Sortir prendre un café sur une terrasse ou se balader le soir à la Corniche de Casablanca, pour se remplir les poumons d’air iodé, histoire de se changer les idées. Mais c’est sans compter le triste spectacle dont la côte est devenue la scène glauque. Il ne faut pas être fin observateur pour deviner le petit manège qui se déroule au vu et au su de tous tout au long de la promenade. Les va-et-vient langoureux, les postures aguichantes, les regards insistant, des voitures qui roulent lentement, baissent la vitre, négocient un prix et puis c’est selon ! Une scène d’autant plus choquante que les protagonistes de cette pièce théâtrale révulsante et révoltante à la fois, sont des jeunes filles à peine adolescentes. Elles pratiquent le plus vieux métier du monde, alors qu’à peine ont-elles fleuri. Comme ce fruit qu’on récolte avant saison pour le jeter aussi précocement.
Dans les cafés, notamment au sein de certains établissements hôteliers, on rencontre des proies et des rapaces… des jeunes filles de 14/16 ans attablées avec des hommes âgés, marocains ou étranges, mal à l’aise, le regard fuyant… Et pour cause, ils violent l’innocence de cette enfance. Là, il ne s’agit plus de prostitution juvénile mais de pédophilie. Sous d’autres cieux, ces auteurs seraient punis, dans cette partie de la ville, leur présence est pain béni. Plus personne ne réagit ! Les travailleurs de ces établissements se sont familiarisés avec ces scènes qui ne provoquent plus aucune pitié chez eux. Mais au fait, ce sont les autorités qui doivent veiller à la sécurité de ces enfants quand leurs familles sont aux abonnés absents. Qu’est ce qui empêche les contrôles des pièces d’identité en cas de suspicion ? Rappelez-vous les « rafles », les jeunes des années 70 et 80 n’osaient s’aventurer dehors la nuit et ça a certainement sauvé des vies, des affres de la déperdition. On est presque nostalgique de l’approche purement sécuritaire et répressive, faute de mieux.
Dans les coins de rue, les maquerelles et maquereaux ne se cachent même pas. Ils doivent bien faire marcher les affaires, et des droits de l’enfance, ils n’en ont que faire. Ce n’est plus Ain Diab mais la tanière des loups. L’ambiance est tellement malsaine et le spectacle est si crasseux, que l’air marin devient étouffant et amer. On assiste en témoins impuissants (complices ?) devant ces enfants exploités que la société et la loi sont sensées protéger.