«L’Europe ne peut pas être une blanchisserie.» C’est en ces termes que la commissaire européenne à la Justice, Vera Jourova, a présenté ce mercredi matin la nouvelle liste noire des pays tiers ne luttant pas suffisamment contre le blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme. Il n’y a pas de sanctions à la clé pour les pays concernés. Cette liste contraint toutefois les banques européennes à effectuer des contrôles renforcés sur les fonds provenant des clients ou des établissements financiers de ces pays.
La nouvelle liste de la Commission comporte désormais 23 pays, contre 16 précédemment. Parmi eux, on trouve toujours l’Iran, l’Irak, le Pakistan, l’Ethiopie et la Corée du Nord. D’autres font leur «entrée». C’est le cas de Panama et surtout de l’Arabie saoudite qui a donné lieu, ces dernières semaines, à des discussions nourries entre la Commission européenne et certains Etats membres s’opposant à son inscription sur la liste. Le Royaume-Uni, l’Allemagne et la France étaient en première ligne. «Ils souhaitent ménager leurs relations commerciales avec Ryad», confie une source européenne. «Nous contestons la méthode de la Commission, réagit un des pays concernés. Non seulement les critères de la Commission sont plus exigeants que ceux du Groupe d’action financière (Gafi), mais son approche est beaucoup plus punitive. En effet, le Gafi laisse du temps au pays pour rectifier ce qui doit l’être, avant de l’inscrire sur sa liste alors que la Commission ne donne pas ce temps.»
En réalité, le Royaume-Uni aurait continué mercredi matin à s’opposer à l’inscription de l’Arabie saoudite sur cette liste, jusqu’à menacer la tenue même de la conférence de presse de Vera Jourova, programmée depuis quelques jours. «Le commissaire britannique à la Sécurité (Julian King, ndlr) a émis des objections dans la matinée», confie une source européenne.
De fait, avec 23 pays, la liste noire de l’UE est bien plus fournie que celle du Gafi qui en compte 11 au total. Mais il est aussi possible d’en sortir en remédiant aux carences observées par la Commission. A l’occasion de la publication de cette nouvelle liste, on constate que cinq pays ou territoires en sont sortis, comme la Guyane, le Laos, la Bosnie-Herzégovine. (Le Figaro.fr).