L’amélioration des investissements directs étrangers (IDE) au Maroc se poursuit, dans le sillage de la reprise amorcée en 2024, témoignant d’une attractivité économique en consolidation.
Cette dynamique, illustrée par un flux net des IDE établi à 14,12 Mds de DH à fin mai 2025, en croissance de 41,7% en glissement annuel, selon l’Office des Changes, reflète la confiance renouvelée des investisseurs envers l’économie nationale et la volonté affirmée de son ouverture à l’international.
Après la reprise significative de 2024, le Royaume confirme sa deuxième place africaine en matière d’attraction des IDE, soutenu par une économie d’agglomération fondée sur des infrastructures modernes, des fournisseurs spécialisés, des compétences qualifiées et des chaînes logistiques intégrées, a souligné l’économiste et spécialiste des politiques publiques, Abdelghani Youmni.
En effet, le Maroc mise sur la qualité de ses équipements structurants compétitifs et la spécialisation technologique, contrairement à d’autres pays comme l’Égypte, qui s’appuient sur des atouts plus traditionnels, tels qu’une main-d’œuvre abondante et à bas coût ou une monnaie dépréciée, a poursuivi Youmni dans une interview accordée à la MAP.
Offrant un avantage comparatif significatif, la place marocaine attire ainsi des investisseurs désireux de bénéficier d’écosystèmes industriels intégrés et performants.
Un positionnement renforcé, mais des défis à surmonter
La stabilité macroéconomique et politique, l’affirmation d’une vision stratégique claire, ainsi que le développement de corridors logistiques multimodaux — maritimes, aériens et routiers — appuyés par une politique publique proactive, constituent autant d’atouts reconnus qui viennent également soutenir cette dynamique positive et consolider l’attractivité du pays.
Autre levier clé de cet essor, la nouvelle Charte de l’investissement renforce l’intérêt des investisseurs pour le Maroc et consolide son positionnement sur la carte des investissements internationaux.
En revanche, le stock des IDE reste relativement faible, à 61,5 milliards de dollars, a fait savoir M. Youmni, notant que cet écart reflète un attrait encore perfectible, notamment au regard de l’impact attendu des IDE sur l’emploi, l’industrialisation et la croissance.
Dans ce sillage, il a expliqué que le Maroc reste confronté à des défis qui limitent l’ancrage durable des IDE et freinent son potentiel, dont un accès limité aux marchés internationaux.
Ces contraintes sont alimentées par un environnement géopolitique incertain et la stagnation économique de partenaires clés comme l’Union européenne, a-t-il enchaîné.
Miser sur les secteurs à forte valeur ajoutée
Dans ce contexte, le spécialiste a estimé que le développement de secteurs à forte valeur ajoutée, notamment les énergies renouvelables, l’automobile, le numérique, l’agrobusiness, la pharmacie et la biotechnologie, constitue un moteur stratégique.
A l’approche de la transition démographique prévue pour 2050, le Maroc est appelé, selon M. Youmni, à affiner son positionnement en s’appuyant sur la montée en compétence de son capital humain et des stratégies sectorielles ciblées, pour attirer des investissements massifs, durables et créateurs de valeur.
Favoriser des synergies régionales pour pérenniser la dynamique
Pérenniser l’amélioration des IDE au Maroc réside dans l’intégration régionale, qui constitue une voie stratégique pour renforcer la position du Royaume et attirer davantage d’investissements productifs à forte valeur ajoutée.
Contrairement aux idées reçues, l’absence de forte concurrence régionale peut freiner la création d’écosystèmes industriels interconnectés, essentiels à l’innovation et à l’attractivité, comme le montrent les exemples asiatiques et d’Europe centrale, a soulevé Youmni.
Fondée sur la théorie des clusters de Porter et celle des chaînes de valeur mondiales de Baldwin, cette approche privilégie les maillons spécialisés dans des réseaux productifs intégrés, a-t-il fait valoir, citant le modèle “Factory Asia”, qui montre comment des pays modestes peuvent attirer des investissements en jouant un rôle central dans l’assemblage et la logistique.
Avec des fondamentaux solides et un positionnement sectoriel en constante évolution, le Maroc est en mesure de franchir un nouveau palier dans l’attraction d’IDE durables et générateurs de richesse.