Rappelons que la guerre à Gaza a débuté le 7 Octobre 2023 par l’attaque du Hamas contre Israël, qui a répliqué par le siège de l’enclave, des bombardements intensifs et des opérations terrestres, ainsi que la limitation de l’entrée de l’aide humanitaire. Cette guerre qui dure depuis 2 ans a causé des pertes humaines considérables du côté palestinien, et la destruction de la quasi-totalité des infrastructures et des immeubles d’habitation de la bande de Gaza.
Pour mettre fin à cette guerre, Donald Trump a proposé le 25 Septembre 2025 un plan de paix en plusieurs points. La première proposition est le cessez-le-feu immédiat si les deux parties l’acceptent, avec la fin des hostilités et le retrait d’Israël à une ligne convenue. La seconde proposition est la libération de tous les otages israéliens vivants ou morts, contre la libération de prisonniers palestiniens. Ces propositions sont conditionnées par le désarmement du Hamas, le démantèlement de ses infrastructures militaires, et pas de participation à la gouvernance de Gaza. Pour l’administration civile du territoire, le plan prévoit une gouvernance technocratique palestinienne sous supervision d’un Conseil de paix présidé par Donald Trump.
Le plan se poursuit par la création d’une Force internationale de stabilisation composée de partenaires arabes et internationaux. Cette Force aura pour rôle d’aider à la sécurité intérieure, de former la police palestinienne, de contrôler les frontières pour empêcher l’entrée d’armes, et d’assurer l’entrée massive des aides humanitaires. L’autre objectif du plan est la reconstruction de la bande de Gaza avec la restauration des infrastructures (routes, eau, électricité, hôpitaux), et le développement économique par la création d’une zone spéciale favorisant l’investissement. Le plan prévoit également la reconstruction des zones détruites, étant précisé qu’aucune personne ne sera obligée de quitter la bande de Gaza. Pour l’avenir de la Palestine, le plan prévoit une voie crédible vers l’autodétermination sous certaines réformes.
Les éléments positifs du Plan de Donald Trump commencent à se concrétiser. C’est ainsi que le 8 Octobre 2025, Israël et le Hamas ont signé la première phase du plan. Elle se traduit par un cessez-le-feu et une première étape de retrait de l’armée israélienne. Ce qui va permettre la libération des otages israéliens : 20 vivants et 28 décédés. De son côté, Israël s’engage à libérer environ 2000 prisonniers palestiniens : 250 condamnés à perpétuité et 1700 Gazaouis arrêtés après le 7 Octobre 2023. L’accord de la première phase prévoit une entrée accélérée d’aide humanitaire à Gaza avec des centaines de camions transportant de la nourriture, du carburant et du matériel médical. Des milliers de Palestiniens déplacés dans le sud de Gaza reviennent vers le nord où ils habitaient auparavant. Le 11 Octobre 2025, sont arrivés en Israël 200 soldats américains pour soutenir la mise en œuvre du cessez-le-feu et superviser la transition, mais sans pénétrer dans Gaza.
Un autre élément positif est le Sommet pour la paix à Gaza qui aura lieu le 13 Octobre 2025 à Charm el-Cheikh, co-présidé par les présidents égyptien Abdel Fattah al-Sissi et américain Donald Trump. Plus de 20 dirigeants participent à ce Sommet dont le Secrétaire général de l’ONU, le Roi de Jordanie, le président turc, le président français, le premier ministre britannique, le chef du gouvernement espagnol, et la présidente du Conseil italien. Le Hamas ne sera pas présent, et sera représenté par les médiateurs du Qatar et de l’Egypte. L’objet de ce Sommet selon la présidence égyptienne est de « mettre fin à la guerre dans la bande de Gaza, renforcer les efforts pour instaurer la paix et la stabilité au Moyen-Orient, et ouvrir une nouvelle page de sécurité et de stabilité régionale ».
Cependant, des obstacles se dressent pour la réalisation de la suite du plan de Donald Trump. L’obstacle majeur est la démilitarisation du Hamas qui n’a pas donné son accord sur ce point. De même, Israël n’a pas accepté pour ce moment le retrait de ses troupes de la bande de Gaza. Le modèle de gouvernance technocratique est perçu par les Palestiniens comme manquant de légitimité démocratique. Le « Conseil de la paix » proposé par le plan de Donald Trump est imprécis : composition, acceptation par les deux parties, capacité à agir efficacement. Les mêmes questions peuvent se poser pour la création de la Force internationale de stabilisation.
La bande de Gaza est dévastée, le plan de reconstruction demandera énormément de financement et de coordination. Certains segments extrémistes du gouvernement israélien peuvent rejeter certaines concessions, et se posent également les relations entre l’Autorité palestinienne et le Hamas. Enfin la réalisation du plan nécessite le soutien massif des pays arabes, et la coopération de l’ensemble de la communauté internationale.
En conclusion, on ne peut que déplorer d’être arrivé en 2025 à une situation aussi inextricable, alors que la solution à deux Etats aurait résolu le conflit israélo-palestinien depuis longtemps. Il faut espérer que le Sommet de Charm el-Cheikh du 13 Octobre 2025 puisse s’atteler aux obstacles déjà signalés, afin de tenter de les lever, et fixer un timing pour chaque phase du plan de Donald Trump. Sans oublier qu’à moyen ou long terme la seule solution est la création d’un Etat palestinien qui est déjà reconnu par 157 Etats sur 193 membres de l’ONU.
Par Jawad KERDOUDI
Président de l’IMRI
(Institut Marocain des Relations Internationales)