Ecrit par la Rédaction |
En pareille date, le Centre marocain de conjoncture (CMC) revisite les perspectives économiques de l’année en cours, jauge les hypothèses macroéconomiques et réajuste les projections qu’il a établies au mois de juin de l’année écoulée et ce, en intégrant les indicateurs avancés de conjoncture affichés au cours des premiers mois de l’année en cours.
A rappeler que le cadrage macroéconomique et les anticipations des conjoncturistes, il y a de cela neuf mois, étaient considérées comme étant très optimistes. « Aujourd’hui, la trajectoire de cette prévision et les tendances qui la soutiennent sont en train de se concrétiser », annoncent les conjoncturistes. Et ils enchaînent : « Les indices précurseurs et certaines statistiques relevées au cours du 1er trimestre de l’année confortent plus qu’ils ne contredisent l’orientation des prévisions, même si au milieu du parcours, les effets préjudiciables de la crise sanitaire exacerbés par la guerre en Ukraine, l’envolée de l’inflation et le reconfinement de la Chine ont entamé nos certitudes et ont acculé le CMC à faire baisser légèrement et d’une manière temporaire ses prévisions en attendant la présente révision du mois de mars ».
La trame des hypothèses retenues pour la construction d’un scénario exploratoire au mois de juin 2022 semble d’après eux tenir le coup face aux aléas de la conjoncture et aux incertitudes que connaît l’environnement international et restent à ce jour assez crédibles.
Ainsi, au moment de leur établissement, les hypothèses centrales sous-jacentes à ces pronostics de l’économie nationale prévoyaient un relèvement de la modeste croissance pressentie pour l’économie mondiale et ce à partir du premier trimestre de 2023.
La Banque mondiale et le Fonds Monétaire International et d’autres organisations viennent de conforter le sens positif de cette hypothèse en révisant à la hausse le taux de croissance du Produit Intérieur Brut mondial pour le porter à 2,9%, la réouverture de la Chine après la fin du zéro Covid pourrait même élever ce taux au-delà des 3%.
Les deux autres hypothèses explicatives des performances de l’économie nationale qui se sont déjà frayées le chemin de la validation sont : (i) le taux d’accroissement de la valeur ajoutée du secteur agricole aux prix constants de 16 % aux termes de l’année 2023 et (ii) le prix moyen du baril à 80 dollars et un abaissement conséquent des prix des matières premières.
Outre ces hypothèses, les extrapolations qui se trouvent derrière les perspectives de ce scénario de référence supposent que les traces négatives imprimées par la crise, la guerre et l’inflation galopante sur l’offre et la demande disparaîtraient d’une manière progressive sur les deux années à venir et qu’une relative restauration des dégâts économiques et sociaux causés se réaliserait durant cette période et permettrait à la demande de reprendre sans à-coups et aux différents secteurs touchés de retrouver leur potentiel de production.
Elles présument aussi que la hausse vertigineuse des prix au niveau mondial qui a culminé à 8,8% en 2022 se tasserait au cours de l’année en cours mais resterait malgré tout particulièrement vive avec un taux en glissement annuel d’environ 3,5%.
D’après les indices précurseurs disponibles et sur la base des anticipations des opérateurs économiques, la configuration sectorielle de cette performance globale de l’économie devrait connaître un dynamisme notable. Ainsi, l’agriculture connaîtrait un taux de croissance en volume de l’ordre de 16% compensant et faisant oublier l’importante décrue que ce secteur a essuyé au cours de la campagne précédente.
Quant au secteur des services dont certaines composantes ont profondément souffert en 2022 sous l’emprise des restrictions imposées par la crise sanitaire, il est en train de récupérer avec une certaine vigueur et pourrait afficher en glissement annuel un taux d’accroissement en termes réels de l’ordre de 4%.
Face à cette offre, les composantes de la demande telles que présentées dans ce scénario exploratoire devraient se comporter de manière différenciée. La consommation des ménages après l’érosion de l’année écoulée devrait évoluer modestement et sans gain de pouvoir d’achat. La formation brute de capital fixe et les exportations devraient constituer les principaux dynamos de cette croissance. D’après les appréciations des opérateurs privés et leur programme de développement, l’investissement aussi bien local qu’étranger serait au rendez-vous.
Toutefois, la prévision initiale avancée dans le cadre ce scénario prospectif serait quelque peu réduite par le retrait que pourraient subir les capacités de financement des banques en raison des augmentations successives du taux directeur opérées par Bank Al-Maghrib.
Le cadrage macro-économique issu de ce scénario anticipe un relèvement notable de la croissance globale de 5,4% pour l’année 2023. Ce pronostic reflète la résilience et la diversité du tissu économique national mais aussi l’important effort consenti par les pouvoirs publics en cette période de crises pour aider les ménages les plus vulnérables et pour accompagner et appuyer les secteurs qui ont le plus souffert des affres de la pandémie.
Cependant, l’interprétation de l’amplitude de la croissance devrait être nuancée du fait que la robustesse de cette évolution découle en partie du rattrapage du secteur agricole qui a connu une campagne particulièrement sèche l’année passée.
Par ailleurs et comme toute prévision dans une conjoncture incertaine, la concrétisation de cette performance pourrait être chahutée tout le long de cette année par des vents contraires et des phénomènes économiques contraignants qui caractérisent cette ère post-corona et qui rongent toutes les économies du monde, il s’agit en l’occurrence de la poussée inflationniste, de l’excès d’endettement, du resserrement monétaire et plus récemment de la crise financière avec des faillites de banques de renommée.