Interviewé par L. Boumahrou I
Pour Omar Yacoubi, président de la Fédération Nationale des Négociants en Céréales et Légumineuses (FNCL), le mécanisme de soutien à la constitution, par les importateurs, d’un stock de blé tendre, mis en place par l’Office National Interprofessionnel des Céréales et des Légumineuses (ONICL) répond à un besoin ponctuel de constituer du stock au Maroc. Il faudra, toutefois, construire un mécanisme plus pérenne pour la constitution du stock de sécurité.
EcoActu.ma : L’ONICL vient d’annoncer la mise en place d’un mécanisme de soutien à la constitution, par les importateurs, d’un stock de blé tendre, et ce par l’octroi, d’une prime de stockage et de la prime forfaitaire à l’importation aux importations de blé tendre éligibles. Quelle appréciation faites-vous de ce mécanisme ?
Omar Yacoubi : C’est un mécanisme connu, déjà mis en œuvre l’année dernière avec un succès mitigé. Il s’agit pour l’Etat de payer des primes de stockage en contrepartie du stockage de blé pour une durée minimale de 3 mois dans le but d’encourager les importateurs/stockeurs à constituer des stocks plus importants de blé.
Les importations éligibles au soutien doivent être réalisées durant la période allant du 1er février au 30 Avril 2024. Cette période est-elle suffisante pour permettre aux importateurs de réaliser les investissements nécessaires ?
Oui, nous sommes en capacité d’importer ces quantités de blé même si cela va représenter des encombrements importants au port et mobiliser la trésorerie des importateurs qui souffrent encore des retards de remboursement de la restitution sur le blé tendre.
Le marché international est-il propice à la constitution du stock national ?
En effet, en ce moment, il y une baisse du prix des céréales sur les marchés mondiaux essentiellement due à une disponibilité accrue des céréales chez les pays exportateurs (Mer Noire, Europe mais aussi Argentine) et à la reprise de la cadence des exportations de la Russie après une période de gel qui a limité les opérations portuaires en Mer Noire.
L’ONICL a fixé la quantité maximale éligible aux soutiens à 10 millions de quintaux de blé tendre. Cette quantité est-elle suffisante pour répondre aux besoins ?
Nous consommons 4,5 millions de quintaux par mois, et les opérateurs détiennent déjà un stock outil d’environ 3 mois. Ce stock viendra se rajouter au stock outil détenu par les opérateurs.
Qu’en est-il de la contrainte du principe instauré par l’ONICL premier venu premier servi ? Cela ne risque-t-il pas de pénaliser certains importateurs ?
Non, les quantités proposées sont suffisantes pour servir les importateurs selon le principe du premier venu, premier servi.
Le Maroc s’apprête à entamer la réforme de la décompensation à partir d’Avril. Comment le secteur se prépare-t-il à cette étape ?
Nous sommes pour la distribution directe des subventions aux familles et laisser les mécanismes de marché réguler les prix et quantités. Il faudra néanmoins veiller à la constitution d’un stock conséquent au Maroc pour parer les éventuelles perturbations d’approvisionnement physique des céréales comme on a pu le voir au moment du Covid, puis lors de la reprise de l’activité post covid et enfin lors de la guerre en Ukraine.
L’instauration de ce mécanisme est-elle liée à cette réforme ?
Ce mécanisme répond à un besoin ponctuel de constituer du stock au Maroc, mais il faudra construire un mécanisme plus pérenne pour la constitution du stock de sécurité.