Pour le DG par intérim de l’ANAM, Naoufel El Malhouf, tous les médicaments figurants sur le GMR doivent être remboursés par les Organismes Gestionnaires, y compris les biosimilaires.
L’annonce de la fabrication des biosimilaires anti-cancéreux au Maroc par Sothema, 30% moins chers que le princeps, avait suscité un certain soulagement auprès des malades atteints de cancer. Toutefois, comme dit l’adage, il ne faut jamais crier victoire trop vite. En effet, les biosimilaires fabriqués au Maroc ne sont toujours pas remboursables par certaines mutuelles comme l’avait dénoncé l’Association Ensemble Contre le Lymphome, dans un communiqué.
Et pourtant, ces médicaments figurent bel et bien dans la liste des médicaments remboursables, publiée dans le Bulletin Officiel en 2018 et annoncés sur le site de l’ANAM (L’Agence nationale de l’assurance maladie).
« Il y a deux problèmes. Le premier concerne le Rituximab, qui dispose d’un bio-similaire fabriqué localement et qui coûte 30% moins cher que le princeps. Malheureusement, certains organismes de prise en charge, notamment la CNOPS, n’ont toujours pas envoyé le code aux cliniques pour qu’elles soient remboursées sur ce médicament », nous a expliqué Pr. Lhoussine Mahlal, au CHU de Marrakech et Conseiller scientifique de l’Association Ensemble Contre le Lymphome. Autrement dit, les patients se retrouvent dos au mur obligés de payer cette différence de 30% qui n’est pas justifiable.
Sans parler de l’augmentation des importations de médicaments qui font creuser davantage le déficit commercial du pays. A titre informatif, à fin mars 2018, le Maroc a importé à hauteur de 1,38 Md de DH de médicaments, d’après les derniers chiffres de l’Office des changes. Le manque à gagner pour le malade mais aussi pour notre économie est donc énorme.
Pour en savoir davantage sur les raisons de ce blocage, Ecoactu.ma a contacté le régulateur. «Comme vous le savez, l’ANAM a pour principale mission la régulation de l’Assurance Maladie Obligatoire. Cette mission se traduit par la mise en place d’une batterie d’outils de régulation dont principalement le guide des médicaments remboursables (GMR). De ce fait, tous les médicaments figurants sur le GMR doivent être remboursés par les Organismes Gestionnaires (OG), y compris les bio-similaires », précise Dr. Naoufel El Malhouf, Directeur général par intérim de l’Agence nationale de l’assurance maladie (ANAM).
Et d’ajouter que « effectivement, il se peut qu’il ait un retard de remboursement mais je tiens ici à souligner que les assurés ne seront guère lésés du moment où le remboursement se fait à partir de la date d’intégration de ces médicaments au niveau du GMR. Ceci-dit, la date d’envoi de la version du GMR aux OG est la date d’effet du remboursement ».
Sauf qu’entre temps, les médicaments facturés par les cliniques sont ceux du princeps. A noter que ce problème ne se pose pas au niveau de la CNSS qui a entamé le remboursement sur la base du prix du biosimilaire et par conséquent les médecins le prescrivent aux assurés de la Caisse.
Quid de la prise en charge ?
Pour se faire soigner, les personnes atteintes de cancer ne font pas uniquement face à une différence de prix mais à d’autres contraintes financières plus graves. « Autre problème et pas des moindres, est celui des médicaments onéreux (environ 50.000 DH/mois). Il s’agit, entre autres, du Velcade et du Revlimid, qui sont certes remboursés mais que le malade doit acheter lui-même. Les cliniques ne sont donc pas autorisées à procurer ces médicaments aux patients en attendant le remboursement comme c’est le cas du Rituximab. Les malades doivent ainsi se procurer un traitement de 3 mois soit 150.000 DH et attendre le remboursement. Or, nous savons que tous les malades n’ont pas les moyens pour se procurer ce traitement. Du coup, certes ces médicaments sont remboursables mais ils ne sont pas accessibles à tous les malades », martèle Pr. Lhoussine Mahlal. Malheureusement, ces médicaments ne sont pas encore concernés par la convention tiers payant signée le 15 mars 2016 entre, d’un côté, la CNSS et la CNOPS, et l’Ordre national des pharmaciens de l’autre côté.
Cela dit, il est impératif de répondre au plus vite aux doléances des personnes atteintes de cancer dont le nombre ne cesse d’augmenter, avec 40.000 nouveaux cas déclarés chaque année.
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