Sogécapital gestion, du Groupe Société Générale Maroc a publié une nouvelle étude actualisée sur les retombées que pourrait générer la co-organisation de la coupe du Monde 2030 par le Maroc. L’étude dresse l’effort d’investissement à fournir ainsi que les retombées autant sur le financement de l’Etat que sur les secteurs cotés à la Bourse de Casablanca. Les détails.
Le dossier du trio Maroc-Espagne-Portugal a été retenu comme candidature unique pour l’organisation de la Coupe du Monde 2030. En plus de l’euphorie générale d’accueillir un tél évènement, l’organisation d’une Coupe du Monde offre de nombreux avantages pour le pays hôte : visibilité internationale, couverture médiatique, attractivité touristique, stimulus économique…
Selon une étude actualisée de Sogécapital Gestion, le format de la coupe du Monde 2030 présente des nouveautés qui se traduisent par des critères de notation améliorés (disponibilité des stades, hébergements et autres infrastructures, etc.) s’inscrivant autour des principes de notation suivants : Transparence, Participation, Respect des Droits de l’Homme et Développement durable et Objectivité.
La candidature Ibéro-Marocaine présente des avantages significatifs : proximité géographique, infrastructures modernes et efficaces répondant aux critères de la FIFA, ainsi que l’attrait touristique des trois pays hôtes. Cependant, d’autres projets de candidature allaient être présentés : Trio Arabie Saoudite, Égypte et Grèce et le quatuor Argentine, Paraguay, Uruguay, Chili.
Sogécapital Gestion rappelle par ailleurs que la candidature du Maroc en 2018 pour l’organisation de l’édition 2026 prévoyait d’importants développements : construction de grands stades ultra modernes et stades modulaires, rénovation et construction de nouveaux centres d’entrainement ainsi que le développement et la modernisation du réseau des transports et autres infrastructures. Le coût de ces projets a été intégré en partie dans les programmes d’investissement de l’État pour ses budgets annuels.
A côté de ces investissements publics, des partenariats public-privé étaient également prévus, tel que le développement de la capacité hôtelière du Royaume.
Pour l’édition de 2030, l’étude de Sogécapital Gestion a essayé de quantifier l’enveloppe budgétaire que le Royaume devra mobiliser pour faire face à ces investissements, intégrant un certain nombre d’hypothèses, notamment celles relatives à la modernisation des normes de construction, aux effets de l’inflation, et aux attentes plus importantes en terme de budget suite à l’édition de Qatar 2022.
« Il ressort de nos analyses que le solde budgétaire pourrait se détériorer légèrement mais que le financement devrait se faire sans pressions supplémentaires sur les finances publiques. En revanche, nous devrions enregistrer un creusement à court terme du déficit du compte courant en raison de l’augmentation des importations de produits finis et semi-finis. Cette tendance devrait se renverser à moyen long terme grâce notamment à l’augmentation des recettes touristiques », analyse-t-on.
Concernant la Bourse de Casablanca, le bilan de l’organisation de la Coupe du Monde sera largement positif. Les secteurs Bancaire et BTP devaient profiter largement de l’effort d’investissement dans les infrastructures et la capacité hôtelière.
Cet exercice d’« assessment » des impacts de l’organisation de la Coupe du Monde 2030 sur l’économie Marocaine sera enrichi et mis à jour au fur et à mesure des chiffres et publications futurs, affirme la filiale du groupe Société Générale Maroc.
L’impact de la co-organisation de la Coupe du Monde 2030 en chiffres
Sur la base de l’hypothèse du déroulement de 30 matchs au Maroc entre 6 villes, l’étude réalisée par la filiale de Société Générale Maroc, estime que la part du Maroc dans ce budget d’organisation devrait se situer aux alentours de 5 à 6 milliards de dollars (soit entre 50-60 milliards de dirhams), partant de la base que le coût moyen d’organisation d’une CDM se situe entre 15 et 20 Milliards de dollars.
Selon l’étude, le coût de construction et de rénovation des stades est estimé à 17 Mds de DH, dont 6 Mds de DH pour le Grand Stade de Casablanca, 6 Mds de DH pour stades modulaires (Rabat et Marrakech), et pour la rénovation des stades de Marrakech, de Rabat, de Tanger, d’Agadir et de Fès il faut compter 1 Md de DH chacun.
Les coûts relatifs aux centres d’entraînement sont estimés à 8 Mds de DH, notamment pour la rénovation des 61 centres existants et la construction de la moitié des nouveaux centres proposés.
Le transport et les infrastructures devraient mobiliser 17 Mds de DH et porteraient sur le développement du réseau de transport interne des villes hôtes (bus modernes, routes, etc.) et le développement de la voie ferroviaire entre Casablanca et Marrakech.
L’étude relève qu’il faut prévoir 10 Mds de DH comme contribution du Maroc aux coûts d’organisation généraux estimés à 30 Mds de DH.
Comment financer tout cela ? Selon l’étude de Sogécapital gestion, le coût total de construction des stades et centres d’entrainement (de l’ordre de 25 Mds de DH) devrait être supporté intégralement par l’État dans son budget sur l’horizon 2024-2030. Le financement des projets relatifs à l’infrastructure et au réseau de transport, soit 17 Mds de DH devrait être supporté par les SEGMA à travers des crédits bancaires et/ou recours au marché de la dette privée.
Pour les 10 Mds de DH restants, des prêts concessionnels extérieurs et des dons/aides d’autres pays pourraient avoir lieu afin de financer les autres coûts inhérents à l’organisation.
Mesurant l’impact macro du financement de cette organisation, l’étude de Sogécapital gestion souligne que le financement du solde budgétaire devrait se faire sans pressions haussières sur les taux sur l’horizon 2024-2030.
Par contre, concernant le compte courant, il devrait se creuser sur l’horizon 2030 en lien avec l’augmentation des importations de produits finis et semi-finis (aux alentours de 25 Mds de DH, soit 1,5% du PIB).
Par ailleurs, en termes de crédits, la situation est profitable pour le secteur bancaire, à travers le financement de projets de construction et d’infrastructures.
Sur un autre registre, en termes d’impacts sectoriel de la candidature, l’étude évalue principalement quatre secteurs, à savoir le BTP, les banques, le tourisme et les télécoms, largement représentés en bourse
Selon les hypothèses de Sogécapital gestion, une grande partie des 52 Mds de DH du coût d’organisation devrait profiter au secteur des BTP (soit 20 Mds de DH).
40.000 tonnes est la quantité de ciments nécessaire pour la construction d’un stade d’une capacité moyenne de 40 000 places, 300.000 tonnes Est la quantité de ciment nécessaire pour la construction de 100 km d’autoroutes et 10.000 tonnes d’acier sont nécessaires pour la construction d’un stade d’une capacité moyenne de 40 000 places.
Pour sa part, le secteur bancaire va tirer profit de la hausse de l’encours des financements bancaires dédiés aux projets d’infrastructure, de la bonne dynamique des autres secteurs et de l’augmentation de l’utilisation des services bancaires, notamment les opérations de change, retraits, paiements électroniques…
La co-organisation de la Coupe du Monde 2030 aura également un impact pour le secteur du tourisme non seulement par un afflux de touristes avec des recettes touristiques de 120 Mds de DH à prévoir en 2030, mais aussi une amélioration de l’offre hôtelière et une augmentation de la capacité d’accueil de 100.000 lits supplémentaires.
Enfin, pour le secteur télécoms devrait enregistrer une hausse du trafic voix et data, ainsi qu’une amélioration des taux de pénétration au niveau national et Des investissements pour l’extension et l’amélioration des infrastructures réseau du pays ainsi que l’accélération de la mise en place de la 5G.