Réalisé par Soubha Es-Siari I
Le 16e colloque International organisé par le Ministère de l’Économie et des Finances et FONDAFIP sous le thème « Vers une meilleure restructuration du modèle de la gouvernance financière publique au Maroc et en France » s’est déroulée les 1e et 2 novembre. Chaque année ce colloque gagne en maturité eu égard aux thématiques choisies et qui collent parfaitement à la réalité. Eu égard également au nombre sans cesse croissant des économistes, des analystes et des hauts cadres du secteur public et privé qui manifestent leur intérêt pour ce colloque.
Pour débattre des enjeux de la thématique d’aujourd’hui, nous avons interviewé Monsieur Noureddine Bensouda, le Trésorier Général du Royaume. Le but étant de savoir dans quel cadre s’inscrit le choix de la thématique et si l’on peut déduire que malgré les réformes déployées, les finances publiques sont parvenues à un point critique appelant impérativement à restructurer davantage.
Dans le présent colloque, il est également question de trouver des solutions aux problématiques posées. Justement les voies de la restructuration sont multiples, on évoque la lutte contre l’évasion fiscale internationale, la programmation triennale des finances publiques, la réorganisation des contrôles… où en est le Maroc dans ces réformes et quelles sont les autres voies à emprunter pour restructurer les finances publiques ?
Au-delà de cette technicité qui est apparente, il est nécessaire que les opérateurs économiques et les citoyens sachent exactement quel est l’impact des finances publiques sur leur quotidien. A ce titre chaque année le colloque organisé par la TGR et Fondafip se penche sur des sujets d’actualité.
« En effet, ce qui a été remarqué suite à ces crises socio-économiques, climatiques, géopolitiques… c’est que tout cela impacte le quotidien de nos citoyens et qu’il faut trouver des réponses. Le financement des politiques publiques passe nécessairement par la détermination des priorités de la période », explique N. Bensouda.
Et d’ajouter : » Le Maroc a fait le choix de s’inscrire dans le renforcement d’un Etat social et, du coup, il fallait financer le chantier de la protection sociale, financer les infrastructures, soutenir les citoyens dans des moments difficiles… Le but est alors de mobiliser les ressources sans impacter le quotidien des citoyens ou les dévier par rapport à leur cap ».
Pour ce faire, le rôle de la gouvernance des finances publiques est indéniable. Face à une multiplicité des acteurs (Etat, collectivités territoriales, EEP, société civile…), l’idée est qu’au lieu d’agir en silos et c’est ce qui est reproché dans la plupart des cas, il faut travailler en équipe, en complémentarité. Le travail en commun entre les différents acteurs permet de converger vers une politique publique orientée « mission ».
Ces deux journées de réflexion se veulent également une occasion pour se pencher sur la problématique de l’endettement devenue mondiale. Pour le cas du Maroc, la dette reste à des niveaux soutenables. Les emprunts sont souvent orientés vers des investissements mais cela n’empêche pas de dire que les intérêts montent chaque année en flèche pesant lourdement sur le budget de l’Etat. Encore faut-il reconnaitre que le taux d’endettement au Maroc n’intègre pas celle des EEP et des collectivités locales. Une problématique qui a toujours fait l’objet de discorde entre économistes, politiques et pouvoirs publics. Mais pour le Trésorier général du Royaume, l’essentiel de la dette est comment est-elle allouée. Autrement dit, il faut qu’elle soit orientée vers des investissements productifs.
A la fin de l’interview, nous ne pouvons nous empêcher de poser la question à Noureddine Bensouda sur l’importance des investissements budgétivores engagés par le Maroc et si le royaume a les moyens de ses ambitions si l’on part du constat que le déficit budgétaire n’est pas maîtrisé. Le Trésorier Général du Royaume répond : « Pour faire évoluer les pays, il y a un cap. Pour le cas du Maroc, ce cap est tracé par SA Majesté que Dieu l’assiste pour moderniser le pays tout azimuts, tous les secteurs et sur tout le territoire. Cette ambition royale est exécutée par un gouvernement et par une administration qui voit qu’il y a un appui fort sachant qu’il y des marges de progression… ». Il s’agit de chantiers d’Etat et les gouvernements qui se succèdent sont là pour les exécuter conformément à la vision royale.
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