Par Imane Bouhrara |
La campagne électorale au titre des élections générales 2021 au Maroc prend fin ce mardi 7 septembre à minuit. Que faut-il en retenir ?
Du 26 août au 7 septembre à minuit 2021, les Marocaines et les Marocains ont vécu au rythme de la campagne électorale au titre des élections générales du 8 septembre. Un événement politique majeur dans la vie d’un pays et de ses citoyens surtout dans la conjoncture actuelle que nous vivons.
L’un des faits majeurs est l’intérêt certain des Marocains pour la chose politique, malgré l’abstention qui a marqué les dernières échéances. Rien ne leur échappe, des interventions convaincantes de certains politiciens aux dérives des sympathisants ou militants de certains partis politiques, images et vidéos à l’appui ! Ce qui dénote d’une grande maturité des citoyens marocains mais également la persistance de la méfiance vis-à-vis des acteurs politiques.
Même les listes électorales sont passées au crible, jaugeant les candidats, leurs fonctions, leurs photos jusqu’au lien de parenté entre les autres candidats sur une même liste électorale.
Comme pour les autres campagnes électorales, cette année encore on constate l’absence du débat politique entre les différents partis politiques, les partis semblent évoluer en silo… A défaut de se démarquer lors d’un débat public entre candidats ou partis pour évaluer la personnalité et la mentalité des chefs de partis, on garde des acteurs politiques l’image qu’on fait d’eux dans les médias ou les réseaux sociaux, en bien ou en mal.
En effets, le débat a été ailleurs, sur les réseaux sociaux qui sont devenus un véritable observatoire populaire du déroulement de la campagne électorale et des élections générales.
Dans ce sens, la palme d’or devrait revenir à Twitter au ton plus acerbe et critique, au contenu ouvert au public et qui permet d’interpeller les personnes concernées (les tagger directement dans les publications). Le quatuor PI-PAM-PJD-RNI a été particulièrement suivi.
Autre élément important à mettre à l’actif de la twittoma est le degré de maturité (bien qu’il existe aussi des contenus moins élaborés), puisque nombre d’internautes fournissent des informations importantes à la prise de décision de vote.
Il faut être un citoyen très avisé pour faire le recoupement des programmes électoraux et des différentes promesses électorales pour construire une décision de vote raisonnée et raisonnable. Dans ce sens, la data a été abondante sur la toile, des comparatifs entre programmes, réalisme des promesses électorales… sans oublier qu’en raison de la forte mobilisation collective sur les réseaux sociaux, les partis, du moins quelques uns, ont fortement investi dans les outils digitaux pour atteindre le plus grand nombre d’électeurs.
Certains outils invasifs comme les sms, ont obligé la CNDP d’intervenir pour rappeler les partis politiques à leur obligation de respecter la loi N° 09-08 relative à la protection des données à caractère personnel.
Et comme ce 8 septembre, il s’agit d’élections locales, régionales et nationales, les électeurs sont plus attentifs aux candidats qu’aux programmes des partis politiques.
Et l’une des thématiques récurrentes est la cooptation des « profils vierges », pour regagner la confiance des électeurs. Et là, l’électorat a été fortement divisé entre ceux qui soutiennent qu’il vaut mieux donner sa confiance à des novices qu’à des « truands expérimentés » qui ont déçu et ceux qui estiment qu’il vaut mieux, face aux enjeux de ces élections, voter pour des loups expérimentés que des débutants.
Une question qui renvoie à l’incapacité des partis politiques d’encadrer la population et de recruter et de former la relève politique, notamment via les jeunesses de partis. A défaut de mieux, pourquoi pas injecter du sang neuf sur la scène politique ? N’est-ce pas en forgeant qu’on devient forgeron ?
Durant ces 13 jours de campagne électorale, on aura vu de tout : des tracts qui pullulent dans les rues, des caravanes valsant au rythme de « chaabi », aux rixes entre les rues entre les sympathisants ou personnes payées par les partis pour mener campagne… comme on a vu des candidats mener une campagne digne des aspirations des Marocains au changement. Il faut de tout pour faire un monde.
Au final, il n’y a pas et il n’y aura pas de campagnes parfaites et en dépit du parasitage, il vaut mieux voter que de continuer à geindre !