Ecrit par S. Es-Siari |
L’agence S&P Ratings s’est penchée dans un récent rapport publié le 7 septembre sur la situation économique dans les six pays de la région MENA-6 (Egypte, Maroc, Qatar, Arabie saoudite, Tunisie, Emirats Arabes Unis ) souffrant encore des effets de la pandémie qui jusqu’à présent n’a pas plié bagages.
Le dénominateur commun de ces pays de la région est leur dépendance des exportations d’énergie, des recettes liées au tourisme… Le rapport souligne à cet effet que bien que le MENA-6 n’ait pas vu de contraction plus importante que ses pairs mondiaux, le déficit de la croissance était de 5,9% contre 6,7% pour le monde et 5,3% pour l’ensemble de la région MENA.
« La croissance régionale a amorcé un rebond au troisième trimestre 2021 après une forte contraction au premier semestre 2020. Cependant, ce qui semblait être une trajectoire de reprise rapide a été contrecarré par les vagues de virus subséquentes « , souligne la même source.
Le rebond des prix du pétrole à plus de 10 % au-dessus de la moyenne du quatrième trimestre de 2019 a contribué à la reprise, mais les industries qui touchent les gens comme les voyages et le tourisme restent atones. Notamment, les secteurs de services sensibles tels que l’hébergement et les services de restauration, les transports et les divertissements sont toujours en difficulté.
Chiffres à l’appui, le secteur de l’hôtellerie et les restaurants étaient de 26% inférieurs aux niveaux pré pandémiques en Égypte au premier trimestre 2021, 57% inférieurs au Maroc, 44 % moins en Tunisie et 19 % moins au Qatar.
A noter qu’au cours de la dernière décennie, la croissance des dépenses des services (secteurs privé et public combinés) dans les 6 pays a eu tendance à être un moteur important de croissance des revenus dans la région. C’est pour dire qu’il est important que les effets de la pandémie s’estompent pour que les économies en question retrouvent leur rythme normal de croissance d’avant la pandémie.
La vaccination à deux vitesses
Or malheureusement, les campagnes de vaccination sont inégales dans la région.
Parmi les MENA-6, les économies à revenu élevé Qatar, l’Arabie saoudite et les Émirats Arabes Unis sont en avance sur les taux de vaccination ( 70 % à 80 % de la population vaccinée), tandis que les économies à revenu intermédiaire de la tranche inférieure Égypte, le Maroc et la Tunisie restent bien loin.

Source : S&P Rating
Sur un autre registre, l’agence affirme, entre autres, que la plupart des banques de la région MENA sont restées résilientes malgré le choc économique de la pandémie. Elle prévoit que les pertes liées au risque du crédit culmineront dans la majeure partie de la région en 2021 et tendront progressivement vers les valeurs moyennes de l’avant pandémie, à partir de 2022.
Cependant, S&P estime que les créances non performants (NPL) persisteront dans certains pays en raison de facteurs structurels. Elle anticipe, en somme, une reprise économique lente en raison de la dépendance accrue du tourisme en Égypte et au Maroc et l’intensification des troubles politiques en Tunisie. La performance des banques du CCG devrait s’améliorer car la hausse des prix du pétrole depuis l’année dernière soutient les économies de cette zone, martèle l’agence.
Les six économies de la région MENA devraient selon S&P Rating augmenter de 2,5% cette année, suivie d’une tendance légèrement supérieure 3,2 % en moyenne au cours des trois années suivantes. La récolte exceptionnelle, le redressement des prix des matières premières depuis le début de l’année a été meilleur que prévu pour le Maroc et les trois Pays du Moyen-Orient, respectivement, mais la pandémie plane sur ces pays et l’ensemble de la région.