Écrit par Imane Bouhrara I

La stratégie 2025-2029 de l’Office des Changes tend à positionner l’Office comme une institution au service du développement économique du Maroc et de la préservation des équilibres extérieurs. Une vision qui repose sur 6 piliers stratégiques, présentée par le DG de l’OC, Driss Benchikh devant les membres de la CGEM. Les détails.

La Confédération Générale des Entreprises du Maroc (CGEM) a reçu, le mercredi 2 juillet 2025, Driss Benchikh, directeur de l’Office des Changes pour une rencontre consacrée à la présentation de la nouvelle stratégie de l’Office à l’horizon 2029. Présidée par Chakib Alj, Président de la CGEM, et Driss Benchikh, Directeur de l’Office des Changes, cette rencontre a été l’occasion d’exposer les orientations stratégiques que l’Office des Changes déploiera dans les cinq prochaines années.

D’emblée, le président de la CGEM a souligné que le corridor mis en place dans le cadre de la convention de partenariat signée par la CGEM et l’Office des changes en novembre dernier est pleinement opérationnel.

Il a d’ailleurs encouragé les entreprises à utiliser ce cadre d’échange et de coopération dans les domaines d’intérêt commun.

Bien qu’il ait souligné l’impact positif des différentes mesures d’assouplissement opérées ces derniers mois par l’Office, Chakib Alj a formulé le souhait de l’adoption d’un cadre juridique modernisé transparent et adapté aux réalités de l’entreprise et du Maroc, tout en rappelant le rôle central de l’office à cet effet.

« L’internationalisation est un processus exigeant et nécessite des ressources et de la rigueur et exige un cadre réglementaire souple pour l’accompagner. Un cadre qui précise sans équivoque les droits et les obligations, présente les procédures de contrôle de recours, encadre les sanctions de manière graduée et distingue clairement les erreurs formelles des tentatives de fraude. Notre objectif commun est de faciliter les opérations courantes, fluidifier les circuits tout en assurant un contrôle adapté et proportionnel », explique-t-il en introduisant l’invité de la CGEM et en soulignant cette rencontre d’échange.

Driss Benchikh, Directeur général de l’Office des changes a rebondi dans ce sens en rappelant que la stratégie 2025-2029 de l’Office est le fruit d’un processus de concertation à travers des réunions avec l’ensemble des intervenants et une trentaine de réunions internes des équipes de l’Office.

Il a d’ailleurs annoncé que l’Office est dans la phase finale de l’adoption de l’IGOC 2026, mais reste ouvert aux propositions.

L’Office des changes veille au grain

Avant de décliner la stratégie 2025-2029, Driss Benchikh a énoncé certaines données macroéconomiques et le périmètre d’intervention de l’office pour prendre la pleine mesure du travail quotidien des équipes de l’OC.

« Les avoirs extérieurs de réserves, un record, ont franchi le cap de 400 Mds de DH et ont presque doublé en 10 ans. C’est l’illustration de l’impact de toutes les politiques publiques menées sous la conduite éclairée de SM le Roi », explique-t-il.

L’importation, qui représente la 1^e dépense en devises du pays, s’est établie à 761 Mds de DH en 2024 d’où un déficit commercial important. A noter que 45% du total concernent l’importation des bien d’équipement et demi produits témoignent d’une grande dynamique d’investissement dans l’industrie, ce qui aura certainement un impact sur les prochaines années.

Pour leur part, les IDE atteignent 43,8 Mds de DH en 2024 s’inscrivant dans une une dynamique positive (26 Mds de DH en 2020). Concernant les IDME, et depuis que l’investissement à l’étranger est dans la limite de 30 MDH pour les personnes morales ayant au moins trois années d’activités a été rendu possible à partir de 2007, ils ont dépassé 27 Mds de DH en 2024, contre 7,4 Mds de DH en 2015. D. Benchikh relève d’ailleurs, un retour important des dividendes au bout de quelques années qui sert à alimenter la balance en devises.

Les recettes voyages connaissent une dynamique importante soit  112,5 Mds de DH en 2024, presque le double comparativement à 2015. Et une recette nette en devises, celle des recettes MRE, qui totalise 119 Mds de DH en 2024 contre 60 Mds de DH en 2014.

Au-delà des chiffres, la raison d’être de l’OC est de contribuer à la préservation des équilibres extérieurs du Maroc. Cette mission passe par l’effectivité des opérations de changes, à travers la conformité des flux et la constitution des avoirs officiels de réserves.

Par périmètre de travail, l’Office est amené chaque année à contrôler : exemple de 2024, sur 761 Mds de DH d’importation, c’est 1.534.059 demande unique de marchandise (DUM), l’équivalent de 32.000 importateurs.

Et sur les 456 Mds de DH d’exportation ce sont quelque 1.058.874 DUM à traiter soit entre 6.500 et 7.000 exportateurs

C’est la raison pour laquelle l’OC a investi dans le système d’information et la base de données. Le but étant de superviser ces montants tout en collectant la data et en opérant le suivi de ces opérations.

L’OC supervise le change de devises sur 2101 points de changes (à savoir 738 sociétés de change de devises, 960 agences propres et mandataires des établissements de paiement, et 403 établissements sous délégataires), pour 90 Mds de DH chaque année.

L’OC est de ce fait, un acteur clé de la stabilité macroéconomique du Maroc à travers à la fois, la production des statistiques des échanges extérieurs indicateurs clé, l’élaboration de la réglementation des changes et le contrôle des opérations de change, ainsi que l’octroi des agréments et de contrôle des opérations de change.

Stratégie 2025-2029 : l’OC prône le développement économique du Maroc et la préservation des équilibres extérieurs

A travers sa nouvelle stratégie, la vision de l’Office des changes est de se positionner comme une institution au service du développement économique du Maroc et de la préservation des équilibres extérieurs. Cela repose sur 6 piliers stratégiques, présentés par le DG à l’assistance.

Cette nouvelle stratégie repose sur l’innovation réglementaire, l’amélioration de l’expérience des usagers, le déploiement d’un contrôle intelligent fondé sur une évaluation ciblée des risques, et l’accélération de la transformation numérique au service de l’efficacité économique. Ces orientations visent à renforcer la compétitivité des opérateurs économiques tout en contribuant à la préservation des équilibres extérieurs du pays.

Cela passe par un premier pilier d’assouplissement réglementaire puisque l’Office projette d’ici à quelques années de lancer un projet de facilitation, de simplification de la réglementation des changes. A commencer par une refonte sur le fonds et la forme de l’IGOC et la formation de l’écosystème aux évolutions réglementaires. Aussi, l’Office des changes prévoit-il de mettre à jour le dispositif ex-MRE.

De même pour accompagner la réforme du régime de change, Driss Benchikh annonce de nouvelles facilités d’accès aux instruments de couverture, ainsi qu’un vaste programme de formation.

Aussi, l’office travaille à renforcer le système de veille réglementaire pour le suivi des dossiers comme la Fintech et la crypto monnaie.

Le deuxième axe de la nouvelle stratégie est relatif au contrôle des opérations de change, avec l’introduction pour la première fois de l’Intelligence artificielle de sorte à développer un contrôle intelligent des flux financiers basé sur une cartographie des risques pour une confiance durable et une économie résiliente.

L’IA est également mise au service des opérateurs pour répondre à toutes les demandes des opérateurs.

Pour ce qui relève du change de devise, l’Office travaille sur une solution unique qui sera dévoilée en octobre ou novembre prochain et qui assure une supervision directe et en temps réelle de la vente et l’achat de devises et qui intègre le module de lutte contre le blanchiment de capitaux et financement du terrorisme, explique Driss Benchikh, permettant aux bureaux de change et aux EP de faire instantanément un contrôle et rejeter toutes opérations non conformes. La solution sera alimentée par les listes onusiennes et c’est une solution qui permet au Maroc de gagner en termes de conformité vis-à-vis du GAFI, précise-t-il.

Il a annoncé le projet de la mise à jour de la charte de contentieux et de contrôle qui sera partagée avec le patronat pour échanger dessus, et qui intégrera les droits et obligations en toute transparence.

Dans le pipe, la révision du barème des montants transactionnels des amendes, Driss Benchikh assurant que l’OC distingue entre les infractions de formes et de fonds, avec une dématérialisation du règlement des amendes.  

Le troisième axe de la stratégie 2025-2029 de l’Office des Changes est inhérente à l’apport des statistiques des échanges extérieurs et l’analyse des données.

Ainsi, l’Office travaille à l’optimisation des chaînes de production statistique, notamment le renforcement de la qualité des enquêtes statistiques, la refonte du système de télé-déclaration et de l’automatisation des échanges bancaires et aussi, l’amélioration continue des infrastructures de collectes- et de traitement statistique.

Le 4^e axe de la stratégie revêt une importance particulière puisqu’il s’agit de la relation avec les usagers. Dans ce sens, l’Office des changes opérera sur deux fronts : celui de la qualité du service et la proximité des usagers, avec une plate-forme unique de rendez-vous et un guichet dédié aux MRE (avec à la clé une optimisation des délais de traitement et généralisation des dépôts en ligne à hauteur de 90% en 2029) et celui de la communication évidemment.

Dans ce sillage, l’Office tend à déployer des dispositifs de communication digitale multicanaux adaptés aux différents usagers.

Bien évidemment la digitalisation est bien présente dans cette stratégie au titre du 5^e axe avec trois objectifs :  mettre en place un cadre de gouvernance de la donnée, une première, renforcer la stratégie digitale et renforcer la sécurité et la résilience SI.

Le dernier axe concerne la mise en place des conditions optimales et de motivation pour les équipes de l’Office des changes pour la mise en œuvre efficiente de ce plan stratégique.

Pour conclure, Driss Benchikh insiste sur le fait que pour les 5 prochaines années, l’Office se positionne comme une institution au service du développement économique et la préservation des équilibres macroéconomiques. Un opérateur qui contribue à l’amélioration du climat des affaires en simplifiant les procédures, notamment pour les investisseurs étrangers, en somme un organisme régulateur mais accompagnateur à la fois.