En marge de sa participation au Cyfy Africa 2019 José Luis Rodríguez Zapatero, ancien Président du gouvernement Espagnol, a précisé à EcoActu.ma que la révolution technologique va changer l’échiquier mondial sur tous les plans sécuritaire, économique, géopolitique, social…
EcoActu.ma : Tanger abrite la 2ème édition du congrès de la technologie et de l’innovation, CyFy Africa 2019. Un mot sur cet événement et sur la révolution digitale que vit le monde en continu ?
José Luis Rodríguez Zapatero : Je tiens à féliciter la ville de Tanger pour l’organisation de cette grand-messe de la technologie qui a été abordée sous plusieurs ongles : économique, sécuritaire, éthique, droits individuels…
Il y a deux choses qui me paraissent essentielles pour réussir la révolution digitale. Premièrement, il faut qu’elle soit une révolution digitale inclusive. Malheureusement, aujourd’hui la moitié de l’humanité n’est toujours pas connectée à l’internet. Nul n’est sans savoir que pour vivre sereinement et dignement sur le plan sanitaire, économique, de l’éducation, la formation… il faut être connecté.
Deuxièmement, pour plus de sécurité, pour l’éradication de la violence, pour la paix, pour le dialogue interculturel…, les nouvelles technologies peuvent constituer une grande proximité. A ce titre, les gouvernements et les compagnies technologiques doivent également combattre l’utilisation des réseaux sociaux pour des fins de haine ou d’incitation à la violence. Les réseaux sociaux doivent devenir des plateformes de paix, du développement et du dialogue.
Vous avez souligné dans votre intervention que l’impact de la révolution technologique sur les pouvoirs politique et militaire de chaque état, les relations internationales entre les nations ainsi que sur la géopolitique. Quel risque encoure le continent africain en accusant un retard dans sa transformation numérique ?
Sans doute l’impact est décisif. L’expansion digitale va marquer les conditions de développement et la croissance du monde dans le futur. Il est vrai que contrairement à d’autres étapes historiques, le développement économique peut se faire plus rapidement grâce à la révolution digitale. Mais pas seulement, en termes d’opportunités elle est plus performante que d’autres processus de développement notamment les infrastructures ou l’énergie qui sont beaucoup plus coûteuses. L’exemple le plus parlant de la force de la révolution technologique est celui de la Chine qui a multiplié son PIB par 80 en seulement 40 ans.
Vous avez lancé un défi aux grandes compagnies technologiques en marge de cette conférence. Pourriez-vous nous en parler davantage ?
J’ai lancé un défi aux compagnies technologiques les appelant à acheminer la connectivité à tous les coins de la planète dans les 10 prochaines années. Cela permettrait d’éviter ce qui s’est passé avec les armés qui sont passées des armés publiques à privées. Nous ne pouvons pas vivre une nouvelle révolution technologique (la 4ème) avec comme résultat un monde injuste fruit des révolutions précédentes notamment celle industrielle.
Comment l’Europe et l’Afrique d’une manière générale et le Maroc et l’Espagne peuvent-ils collaborer pour éviter un tel scénario ?
L’Union africaine et l’Union Européenne doivent travailler ensemble pour rendre les choses plus difficiles aux compagnies technologiques. Les deux continents peuvent faire histoire dans ce domaine.