D’habitude, le secteur privé se défend bien à la veille de chaque Loi de Finances. Cette année, la CGEM sans chef, navigue à vue et se retrouve dans une situation inédite.
Déjà que le mandat de Salaheddine Mezouar a commencé dans la tourmente qu’il se termine en remous ! Le président de la CGEM, sévèrement et sèchement recadré par le ministère des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l’Étranger, envoie sa démission à tous les membres et adhérents de la confédération patronale un dimanche, un jour chômé !
La CGEM a démarré la semaine dans l’embarras avec la rencontre tenue ce lundi matin avec l’Exécutif qui a présenté le PLF 2020 aux acteurs économiques et sociaux pour recueillir leurs avis et attentes aux différentes questions afin d’affiner certaines des dispositions du PLF avant de le présenter au conseil de gouvernement. C’est finalement Jalal Charaf, fraichement arrivé à la direction générale de la CGEM, remplaçant Fadel Agoumi qui avait également démissionné de son poste au sein de la confédération, qui a pris part à cette réunion.
Avec un président démissionnaire et un vice-président général qui n’a pas été désigné depuis le départ de Faïçal Mekouar, la CGEM se retrouve orpheline dans le débat qui accompagne les discussions sur le PLF 2020.
Bien que la structure soit composée de sept Vice-présidents qui chacun œuvre dans un domaine déterminé, il n’en demeure pas moins que sans leader, elle est quelque peu affaiblie.
Ainsi, le Président du Groupe parlementaire de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) à la Chambre des conseillers, Abdelilah Hifdi, devra composer avec les vice-présidents pour accorder leurs violons concernant les propositions qu’ils devront présenter aussi bien à l’Exécutif qu’ils devront défendre lors des débats sur le PLF 2020.
Et on n’est pas encore sorti de l’auberge car sur le plan procédural, le Conseil d’administration est tenu de convoquer dans les trois mois de la vacance du poste de président, l’Assemblée générale ordinaire afin d’élire un nouveau président. Cette convocation peut se faire à la demande soit d’un tiers des membres du Conseil national de l’entreprise, soit d’un cinquième des membres de la CGEM disposant du droit de vote.
Mais la question est qui pour remplacer Mezouar dans ce contexte particulier ? D’autant que son mandat a été tout de même marqué par un travail soutenu pour la réduction des délais de paiement et pour la réforme du régime fiscal dont la loi cadre ne saurait tarder.
Ce dernier s’est attiré les foudres du ministère des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des MRE suite à ses propos sur la situation intérieure en Algérie qu’il a tenus lors de la World Policy Conference à Marrakech.
Mezouar livre dans premier temps son constat des « forces bien présentes et bien implantées… qui ne s’expriment pas encore… de mouvance islamique… », précisant que c’est le cas en Tunisie, en Algérie… et au Maroc. La pilule ne passe pas puisque cela sonne comme un plaidoyer.
Le passage pour lequel Salaheddine Mezouar s’est fait officiellement remonté les bretelles est bien lorsqu’il livre ses observations sur l’Algérie.
Le fait est que le timing de cette démission ne sert en rien le contexte national marqué par l’avènement d’une nouvelle étape de développement. En effet, le gouvernement remanié a à peine été mis en place et entretient d’étroites relations de collaboration avec le secteur privé, cheville ouvrière du développement économique du pays. Le secteur privé se retrouve sans chef de file et le gouvernement sans interlocuteur ! Ce qui n’est pas non plus pour arranger les choses, nous sommes à la veille de la mise en place de la Commission qui planchera sur le modèle de développement, une nouvelle étape qui a besoin de l’adhésion de toutes les composantes de la société. La CGEM manquera-t-elle à l’appel ou saura-t-elle unifier ses rangs en ces temps troubles ?
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