Ecrit par Soubha Es-Siari |
Le succès du Fonds stratégique d’investissement dépendra de sa capacité à attirer un nombre important d’investisseurs dans les grands projets structurants. Et c’est toute la question dans un contexte encore marqué par les séquelles de la crise sanitaire qui s’est muée en crise économique des plus profondes.
A l’occasion du rendez-vous annuel de l’assurance, Mohamed Benchaâboun ministre de l’Economie et des Finances n’a pas raté l’occasion pour interpeller les compagnies d’assurance et de réassurance de saisir l’opportunité d’investissement qu’offre le Fonds Mohammed VI d’investissement et les fonds thématiques qui en émanent pour accompagner la dynamique de croissance dans un contexte post-crise.
Il sied de rappeler que ce fonds vise à mobiliser 45 Mds de DH dont 15 Mds de DH provenant de l’Etat comme une intervention publique visant à drainer des financements à long terme en faveur de projets d’infrastructure viables.
L’apport de l’Etat sera donc complété par la mobilisation de ressources auprès des institutionnels et du secteur privé à hauteur de 30 Mds de DH.
Le recours au secteur privé et aux institutions financières telles que les compagnies d’assurance, les caisses de retraites, les banques… s’est imposé comme une alternative à l’endettement public compte tenu de son niveau actuel soit un peu plus de 80% du PIB.
A travers sa contribution au Fonds, l’Etat consent partager le risque avec les investisseurs privés en vue de les encourager à s’impliquer dans de grands projets d’investissement dans le cadre des opérations de partenariat public-privé (PPP).
Son succès dépendra donc de sa capacité à attirer un nombre important d’investisseurs dans les grands projets structurants. Et c’est toute la question dans un contexte encore marqué par les séquelles de la crise sanitaire qui s’est muée en crise économique des plus profondes.
D’ailleurs depuis l’annonce de l’instauration du Fonds stratégique d’investissement, il y a plus de 8 mois, aucune information ne filtre sur une quelconque mobilisation de fonds. C’est le black-out total.
S’attendre à une mobilisation de fonds dans un contexte marqué par une pandémie qui, après plus d’un an, n’a pas encore plié bagages est un pari difficile à réaliser.
En effet, bien que l’économie nationale ait repris des couleurs avec une légère progression de 0,1% au terme du premier trimestre 2021 (HCP), il est tout de même hasardeux de faire des pronostics. Dans un horizon court termiste et plus précisément pour l’année 2021, les pouvoirs publics devraient continuer à soutenir et accompagner les entreprises affectées par la crise et les salariés qui ont perdu leur emploi.
Il importe dans une telle éventualité d’actionner les instruments de politique économique les plus adaptés pour impulser et soutenir correctement le mouvement de reprise.
Les particularités du Fonds
De par l’implication des institutionnels et du secteur privé dans le financement du Fonds stratégique d’investissement, il se distingue des autres fonds existant actuellement comme le Fonds Hassan II pour le développement économique et social, le Fonds Ithmar dédié au financement du secteur touristique, le Fonds Innov…
Ces derniers se basant essentiellement sur le financement de l’Etat ont montré leurs limites. Par contre, l’expérience vécue à l’international a montré la pertinence et l’efficacité d’un tel instrument tel que le Fonds stratégique d’Investissement.
Toutefois la réussite de la mission du Fonds va dépendre de l’évolution de l’épidémie un peu partout dans le monde. Il va dépendre par ailleurs du capital-confiance qu’il inspire auprès des partenaires et particulièrement les investisseurs.
Encore faut-il, contrairement à certains fonds, qu’il soit soumis à un système de gouvernance transparent et mieux orienter ses dépenses. Autrement dit, les décisions d’investissement et la sélection des partenaires doivent prévaloir pour éviter les dérapages et les investissements foireux qui sont malheureusement innombrables dans notre économie.
Enfin, pour garantir sa pérennité, le Fonds doit veiller à mobiliser ses propres ressources financières et élargir ses capacités de mobilisation de fonds auprès des partenaires. Comment ? Tout simplement en soignant son attractivité.
Lire également : La relance de l’investissement a besoin de plus qu’un Fonds stratégique