A quelques encablures de 2026, année d’élection, le gouvernement est appelé à répondre aux attentes des citoyens, à accorder une attention particulière à la jeunesse pas uniquement par des chiffres mais plus par l’audace et la volonté politique de mieux gouverner.
L’argentier du Royaume a beau mettre en place des réformes et des budgets pour mettre le pays sur les rails de la croissance durable et inclusive, si les autres départements ne jouent pas le jeu de la transparence, de la bonne gouvernance et de la performance… tous les efforts seront voués à l’échec. Le Maroc, un pays émergent ne serait qu’un simple slogan.
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