Depuis le déclenchement du coronavirus, les analystes et les économistes font et refont leurs prévisions mais ils craignent un impact redoutable sur l’économie mondiale si jamais la pandémie n’est pas contenue d’ici peu de temps.
L’importance croissante de la Chine dans les chaînes d’approvisionnement mondiales et sur les marchés de produits de base fait que la contraction de sa production ait des effets sur le monde entier. Ne dit-on pas que quand la Chine éternue, le monde tremble.
D’après l’OCDE, les perspectives de croissance demeurent très incertaines.
En partant de l’hypothèse que le pic épidémique sera atteint en Chine au premier trimestre 2020 et que dans les autres pays, l’épidémie se révélera plus modérée et circonscrite, la croissance mondiale pourrait être inférieure d’environ ½ point de pourcentage cette année au chiffre attendu dans les Perspectives de novembre 2019.
- La croissance annuelle du PIB mondial devrait en conséquence baisser globalement à 2.4 % en 2020, en partant du chiffre déjà faible de 2.9 % enregistré en 2019, et elle pourrait même peut-être être négative au premier trimestre de 2020.
- Les perspectives pour la Chine ont été dégradées significativement, puisque la croissance passera en dessous de la barre de 5 % cette année, avant de se redresser pour dépasser 6 % en 2021 lorsque la production renouera progressivement avec les niveaux attendus avant l’arrivée de l’épidémie.
- Les effets négatifs sur la confiance, les marchés financiers et le secteur des voyages et les perturbations dans les chaînes d’approvisionnement expliquent les révisions à la baisse des prévisions pour 2020 concernant l’ensemble des économies membres du G20, en particulier de celles qui sont étroitement liées à la Chine, comme le Japon, la Corée et l’Australie.
- Sous réserve que les effets de l’épidémie n’augmentent pas au-delà des hypothèses du cas central de ces prévisions, l’impact sur la confiance et les revenus que pourraient avoir des mesures de politique bien ciblées prises dans les économies les plus exposées pourrait favoriser une reprise de la croissance du PIB mondial qui s’établirait à 3 ¼ pour cent en 2021.
- Une épidémie plus durable et plus importante de coronavirus, qui se propagerait à la région Asie-Pacifique, l’Europe et l’Amérique du Nord, assombrirait considérablement l’horizon. Dans cette hypothèse, la croissance mondiale pourrait tomber à 1 ½ pour cent en 2020, la moitié du taux de croissance prévu avant la survenue de l’épidémie.

Source : Rapport provisoire OCDE
Les scénarios élaborés par l’OCDE mettent en exergue l’importance pour les gouvernements de réagir rapidement et énergiquement face au coronavirus.
Ces derniers sont appelés à prendre des mesures efficaces, en mobilisant des moyens suffisants pour prévenir l’infection et la contagion, pour la mitiger et mettre en œuvre des politiques ciblées pour soutenir les systèmes et les personnels de santé et préserver les revenus des groupes sociaux et des entreprises vulnérables pendant l’épidémie.
Les rédacteurs du rapport mettent également l’accent sur la nécessité de mise en place de politiques macroéconomiques de soutien à l’activité pouvant favoriser le rétablissement de la confiance et le redressement de la demande lorsque l’épidémie s’apaisera. Toutefois, elles ne peuvent compenser les perturbations immédiates résultant des fermetures forcées d’entreprises et des restrictions aux déplacements.
Si les risques baissiers se matérialisent et si la croissance doit être beaucoup plus faible pendant une période prolongée, une action coordonnée des gouvernements du G20 et au-delà serait le moyen le plus efficace de restaurer la confiance, en assurant la mise en place de politiques de santé, de mesures de confinement et d’atténuation efficaces, en apportant un soutien aux économies à faible revenu, et en envoyant de manière concertée, un engagement à accroître les dépenses publiques nécessaires.
Les perspectives mondiales en demi-teinte
Les indicateurs disponibles à fin février montrent un repli majeur de l’activité sur le territoire chinois, et il semble que les signes d’un redressement timide observés en fin de mois ne soient pas suffisamment fermes pour empêcher le niveau de production du premier trimestre 2020 d’être en retrait par rapport au quatrième trimestre de 2019.
Les perspectives de croissance sont très incertaines. Les prévisions se fondent sur l’hypothèse selon laquelle l’épidémie atteindra son pic en Chine au premier trimestre de 2020, avec une reprise graduelle tout au long du deuxième trimestre, à la faveur d’un assouplissement notable des politiques macroéconomiques nationales. Alliés à la dégradation des conditions financières mondiales en résultant et à la recrudescence des incertitudes, ces effets devraient peser sur la croissance du PIB mondial au début de l’année, et peut-être la faire glisser en deçà de zéro au premier trimestre de 2020. Même si les effets de COVID-19 se dissipent progressivement tout au long de l’année 2020, conformément à l’hypothèse retenue, les simulations réalisées à titre indicatif laissent penser que la baisse de la croissance mondiale pourrait aller jusqu’à ½ point de pourcentage cette année. En outre, les nouveaux cas de contamination constatés dans d’autres pays sont supposés sporadiques et circonscrits, mais si tel n’était pas le cas, la croissance mondiale serait considérablement plus faible.